dimanche 31 décembre 2006

Sous mon beau (sa)pin maritime, roi des forêts...

Le Père Noël étant passé chez la nymphe, il a ensuite pris un peu de son temps pour érrer son beau trainant dans ces cieux étoilés et bleutés. Malgré les turbulences, il a pu finalement y faire attérir son fringuant équipage de rennes et avec l'assistance de petits lutins futés chatouiller les nombreuses plantes des pieds des Saintville-Jamet.
-Epaulée d'un petit bonhomme vert à la livrée jaune et bleue aux couleurs de la Grande Récrée, ma princesse préférée (ma nièce^^), Bethsabée Ière a ouvert les portes de son écurie royale à Tawny, un étalon élégant à la longue crinière blanche "qui caracole de manière si performante qu'elle en est inquiétante, on dirait un robot du XXIIIe siècle. Il ou elle hennit tous les trois pas, porte toutes sortes de Barbies et tire même un char d'apparat où siègent une mariée Jasmine borgne (l'autre oeil a disparu avec du dissolvant) et un homme qui doit être le prince deBlanche-Neige mais qui est nu comme un ver! "^___^ dixit Laurence. Et pour qu'elle suive au plus vite les traces de son grand-père, et rédiger en tandem le futur prix Albert Londres, des petits carnets et un stylo.
-Pour ne pas attraper froid lors de ces virées équestres, ma mère et moi avons offert à ma soeur une écharpe rouge à pompoms, DJ lui a remis un livre sur les nuages et un p'tit rectangle à apporter au Crédit Lyonnais :)
-A mon Papa, qui maîtrise de mieux en mieux la technologie informatique, le Père Noël a confié la première saison de Rome, histoire de baptiser son lecteur DVD sur son portable, qu'il puisse réécrire tous les dialogues en latin et que l'amateur de péplum qu'il est ait l'occasion de commenter à souhait cette mise en scène de l'Antiquité^^. Mais si Bill Gates l'abandonne en rase campagne, il peut compter avec une série de petits carnets de note.
-A sa compagne, Marie-Madeleine, une broche qui reproduit le calendrier aztèque.
-A ma tante une bouillote imitation fourure en homage au froid qui règne au 13ème étage de sa tour balayée par les vents(et le lendemain de la part de Papy et maman une orchidée)
-A ma cousine désormais londonienne mais extraordinairement parisienne, une coallition du 87 quai de la gare a remis un roman indien, une agathe en pendentif et l'album de caricatures du New-Yorker.
-A sa soeur mauricienne, un colis à remplir d'ici janvier
-M'an s'est vue confier un transistor, le DVD de Logaan, il était une fois en Inde (son Bollywood de prédilection, 4h au compteur!) et l'intégrale de la saison 2 de Desesperate Housewives très mauvais plan car ma cousine et elle sont trèèèèès fans et en 48h la moitié de la saison fut atteinte au terme d'un marathon qui m'a même laissée sur mes genoux!
-Brave Papy a eu le droit au cadeau collectif familial :un Nokia flambant neuf et ergonomique.
-L'explorateur irlandais se détendra entre, deux prix Nobel de programmation, les neurones en suivant la première année d'internat de Meredith, Izzie et leurs compères de Grey's Anatomy.
- Des photographies, Luis Sepulveda accompagné de Vermeer et sa jeune fille à la perle découvrent l'Europe des 25 et des régions.
-'Topain de la rue Saint-Guillaume et des soirées Colonales se déride les zygomatiques (I hope) au spectacle de la drague irresistible de Hugh Grant dans Quatre Mariages et un enterrement et philosophe au son de la douce voix de Marylin Manson (lors d'une ancienne visite, le best-of avait piqué sa curiosité alors en bonne prosélyte que je suis^^, je ne refuse aucune conversion)...
Quant à mon Père Noël, il a eu l'esprit pratique cette année et renouvelé le matériel:
-Nouveau casque pour être silencieuse mais mélomane lorsque je tape ce message à deux heures du mat' et des écouteurs tous frais pour mon baladeur de ma voisine de chambrée qui a enquêté pour un.
-...sac en cuir (dans l'espoir qu'il tienne plus longtemps) avec pochette cahier de reportage pour succéder à ma sacoche en tissu écorchée.
-Le disque de la tournée Avant que l'ombre de Mimi Farmer où nous sommes allées ensemble.
-Renouvellement collectif Noël/Anniversaire de ma garde robe par toute la parentèle, des Saintville à la rue Taine (père, mère, tante, oncle et cousines) pour que je sois présentable lors de mes futurs entretiens d'embauche : trousse de toilette sans trou, pantalon tailleur noir, chemisier blanc, un T-Shirt à rayures marron accordé à une jupe et gilet de la même couleur bien chaud et un pull bleu pétrole pour mettre fin à des rhumes à répétition. Obligation de résultats now^^;;
-Un p'tit bout de papier de la part de Papy que je garde pour les dépenses asiatiques.
-Des chocolats délicieux (M'an est sous le charme aussi) dans une boîte à l'ancienne de celui qui a survécu à Sciences-Po master affaires publiques.
-Jane Austen made in India des rivages de la Manche (y'a pas Colin F. mais Naveen Andrews y promène ses chaussons donc point de drame^^) et un calendrier equestre et la crème de la crème de la littérature irlandaise en direct des Ardennes.
-Isabelle, Fathi et Léonore la Britannique au Réveillon du 24, unexpected but fantastic ^__^

mardi 26 décembre 2006

Noël version U2 : a beautiful "window in the skies" (MAJ 7/02)

Les temps où je passais ma verte jeunesse devant MTV (et Maman Télé (c) D.Jamet en compagnie de M. Bime (c)D.S) en complète fascination sont depuis longtemps révolus et je n'ai plus guère les moyens de me tenir informer des derniers clips qui font mouche comme le firent à leur époque les oeuvres de Mylène Farmer - Libertine, Pourvu Qu'elles soient douces ou Désenchantée sont des oeuvres d'art- Bachelorette et Army of Me de Björk, Frozen, Like A Prayer et the Power of Goodbye (avec l'apparation du Dr Luka kovac de Urgences *________*)de Madonna.

Aujourd'hui fut pourtant une exemption...car nos stars futées investissent avec un enthousiasme marketing efficace youtube et autre dailymotion. Et comme chez les disquaires ceux qui mênent la danse et le top 50 des vidéos les plus consultées sont U2 ^________^



Window in the skies est peut-être une mélopée mineure des Dublinois comme le poétique mais que j'adore Electrical Storm du précédent Best-Of mais sa vidéo est très émouvante (revoir les Grands comme Elvis ou Cash, aah la fébrilité concertique de nos parents) et bien montée! J'aime beaucoup comment on a essayé de coller les sons/paroles aux mouvements de bouche des chanteurs présents dans le clip.

Outre Björk qui fait l'ouverture (une demoiselle toulousaine appréciera^^), on apperçoit l'épaule et le violon de Sharon des Corrs à 1min 52/53. Si jamais vous épiez les autres frère et soeurs de Dundalk, c'est que j'ai définitivement une vue qui baisse!^^


Edit: Fait rare dans l'industrie musicale de nos jours, un deuxième clip pour cette chanson a été réalisé (le seul cas récent dont je me souviens sont les deux vidéos de Runaway des Corrs). Question qualité et inspiration, rien à redire, comme la précédente, tout est parfait et on reste dans la mise en scène de (photos)d'archives! U2 absolutely rocks!

dimanche 24 décembre 2006

Christmas actually

"Hiya kids. Here is an important message from your Uncle Bill. Don't buy drugs. Become a pop star, and they give you them for free. "


Sur cette image doublement de circonstances car je ne peut être que d'accord avec 'Ry, il est temps de rendre hommage à ce grand morceau de bravoure qu'est Love Actually qui met des bulles de joie et de champagne dans votre coeur...C'est du soleil et de la tendresse dans votre DVD avec le gratin de la scène anglaise.
Joyeux Noël à tous et Happy Birthday à Spica :). Je ne pourrais être aussi élogieuse que Marie mais les sentiments et éloges sont partagés. J'espère que cette année plus libre pour moi nous donnera l'occasion de nous croiser plus souvent à Paris car mon petit cerveau est un grand fan de tes discussions toujours stimulantes et chatouillantes souvent à rebrousse-poils et c'est bien agréable. Et puis, je sais que grâce à toi, futur Sartre ou Socrate (je te laisse le choix de la préférence!) un jour j'apprécierais et comprendrais la philosophie ^_______^, cro hâte j'ai de te voir dans une chaire de la Sorbonne!
Et comme vous avez été des enfants sages, un petit cadeau anticipé en attendant ce soir :) Enjoy ^^

mercredi 13 décembre 2006

Memento

"It's time to say goodbye
Block out the sun and pack up the sky"

Françoise Saintville 1919-2006

jeudi 30 novembre 2006

La guerre de Troie n'aura pas lieu

Hector et Hélène


La guerre de Troie n'aura pas lieu est la pièce du répertoire français, dont le titre sur le banc du lycée m'a fait le plus fantasmer.

Quelle audace de Giraudoux d'oser défier Homère et les légendes de l'histoire par cette simple négation, comme si quelque part il était possible dans un monde parallèle d'éffacer les pages les plus sanglantes de l'humanité...


Cassandre et Hécube

Cependant malgré mon admiration pour ce texte, cette critique sera raccourcie par la force des choses. A l'heure où j'écris ces mots, cela fait plus de trois mois que mes pieds m'ont portée sur les siège du théâtre Silvia Montfort dans le XIVème. Tant d'événements se sont produits accaparant ma mémoire d'autres souvenirs et ce drame, hélas, a été une présenté pour la dernière fois le 14 janvier.
Un retard de ma part, d'autant plus regrettable que cela fait un peu près vingt ans que cette oeuvre n'a pas été montée à Paris. une longue absence qui valait le coup. La guerre de Troie n'aura pas lieu est un de mes meilleurs moments scéniques de l'année
Le mérite en revient à une distribution large mais excellente de bout en bout. Brillent avec éclat l'inquiet et désabusé Hector, Cassandre ignorée de tout le monde et Hélène, qui suscite tant de passion sans que pour autant son coeur à elle soit mû par de telles émotions. Non, Hélène est une victime comme les autres, une ancêtre des Desesperate Housewives, qui languit d'un romantisme insatisfait, "Comme vous auriez préféré que cette guerre se fasse par amour!" s'exclame-t-elle.

Hector: Vous n'aimez pas Pâris, Hélène. Vous aimez les hommes !
Hélène : Je ne les déteste pas. C'est agréable de les frotter contre soi comme de grands savons. On en est toute pure...
Au fond qu'importe Paris pourvu qu'il soit pretexte à sa fuite.

La mise en scène est le joyaux de ces deux heures trentes de théâtre. La gigantesque scène de Silvia Montfort est mise à profit ainsi que les gradins d'où débarquent marins tonitruant des chants d'amour à la belle Grecque et soldats de retour. Sur fond d'ombres de temples grecs se dressent un salon et son gramophone. A gauche, les portes de Troie, fermées par temps de paix et ouvertes à tout vent lors d'époques plus bélliqueuses sont symbolisées par une maquette.
Hector et la malheureuse Andromaque Surtout Nicolas Briançon apris le partie d'appliquer à la lettre le livret du maître. Giraudoux avait écrit ce face à face entre partisans de la guerre et pacifistes , à l'ombre de la montée du nazisme en 1935. Et bien Briançon revêt Ulysse d'un uniforme ressemblant étrangement à celui du IIIème Reich, képi, galons et cape. Les femmes se promènent dans des robes années 30 tandis que les couples dansent au son déraillé du gramophone et de son mélancolique jazz.
Hector goûte au repos du guerrier dans les bras d'Andromaque.
Que de frissons nous parcourrent quand le poête troyen monte sur l'estrade et éructe au micro comme un certain Adolph H. A sa suite s'enchaîne une des meilleures scènes de ce drame : Eris expliquant à un Hector et Ulysse qui se cherchent toutes les excuses du monde pour ne pas entrer en conflit que Vénus interdit de rendre Hélène sinon ce sera la guerre, qu'Athéna ordonne la restitution sinon c'est la guerre, que Zeus accepte aussi bien la remise que le refus mais que la guerre peut arriver ou pas, le tout avec le ton de l'hôtesse de l'air. Ces hommes ne sont que des pions devant la marche du destin armé.
Et lorsque l'orateur Demokos, le chef de fil des guerriers, est poignardé par Hector alors l'Histoire poursuit son chemin inexorable "Place au poète grec" s'écrit ce dernier avant de conclure "la guerre de Troie aura bien lieu", sombre écho d'Andromaque qui lors du lever de rideau proclamait avec assurance "La guerre de Troie n'aura pas lieu". Et c'est sur cette symétrie parfaite que l'on pardonne à Giraudoux son verbiage parfois excessif !





Pièce de Jean Giraudoux.Mise en scène de Nicolas Briançon. Avec Philippe Beautier, Nicolas Biaud-Maudiut, Nicolas Briançon, Olivier Claverie, Emma Colberti, Jean-François Guillet, Lucienne Hamon, Thibaut Lacour, Pierre-Alain Leleu, Pierre Maguelon, Bernard Malaka, Claire Mirande, Elsa Mollien, Thomas Suire, Valentine Varela

mercredi 29 novembre 2006

Surfacing (un long dimanche de ...)


Lagan's River - Belfast
Quelques uns d'entre vous se demanderont peut-être ce que je fais derrière mon clavier qu'ils présumeront asiatique mais en fait ce dernier est toujours parisien. L'organisation de ce mois de décembre et de cette période post-stage a changé.
Le voyage au Cambodge et et au Vietnam que je devais entreprendre avec ma mère et sa collègue de la FIAT a été reporté pour que nous puissions accompagner dans les jours qui nous restent ma grand-mère dans son combat contre le cancer. Malheureusement, il s'est métastasé et progresse très vite. Si pensée il y a, pensez bien à elle.
J'aurais aimé que les circonstances soient différentes mais le "plan" (c) Sarah "kiné+permis" redevient d'actualité. J'ai fini vendredi mon stage à Marianne après une petite prolongation de neuf semaines histoire de collaborer à leur double-numéro de Noël et de recevoir ma première fiche de paye en tant que pigiste (si tout se déroule bien).
Ces quatre mois à République ont été très intenses de par la liberté dont les stagiares jouissaient (choix des sujets, accès aux piges, des qualités que je ne remercierai jamais assez) et par l'ambiance attentive qui y régnait et la gentillesse de beaucoup. Et dans les moments difficiles de cet automne, cela a quand même aidé à ne pas baisser les bras. J'aimerais dire que j'ai appris et progréssé, en tout cas, je l'espère.
Ce départ n'est pas sans mélancolie et sans crainte devant des lendemains qui ne sont plus tracés dans la sécurité de l'école et di stage mais il est temps de couper le cordon, de tourner pour l'instant la page des années étudiantes, de faire le ménage de l'ère Sciences-Po. Maintenant objectif entrée dans la vie active et dégotage d'un appart (c'est la mode en ce moment!), j'ai déposé une demande de logement social à Paris pour rester à proximité du giron parental en cas de besoin (si l'envie me prenait à nouveau de me vautrer sur une table à bout pointue par exemple), je doute qu'il aboutisse très vite car mon dossier est maigre mais le processus est enclenché et je croise les doigts pour suivre le même parcours chanceux de Clu ou de Noémie et Marie...
Quant au blog, je vais essayer de lui redonner un peu de souffle. Il va d'abord se peupler des pièces de théâtre restantes, ce n'est pas ce qu'il y a de plus passionant mais je voudrais pour une fois être méthodique. Contrairement à mes habitudes, je n'antidaterai pas (time is precious), donc si MAJ, il y a, elles se trouveront ci-dessous.
Vale

vendredi 20 octobre 2006

Zouc par Zouc

Une pièce dont à ma grande honte mais au soulagement des courageux visiteurs qui lisent mes longs compte-rendus, je ne pourrais pas dire grand chose vu que je me suis assoupie à deux reprises^^;;; Pour ma défense, mon pooopa a rencontré et cédé à la même tentation de Morphée!
Pourtant l'idée de voir monologuer Nathalie Baye sur scène me tenait fort éveillée lorsque le rideau se leva. Surtout, je venais d'apercevoir Mimi Mathy et son mari venir soutenir leur toooppinnne, or pour une fois que je reconnais un "people", la bonne humeur ne pouvait qu'être de mise.
Sur le papier, une idée saugrenue, le mélange de l'huile et du vinaigre. Dans "Zouc par Zouc", la blonde, filiforme et posée Nathalie Baye incarne Zouc, Isabelle von Allmen cette comique suisse rondelette, toujours flanquée d’une robe noire, aux longs cheveux raides, aux grands yeux noirs, aux intonations distinguables entre mille mais que je ne connais que pour sa caméo dans le clip de Mylène Farmer, Sans Contrefaçon (on a les références qu'on peut^^) où elle interprétait la gitane inquiétante mais tendre qui donne vie au pantin.
La transfiguration du N en Z, d'autant plus brillante et mémorable que Nathalie n'avait pas posé un pied sur les blanches depuis plus de dix ans et que Zouc a disparu de notre paysage depuis presque de deux décennies, rongée par la maladie et a mené une vie souvent éprouvante avec un courage remarquable. ET ce sont ces luttes qui forment le coeur de la pièces, ses confidences qui s'animent sous la plume du journaliste Hervé Guibert, emporté par le sida en 1991.
En 1974, elle lui confie à 24 ans- lui 19- à la terrasse d’un bistrot, huit après-midi durant, son enfance sur le fil du rasoir où elle se croit être la tare de sa famille. Môme, elle admire les morts dans leur chambre, se galvanise des horribles drames de son entourage et rêve de « marier un paysan ». Ce qui lui faudrait dix-huit mois d'internement sous l'autorité de ses propres parents. Là dans ce mouroir des esprits égarés, elle apprend à faire comme les autres, à être comme eux, se cultivant des rituels, des monomanies... puis son arrivée à Paris et les rencontres providentielles qui l’ont conduite à se dépasser sur scène.
Mais alors que toutes les conditions sont réunies pour nous retourner les tripes, l'encéphalogramme de l'émotion a le tracé désespérément plat. La faute n'en revient pas au peu de ressemblance physiques entre ces deux grandes dames mais à une mise en scène minimaliste qui voit Baye timidement sauter de chaise en chaise et triturer un petit kleenex, la voix et la présence monocorde devant un écran lumineux qui tourne de temps en temps au rouge avec toutes les demi-heures un riff de guitare sans compter la figuration muette incompréhensible de Philippe Hérisson sensé probablement symboliser Hervé Guibert mais qui ne pipe pas mots et qui est totalement inutile...

Le rare mérite de ce spectacle décevant est d'avoir fait sortir de l’oubli une grande artiste au destin cabossé. Ça n’est déjà pas si mal... sans oublier le clou de cette heure au moment des rappels . Un étudiant en théâtre trop chou (vague tige blanche à gauche sur la photo) et balbutiant d'admiration pour la talentueuse Nathalie (point noir en contre-jour sur l'écran, si, si! Vous remarquez que mon appareil photo téléphonique est toujours aussi serviable et performant!), s'est avancé timidement sur scène et lui a galamment remis un bouquet de fleurs. Elle était tout rougissante.... Cro, cro mignon !

Zouc par Zouc mis en scène par Gilles Cohen avec Nathalie Baye. Au théâtre du Rond-Point à Paris, jusqu’au 30 décembre 2006

lundi 16 octobre 2006

Je nous aime beaucoup

Ah les week-end à la campagne, c'est le pied surtout lorsqu'on est coincé par temps d'orage à cause d'une noce à laquelle on ne peut échapper. C'est cette expérience appétissante que vivent malgré eux cinq invités dans une demeure du Gers, et l'ambiance est d'autant plus favorable au kaaaaarnaaage que ces 5 visiteurs ne sont guère ravis de se retrouver. D'abord deux générations aux valeurs différentes : Virginie et Laurent, jeunes amants, sportifs, travailleurs et enthousiastes. Et du coté des vieux quinquas et socialistes déçus , une combinaison explosive avec sous le même toit la femme le mari et l'ex-amant soit Nicole, Jean et Maxime.
Tous les ingrédients sont donc réunis pour une guerre des nerfs magistrales pour la plus grande jubilation du public devant une heure et demi de ping-pong verbal entre le camp des idéalistes qui ont toujours raison car ils ont la jeunesse pour eux et celui des anciens, qui ont déjà vécu. Ces désabusés et désenchantés de la société, de mai 68 (aah Nicolas S. aurait apprécié!) et des sentiments.

Quand on n'a pour passer le temps que le papier tue-mouche comme contemplation, écouter les galipettes sonores et sadomasochistes des petite jeunes ou se rendre au marché dévaliser les étals de champignon, les minutes s'écoulent lentement et on ouvre bien vite la boîte de Pandore et devenir fou. a ce petit jeu là, ce Jules et Jim du passé y excelle en revenant sur l'incartade de l'épouse puis son penaud retour, l'occasion d'y apprendre quelques secrets doux-amers d'une frayeur de l'orage à un bébé et l'occasion d'asséner les idéaux oubliés de ses Bobos. "Moi mes élèves, je leur enseigne pour qu'ils votent socialiste mais au final ils finiront comme nous par voter Chirac." s'exclame -t-elle dans une de ses belles répliques.
Des clins d'oeil à l'actualité, la pièce en foisonne pour le plus grand délice du spectateur comme pas mal d'obsessions contemporaines du bio, aux oligos éléments, aux régimes infaillibles incarnés par Virginie pigiste de son étât dans une presse féminine de plus en plus dictatoriale sur l'existence idéal. Bien sûr avec Laurent c'est "the true love" et le jeune homme n'est pas moins le parfait (quoique...) reflet du gendre exemplaire, métrosexuel attentif et dynamique.
Chapeau bas à Aurore Auteuil, la fille de Daniel. Son enthousiasme et sa candeur sont attachants, dés qu'elle entre en scène, les paroles prennent un petit piquant supplémentaire peut-être grâce à la fabuleuse scène de ménage qui clôt la pièce^^;;.
Autre mention spéciale au décorateur. La qualité des décors de ce théâtre m'avait déjà frappé avec "Le meilleur professeur", une satire de l'Education Nationale dans son incurie et folie. On se sent tout à fait dans cette petite cuisine ou verres de vin et tasses de thé s'échangent avec rapidité. Dehors l'eau qui tape sur les carreaux et la lumière changeante du jour et de l'ampoule dans la petite cours plongent réellement le visiteur dans la campagne. Pas besoin d'imaginer, on y est!
Ils s'aiment sûrement beaucoup mais nous nous les adorons pour ces 80 minutes de réflexion grinçante sur notre société post-mitterandienne et les relations orageuses entre Mars et Vénus d'hier et d'aujourd'hui! On en redemanderait même. Plus léger que du Woody mais tout aussi savoureux :) Dans mon top 3 sans hésiter!
Je nous aime beaucoup: Petit Théâtre de Paris, 15, rue Blanche, 75009 Paris

mardi 10 octobre 2006

L'éventail de Lady Windermere

"Le meilleur moyen de résister à la tentation est encore d'y céder" et encore plus en direct. Ayant passé des années à proférer mon admiration d'Oscar Wilde sur toutes les tribunes disponibles, il était temps de le voir en action ! Je pensais accomplir cet hommage avec L'importance d'être constant que j'avais déjà abordé au cinéma en les compagnies délicieuses de Colin Firth (c'est avec Cate Blanchett, Nicole Kidman et Scarlett Johansson un des mots-clé pour me voir déballer sans esprit critique et critiques dans les salles obscures!) et Rupert Everett. La pièce se montait à Paris avec Lorant Deutsch. Finalement la prosternation eut lieu devant la première oeuvre théâtrale de M. Wilde : l'éventail de Lady Wendermere (en VO the Fan).
Oscar, qui la trouvait fade au regard des aventures de Constant et Gwendolyn, n'a pourtant pas à en rougir. C'est aussi délicieux et grinçant que ce à quoi ils nous a habitués. Abordant même un petit coté noir qui préfigure le portrait de Dorian Gray tant Lady Erlynne et ses tactiques sont à la hauteur de sa renommée sulfureuse.

Pénétrant une nouvelle fois dans la high society londonienne, l'auteur s'attaque au bonheur sans faille d'un couple parfait. En apparence car lord Windermere fréquente assidûment Lady Erlynne, une dame perdue de réputation. Pourquoi diable lui a-t-il acheté une maison, un coupé, lui verse-t-il des mensualités et exige que lady Windermere reçoive la gourgandine dont tout Londres pense qu'elle est sa maîtresse, à l'occasion de la reception donnée pour son 21ème anniversaire ? Eh bien, pardi c'est par amour pour… sa femme. Dur à avaler ? C'est tout le sel de la chose.

Si on devine bien vite le secret de Lady E. (ceux qui connaissent sur le bout des doigts La Guerre des Etoiles auront vite une petite idée!), le piquant demeure car ses motifs sont loin d'être purs et lorsque la redemption apparaît, elle ne la saisit qu'un instant dans un élan d'humanité oubliée et jusqu'à la dernière seconde de la pièce fait preuve de toute sa ruse pour embobiner Lord Windermere, le gaga Lord Augustus pour le plus grand plaisir du public qui ne voit pas le temps passer...car outre la menace que fait plâner cette femme de mauvaise vie, on est fébrile devant la tentation de Lady Windermere. Convaincue que son mari ne vaut pas mieux qu'un autre, elle cède aux sirènes de l'enjoleur et dandiesque Lord Darlington, ami de la famille et évidément secrètement amoureux de sa personne (mais Lady W. est tellement charmante qu'on ne peut qu'adhérer!) et qui tente le tout pour le tout en dévoilant avances et fuite en Inde...
Tout cela dans un décor sublîme : riche salon, fumoir et club, un canapé, un secrétaire où brillent de véritables bougies, des tableaux de maîtres et des rideaux luxueux sans oublier missives secrètes qui se trompent de destinataires et éventail en ivoire égaré (tout le drame de l'histoire). Les bons mots d'Oscar fusent dans la bouche de vipère de la Duchesse de Berwick, une version noble de Mme Bennet mais tout aussi déterminée et toquée qu'elle à marier sa fille (puisque tous les bons partis anglais sont pris, un américain roi de la conserve fera l'affaire malgré la déchéance nationalitaire puisque l'essentiel -l'abondance de sous- est préservé^^. De sa petite voix aigue et faussement distinguée, elle sème les graines du doutes dans l'esprit de Lady Windermere. Du coté des hommes, Oscar s'est trouvé une ombre en la présence de Cécil Graham, jeune de bonne famille complètement cynique et désabusé aux répliques qui font mouche face à l'éconduit soupirant Lord Darlington, dandy comme lui, qui maintient dans son coeur un peu de douceur et de mélancolique.
Cerise sur le gateau, les comédiens sont mêmes vétus de somptueux costumes d'époque et ne sont pas avares en changements de tenues comme ma photo floue ne permet pas de le voir ^^;;; Mention spéciale à la fabuleuse Geneviève Casile (ex de la Comédie Française) qui nous offre toute l'épaisseur et la dureté de Lady Erlynne. Seule petite réserve la distribution masculine... C'est que le charme séducteur de Sébastien Azzopardi alias le séduisant Lord Darlington (et l'inspiré metteur en scène)n'opère pas complètement, n'est pas dandy et wildesque, qui veut, c'est tout un art very British! Pour autant pas de quoi bouder son plaisir et renoncer à y courir (sauf que maintenant la pièce n'est plus vraiment à l'affiche mais qui sait, peut-être une tournée se fera ?) ^___^
Et pour se faire pardonner ce long retard/hiatus, quelques perles de sir Oscar :-) :
" De nos jours, nous avons tant de dettes que les compliments sont les seules choses que l’on offre avec plaisir ! "
- " Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles. "
- " Il y a deux tragédies dans la vie : l'une est de ne pas satisfaire son désir et l'autre de le satisfaire. "
- " L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs. "
- " Qu'est-ce qu'un cynique ? C'est un homme qui connaît le prix de tout et la valeur de rien."
Metteur en Scène : Sébastien Azzopardi
Auteur : Oscar Wilde / Adaptation : Pierre Laville.
Comédiens: Sébastien Azzopardi (Lord Darlington), Jean-Philippe Beche (Lord Windermere), Geneviève Casile (Madame Erlynne), Franck Desmedt (Cecil Graham), Jean-François Guilliet (Lord Augustus), André Le Gallo (Parker), Aude Sabin (Lady Agatha), Marie-France Santon (Duchesse de Berwick), Elisa Sergent (Lady Windermere).
La pièce est jouée au Théâtre 14 les mardi, mercredi vendredi et samedi à 20h30, le jeudi à 19h et le samedi en matinée à 16h.

samedi 7 octobre 2006

De profundis

Février 2004: Quelque part dans la campagne irlandaise dans les ruines d'une abbaye où le petit Oscar allait justement passer ses vacances.

De profundis clamavi ad te Domine
Domine exaudi vocem meam fiant
aures tuae intendentes in vocem deprecationis meaesi iniquitates observabis Domine
Domine quis sustinebit
quia apud te propitiatio est propter
legem tuam sustinui te Domine
sustinuit anima mea in verbum eius
speravit anima mea in Domino (*)

Je sais que l'humeur blogspotienne est plutôt à la poésie ( pour l'anglophone j'aime beaucoup Never Give All the Heart de Yeats et la Belle Dame Sans Merci de Keats mais ce détail ne surprendra personne!). Cependant, ce soir j'avais envie de parler de mon cher Oscar. Mes doigts n'ont pas l'énergie de dire ce soir tout le bien que j'ai pensé de l'éventail de Lady Windermere, pièce hélas retirée de l'affiche, mais ils sont encore émus de leurs retrouvailles avec son De profundis.
De par son nom, éponyme du psaume 130 (en VF, des profondeurs) que nous avions étudié en latin (jolie construction avec ad), ce texte m'a énormément touchée car il recèle le même cri que la prière (utilisée dans le rituel catholique lors de la prière des morts) et plus loin dans cette longue missive, O.W retrouve son ironie mordante. Wilde l'a composé alors qu'il entamait sa deuxième année en prison et qu'il n'avait reçu aucune nouvelle de son amant, Alfred Bosie' Douglas. Leur liaison avait conduit le père du jeune homme à attaquer Wilde sur ses moeurs et à jeter le dramaturge en prison.
Voici quelques extraits du début de cet epistole de la vie carcérale:
"...Suffering is one very long moment. We cannot divide
it by seasons. We can only record its moods, and chronicle their
return. With us time itself does not progress. It
revolves. The paralysing immobility of a life every circumstance of
which is regulated after an unchangeable pattern, so that we eat and drink and
lie down and pray, according to the inflexible laws of an iron formula.
(...)
For us there is only one season, the season of sorrow.
The very sun and moon seem taken from us. Outside, the day may be blue and
gold, but the light that creeps down through the thickly-muffled glass of the
small iron-barred window beneath which one sits is grey and niggard. It is
always twilight in one's cell, as it is always twilight in one's heart.
(...)
When I was brought down from my prison to the Court of
Bankruptcy, between two policemen, - waited in the long dreary corridor that,
before the whole crowd, whom an action so sweet and simple hushed into silence,
he might gravely raise his hat to me, as, handcuffed and with bowed head, I
passed him by. Men have gone to heaven for smaller things than that.
It was in this spirit, and with this mode of love, that the saints knelt down to
wash the feet of the poor, or stooped to kiss the leper on the cheek. It
is not a thing for which one can render formal thanks in formal words. I
store it in the treasure-house of my heart. I keep it there as a secret
debt that I am glad to think I can never possibly repay. It is embalmed
and kept sweet by the myrrh and cassia of many tears. When wisdom has been
profitless to me, philosophy barren, the memory of that little, lovely, silent
act of love has unsealed for me all the wells of pity.
I must say to myself that I ruined myself, and that nobody
great or small can be ruined except by his own hand. I am quite ready to
say so. I am trying to say so, though they may not think it at the present
moment. Terrible as was what the world did to me, what I did to myself was
far more terrible still."
(*)Des profondeurs je t’appelle, Seigneur : Seigneur, entends ma voix ; que tes oreilles soient attentives à ma voix suppliante ! Si tu retiens les fautes, Seigneur ! Seigneur, qui subsistera ? Mais tu disposes du pardon et l’on te craindra. J’attends le Seigneur, j’attends de toute mon âme et j’espère en sa parole.

jeudi 5 octobre 2006

...coule la Seine

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Le Pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
in Alcools de Guillaume Appolinaire
Lorsqu'on nous a donné ce recueil à étudier en seconde, j'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à me laisser prendre au jeu, jusqu'à ce poème si délicat, comme le courant du fleuve, qui glisse immortel sous ponts toujours plus nombreux de la ville lumière. Et en ce sort de brume, chaque arche de la capitale, arpentée par autant de pas anxieux et transportés, est devenu ce pont. Mirabeau.




Le froid prenant ses quartiers d'hiver, les températures ont rapidement biassé emmenant dans leur sillage une brume persistante tout à fait inhabituelle. Elle arrive dés 18h et ne se lève qu'à 10h le lendemain enveloppant amoureusement les bords de la Seine. Si le jour tout est gris, le soir les teintes lumineuses et auréolées colorent la nuit pour la plus grande fascination des yeux et la grande myopie de l'objectif de l'appareil photo. Difficile de trouver un cliché qui face honneur à cette atmosphère en demi-teinte. Ainsi on ne distingue plus les étages supérieurs du paquebot de Bercy.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

mardi 3 octobre 2006

Retour sur la Reine Margot

En faisant un petit tour nocturne sur le net comme cela m'arrive, je suis tombée sur la bande annonce de la Reine Margot de Chéreau que j'avais mentionné quelques entrées plus bas. Il se trouve que la scène du mariage y figure en bonne place.
Alors pour les yeux des curieux et des profanes, la démonstration de ce moment symbolique des années de sang des Valois est disponible pour visionnage.




La Reine Margot (bande-annonce)
envoyé par hasard



Cette B.A m'a frappée par sa sobriété. Je ne suis pas sûre qu'on la monterait de manière aussi minimaliste aujourd'hui (commentaire peu loquace, une grosse scène puis scénettes sans effets de fondu ou flash). Mais cette humilité réussissait parfaitement son effet. Comment ne pas frissonner devant les douze coups de Saint Germain l'Auxerrois, qui marqua le début du Massacre de la Saint Barthélémy ?

Pour mémoire Henri de Navarre, futur Henri IV, était venu à Paris accompagné de toute la noblesse huguenote. Ceux-ci était malheureusement identifiables et pourchassables le jour de la fatidique nuit: tous de noir vétu, y compris la marié, pour honorer la mémoire de Jeanne d'Albret, reine de Navarre et sa mère, mystérieusement emportée par un mal foudroyant dont certains y virent la patte empoisonnée de Catherine de Médicis.
ps : si jamais ce passage vous a conquis (j'pense à Vito déjà bien versé dans les Tudors), youtube propose des extraits plus longs dont celui du massacre vu par la Môle. La paternité du massacre a souvent été attribué à Catherine de Médicis mas il semble maintenant que l'on réalise aussi à quel point le duc d'Anjou (Henri III) y fut une force motrice. Son implication lui permis de s'affirmer définitivement comme un acteur majeur du Conseil du roi (son frère Charles IX). Le peuple de Paris ne fut pas difficile à persuader. Excessivement catholiques, ils détestaient l'idée même de ce mariage qui devait scéller la réconcilliation entre Protestants et Catholiques officialisée par la Paix de Saint-Germain-en-Laye (1570). Et c'est pour eux qu'Henri IV s'écria soit-disant 'Paris vaut bien une messe" puis se convertit, pouvant enfin asseoir ses fesses plus tranquilement sur le trône de France! Un montage des meilleures scènes adjaniesques est aussi visible, le mariage y figure plus longuement.

lundi 2 octobre 2006

Orgueil et Préjugés (dédicace à 'Ry, Iphia et toutes les autres!)

Entrée dédiée aux distingué(e)s admiratrices de Melle Jane Austen et de sa plus belle création/ture...

Mon coeur se conssumme depuis des années d'une passion jamais chancelante pour un seul homme (et même pas Irlandais, nah!), j'ai nommé et je me prosterne devant M. Darcy, ténébreux héros né de la plume de la délicate Jane Austen. Ame torturée et de prime abord profondément associal, une faille qui cache un homme réservé, écrasé par les responsabilités de son rang et généreux, il est l'auteur d'une des plus émouvantes et calamiteuses déclarations d'amour de la littérature(*).

Notre première rencontre ? Comment pourrais-je oublier ce moment de grâce télévisuelle éternelle ? Ce fut un samedi soir devant TMC qui diffusait la brillante adaptation, made in BBC, de ce classique anglais. A jamais, désormais pour moi, Fitzwilliam Darcy of Pemberley and owner of the half of Derbyshire with 10.000 £ a year, prendra les traits du sombre Colin Firth pendant que les yeux impertinents d'Elizabeth appartiennent à la méconnue et blonde Jennifer Ehle.

Des délices qu'il faut partager, surtout une fois qu'on a gouté au poison austenien via le récent Pride and Prejudice de Joe Wright qui mettait en scène la virginale Keira Knightley. Parce que tu te demandais, 'Ry, à quoi pouvait ressembler cette version 'beeb' d'Orgueil et Préjugés, voici un avant-goût de ce trésor...c'est aussi la musique -Nothing Else Matters par Apolyptica- qui m'a fait penser à toi, je suis sûre que tu apprécieras !



Si je n'avais pas posé les yeux sur ce bijou, j'aurais eu un coup de foudre tout aussi puissant pour l'oeuvre de Joe Wright. Ce film brille par une esthétique et des jeux de caméra époutousflants qui magnifient cette histoire d'amour.

La distribution des rôles est soignée, surpasse pour les personnages secondaires de Jane, Lady Catherine et Whickham, cette fois-ci beau comme un dieu les six épisodes bbciens, une réussite moins évidente avec Keira, le livre précise qu'Elizabeth n'est pas une "beauté classique" ou avec Matthew qui ne dégage pas à mes yeux conquis le même charisme que Colin. Mais en deux heures, on ne lui donne pas beaucoup de péllicule.

L'enthousiasme de Keira et Matthew est sincère mais il manque un petit je-ne-sais-quoi, pour moi, la patte austenienne. Pour tenir en format cinéma, l'intrigue a été raccourcie (quid de la rencontre entre Darcy et Jane à Londres ?, de la lettre d'explications bien plus déchirante? et de la deuxième soeur de Bingley ?) tout se telescope alors que dans le livre le pas est lent (9 mois à un an).
Deux interprétations fantaisistes frisent particulièrement le contre sens. Dans le livre, il est précisé que Longbourn est rattaché à des fermes puisque M. Bennet est un petit gentleman et propriétaire terrien. Mais Longbourn est la demeure familiale entourée d'un jardin et aux alentours des champs. Mais jamais comme le film le suggère, Longbourn n'est mitoyen de la ferme. Cet adaptation est génante car elle affaiblit un des arguments d'Elizabeth (que le fil logiquement n'a pas joué à fond) qu'elle est ' a gentleman's daughter', que par conséquent Darcy puis Lady Catherine sont injurieux dans leur condescendance. Par ailleurs, Joe Wright prend le parti de montrer l'exubérance de Jane et Lizzy : elles rient, parfois peu poliment (cela ressemble à des grognements), écoutent aux portes mais qu'est ce qui les distinguent donc de la frivolité et l'absence de manière de Kitty et Lydia? pourtant mainte fois soulignées dans le livre et commentées par Darcy qui lui confie 'que jamais elle ni jane n'ont fait preuve d'un manque de convenance'.

La pudeur et la passion contenue à grand peine (la Raison contre les Sentiments comme cet autre chef d'oeuvre de la dame de Bath) qui ronge les personnages est à peine esquissée. Ni Joe Wright, ni Keira, ni Matthew n'ont lu le livre et c'est ce qui leur donnait cet extrême liberté de ton, que j'ai appréciée hein, très moderne, voire trop comtemporaine parfois... Chez Austen tout passe par des regards, par des comtemplations, par la sensualité et par des non-dits. Jamais à la régence on aurait vu Elizabeth errer en chemise de nuit ou Darcy l'aborder en pleine nature sous le kiosque ou énamourré au point de s'écrier "I love, I love, I love you" le col de sa chemise déboutonnée ou Bingley revenir derechef pour se mettre à genoux devant Jane.

Toute cette comunication silencieuse qui montre le basculement des deux protagonistes a disparu, or cela leur donnait toute leur profondeur. Et lorsque j'ai vu ce montage musical (dans les semaines à venir ils vont faire une grande concurrence au théâtre ^^^;;), j'ai retrouvé à nouveau cette passion réfrénée: de la rencontre impromptue du billard à leur danse (très bien montrée par Wright également) en passant par la rédaction à l'unique larme et la remise de LA LETTRE, les retrouvailles à Pemberley. Colin Firth aura toujours le visage impassible, ses yeux seuls trahissent ses agonies (cf 2'O5'').

Enfin, je vais m'arrêter car peut-être en tant que lectrice d'Orgeil et Préjugés tu as une opinion radicalement différente ^___________^


(*) avec celle de Valmont dans sa lettre à Mme de Tourvel sur le dos d'Emilie. Bien que les deux ouvrages soient aux antipodes, ils sont tout deux mes bibles de chevet, des livres qui m'ont laissé le coeur chamboulé, car au fond les Liaisons Dangereuses ne sont-elles pas la vision noire, cynique et hyper-réaliste du romantisme d'Orgueil et Préjugés ?)Et je n'oublie pas d'avoir vécu une semaine paradisiaque sur les traces de Melle Austen et des lieux de tournage de la BBC à l'été 2001. Le Derbyshire rivalise d'atouts avec le Connemara :-)

PS : pour une comparaison en image entre les deux films, deux petites merveilles de drôlerie sonore dénichée (toujours) sur youtube :


1ère partie
2ème partie

Et deux images insolites pour conclure:

Des coulisses de P&P... (Darcy, Bingley-joué par le cousin d'Helena Bonham Carter, Crispin- et Elizabeth)
...à Bridget Jones (relecture moderne et célibattante d'Orgueil et Préjugés!), lol à la polissonerie de Mister Hugh Grant
Merci à Touraine sereine pour m'avoir référencé dans une note sur une autre adaptation d'Orgueil et Préjugés, celle de Laurence Olivier. Ma reflexion était plus personnelle qu'argumentée donc c'est une sympathique attention!

samedi 23 septembre 2006

La dernière nuit pour Marie Stuart

Si la vanité et la luxure sont un péché, alors j'ai fauté! Pendant des mois, l'affiche placée sur le kiosque au croisement de l'institut du Monde Arabe et de Jussieu n'a céssé de me faire des propositions indécentes. Un serpent tentateur qui tient en neuf mots La dernière nuit pour Marie Stuart avec Isabelle Adjani. Le chien pavlovien qui sommeille en moi s'est aussitôt mis à saliver...

Quoi la sublîme interprète de la Reine Margot (pour tous ceux qui en doutent ou qui ne tombent pas sous le charme de -l'anatomie, ahem- de Vincent Perez, le visionnage de la scène du mariage est impératif ou comment le oui est arraché des lèvres de Marguerite de Valois par le poing décidé de Charles IX. Pour mémoire, j'avais même désobéi à la loi, âgée de 11 ans, j'avais déclaré la main sur le coeur en avoir 12, c'était l'époque où on me donnait encore le bon dieu sans confession!) allait préter son visage à la mythique reine d'Ecosse (et de France et d'Angleterre ce qui causa sa perte), épouse éphémère du non moins bref roi de France, François II (et donc belle-soeur de Margot vous suivez ?^^), meurtrière de son deuxième mari, amazone inconsciente et pourtant mère du future roi d'Angleterre, mais qui à force de complôts maladroits et caballes fut décapitée sur ordre de sa cousine Elizabeth I et où le bourreau maladroit s'y repris à trois fois (eeerk) ? Autrememnt deux de mes passions là encore en un même lieu !

Toute l'année j'ai résisté vaillement, pretextant le prix des places ou la qualité incertaine de la pièce composée par un auteur méconnu alors que sur le même sujet Schiller, lui-même, avait écrit! Et puis lorsque vinrent les feux de la rentrée théâtrale, une succession de couvertures glamour par les démoniaques Figaro Magazine et Paris Match eut raison de ma lucidité et je craquai. Pourtant l'absence de générales pour les critiques et le titre laconique d'une dépèche AFP, inhabituellement cassante ("Adjani triomphe dans Marie Stuart malgré un texte faible") auraient dû m'alerter mais qu'importe quand on adore, on devient fou!

Arrivée au Marigny, nous sommes accueillies comme des princesses avec programme soigné et rempli de publicités qui nous laisse entreapercevoir des costumes enchanteurs tandis qu'en face de nous se dresse la scène, un imposant mur-prison-citadelle tout en rouge sang.

L'instant où Isabelle apparaît le public laisse passer un souffle puis l'applaudit avant de retomber dans la surprise de son apparence. Campant une reine emprisonnée au crépuscule de sa vie, elle est méconaissable : petite vieille vétue d'une chemise d'aliénée, la figure arrondie, le cheveu sale...

Comme je le craignais, la prose de l'Allemand Wolgang Hildesheimer est insignifiante et soporifique, trop dans l'introspection. Où est le drame, la tension, le dilemne, la tragédie ? sûrement pas dans les personnages secondaires complètement bâclés à l'exception du préparateur et de l'assistant du bourreau (un ex du Stade Français) qui étant muet n'a aucune ligne inutile à délivrer ce dont le spectateur lui est reconnnaissant.

Heureusement il y a la reine Isabelle qui choisit avec brio le registre de la suppliciée ayant rendu son âme à la flamme de la folie : de la rédaction d'un testament sans cesse interrompu à la procession mortuaire de ces chiens empaillés dans leurs cercueils au fond bien plus fidèles et aimant que ses serviteurs... Souvent poignante qu'on passe outre les faiblesses du reste. Comment ne pas voir Isabelle plutôt que Marie lorsqu'Adjani lance à la foule/public venu admirer son exécution : "tout le monde a ici une idée préconçue de moi, ils croient savoir qui je suis et ils se trompent", "Ne me regardez pas. Mon corps, mon visage. Je ne me reconnais plus." ou "les rumeurs m'ont tuée."... dans ce moment les cordes de notre émotion frémissent. A d'autres moments sa voix de braise sans larme frappe par sa monotonie et on aurait apprécié moins de retenue, d'appels à Dieu et à la raison.

La garde est baissée seulement dans les dernières répliques lors de la préparation mortuaire, qui voit le lynchage du pharmacien pour cause de confession non catholique, les adieux de Marie, qui au moment de poser sa tête sur le billot dans sa robe blanche d'où on enlève la fraise fait le saut de l'ange avant que le rideau-hâche ne tombe sous un tonnerre d'applaudissements.






Oui je vous assure, c'est bien Isabelle Adjani la dame blanche et floue au centre de mon objectif hiératique!
Car au fond, nous ne sommes venues que pour elle, et c'est tout à son honneur d'insuffler passion et talent dans un texte invisible et d'arriver à nous faire trembler. Très vite les camarades d'Adjani lui abandonnent la scène pour un long salut-communion avec les spectateurs.

Et même si je suis un peu déçue, je ne regrette point mon moment d'égarement: Isabelle, si tu joues Phèdre, Andromaque ou Médée je serai là ^________^

jeudi 21 septembre 2006

Si tu mourais... (ou l'éloge du mensonge).

...de déception.


Dans un monde parfait, cette entrée, représentative du mois de septembre placé sous le signe de la rentrée théâtrale, aurait dû voir le jour bien plus tôt. Outre les aleas de la vie quotidienne (existe-t-il une loi pour me dire que mes rentrées seront toujours chaotiques avant que le délicat souffle de décembre, janvier me remette sur pied ?^^), j'ai longtemps repoussé une série de posts qui ne m'enthousiasmaient guère tant ma déception fut proportionellement inverse à mes attentes.
Depuis que j'avais entreapperçu cette affiche bleue au coin d'une rue, dotée de ce titre si énigmatique avec une sympathique distribution -Catherine Frot m'a toujours bluffée sur grand écran depuis un Air de Famille- et le distingué auteur de la pièce : l'iconique Florian Zeller. Un p'tit gars d'à peine la vingtaine, les cheveux blonds en pointe de gel, déjà prof de littérature à Sciences-Po (R.D aura toujours un talent fou pour dénicher les coups médiatiques qu font apparaître le 27, rue St Guillaume dans les colonnes de la presse).
Cepremiers romans et pièces de théâtre lui ont valu quatité d'éloges et prix tels que l'Interallié en 2004 pour la Fascination du Pire. De lui j'avais adopté sa deuxième comédie, le Manège, en 2004 et dont malheureusement ne me restent que des souvenirs fuyant et l'impression d'avoir beaucoup ri (et vu VGE à moins de 20 mètres...) ou comment deux couples changeaient perpetuellement de rôle dés lors qu'un homme s'invitait dans l'appartement de la femme qu'il a aimée. Bref je tannais mon père pour qu'il m'y embarque.
(c) Cliché myope de mon téléphone portable :, heureusement que C. Frot est en robe pour que l'on puisse la localiser :p
D'autant plus que "Si tu mourais" promettait beaucoup : une fable inédite et flamboyante sur le couple en suivant l'air connu de l'épouse devenue veuve qui découvre tout d'un coup que son mari n'était peut-être pas l'homme qu'elle croyait. Pourquoi ce brillant romancier écrivait-il sur un homme meant une double vie, pourquoi trouve-t-elle le nom d'une jeune commédienne au doux nom de Julie Dame (Chloé Lambert est la merveille de ce spectacle^__^, tant de passion et d'angles) dans ses papiers? Dés lors, elle cherche alors à connaître la vérité, mais celle-ci la fuit à mesure qu'elle avance dans son enquête et le spectateur d'être promené du passé au présent. De ses réminescences des dernières soirées passées en compagnie de son mari, qui révèlent toute leur part d'ambiguité surtout quand les questions de Catherine Frot restent sans réponses face à un esprit fantôme souriant incarné par Robin Renucci, aux confessions peu éclairantes du meilleur ami secrètement amoureux en passant par les révélations à tirroir de la maîtresse, qui avoue, se rétracte, se livre tant et si bien que le rideau tombant le doute nous saisit face à l'évidence... et c'est bien le hic car seules les ultimes minutes de cette banale histoire d'adultère bourgeois nous palpitent le coeur.
Le reste du texte est terne, relévé de temps en temps par des petites piques qui nous décochent un frissonement des lèvres avant que l'on retombe dans le lieu commun. Un livret que les acteurs peinent à ranimer... où est la légèreté de Manège ? Je serai bien incapable de citer un passage mémorable. Seule la confrontation de l'épouse trahie et la maîtresse sur ses gardes crie la vie comme le chantent Mimi et Moby. Face à Renucci et Putzulu transparents, les étincelles frémissent lorsque Catherine Frot donne l'impression de vouloir séduire sa rivale ou lorsque celle-ci avoue un verre, un dîner puis un retour en taxi, puis un dernier verre...
Au final ma soirée a suivi le même chemin, le dîner post-théâtre dans la brasserie de Fauteuils d'Orchestre avec sa délicieuse sole meunière fut bien plus mémorable.
Et Catherine Frot dans tout ça ? Sublîme dans sa robe de grand couturier (comme insistait lourdemment le programme, c'est bon comme ça, je peux voir mon bon point ?) , un jeu parfait devant une salle conquise en mode standing ovation qui n'est venue presque que pour vous, autrement dit le syndrôme "Adjani" -cf. post suivant s'il vient un jour-! Mais son interprétation n'émeut pas, on demeure dans le superficiel, (trop) aérien et somnanbuliste. Elle reste cette femme est en étât de choc après tout et ne laisse jamais éclaté sa douleur ou sa colère, comme le titre de la pièce tout au conditionnel :-/
Si tu mourais, de Florian Zeller; me.s. de Michel Fagadau ; Comédie des Champs-Elyséesà partir du 15 septembre avec Catherine Frot, Robin Renucci, Bruno Putzulu, Chloé Lambert.

mardi 19 septembre 2006

Bond, son nom est Edward Bond... : Chaise

Pour ma seconde virée au théâtre au coté de mon père, on ne pouvait imaginer deux mondes plus différents que celui de Woody Allen et d'Edward Bond.

J'avais été prévenue, l'univers du londonien, considéré avec Harold Pinter comme un des plus grands dramaturges du XXème siècle est sombre. Délicat euphémisme! Chaise, qu'Edward Bond a composé en 2000 et a été montée à Avignon cet été avant d'être reprise au théâtre national de la Colline est l'enfant étrange du 1984 d'Orwell et de l'absurde de Kafka, symbolisé brillament par la scène clé et époustoufflante de l'interrogatoire (extrait vidéo) de l'héroïne par une assistante sociale. Si vous aviez aimé Big Brother et bien soyez comblé 2077 vous propose beaucoup mieux, ah vous en aurez pour votre argent!
L'être humain devient un numéro de dossier, la mansuétude un acte déviant qui vous vaut une vie sous surveillance... Dans Chaise, on ne sait plus embrasser sans mordre, parler sans trembler de peur. Aucune émotion chez la fonctionnaire, qui arrête son enregistrement au mot opportun ou joue sur la moindre hésitation d'Alice.
Difficile de ne pas voir dans le Bureau des Enquêtes Sociales, qui a droit de vie ou de mort sur les citoyens de ce pays, un ersatz du système concentrationnaire nazi dominé par un Big Brother, qui distribue les logements au prorata de la taille de la famille, au nom de l'éfficacité et de la rationalisation de l'espace, qui interdit le dialogue entre militaires/civils/condamnés, qui arrête au moindre mot et comportement déviant. A la prisonnière torturée et rasée comme aux contestataires ne s'offre que la mort à Cité Prison mais par "humanité" laisse aux detenus le choix de la pillule ou de l'exécution.
Et c'est ans un appartement spartiate ornée d'une simple table et trois chaises -seule fantaisie, une mosaïque de dessins d'enfant (?) aux murs- qu'Alice regarde par la fenêtre. Elle observe un soldat qui, depuis des heures, attend un bus avec une femme en piteux état qu'il doit emmener dans un lieu de détention. Mue par une irrésistible pulsion, elle descend une chaise. Geste dément. Car quiconque regarde un condamné signe son arrêt de mort dans notre/une société, qui en 2077 est gouvernée par un régime totalitaire.

Une décision que ne comprend pas Billy, son fils de 26 ans mais toujours enfant dans sa tête, scnariste de voyage au delà du monde . Lui n'a même pas le droit de regarder à travers ou de s'adosser à la fenêtre. Il n'est jamais déscendu dans la rue. Billy a grandi sauvage en observant le monde à travers les rideaux, sans jamais se montrer. Dans cette prison qui ne dit son nom, la vie n’est pas toujours facile. Alice dit tout ce qu’il faut faire et ne pas faire, Billy invente des histoires et dessine le monde avec des crayons. Mais la décision d'Alice fait tout basculer. Billy doit quitter la maison et partir dans le monde, un voyage d'apprentissage dans le tumulte et la cruauté des hommes, un univers où l'aggression est permanente.
Sous nos yeux se noue la trégédie. Aucun sacrifice ne pourra racheter ni la faute passé de l'héroïne, dévoilée tout en retenue par Valérie Dréville, ni son délit présent. L'engrenage commence, et la machine est parfaitement huilée. On resort de la salle ébranlé, l'estomac noué. Des sensations identiques à celles que j'avais éprouvé en regardant le Pianiste de Polanski, et quand on sait que Bond a notamment écrit sur la Shoah, on ne peut s'empécher d'y voir une référence.
Et alors que j'écris ces mots très fades, j'enrage de ne pas pouvoir rendre justice à la plus forte pièce que j'ai vue jusqu'à présent. Heureusement DJ le fait beaucoup mieux que moi :p
Chaise. Théâtre national de la Colline du 14 septembre au 18 octobre 2006. Réalisateur/Metteur en Scène : Alain Françon avec Valérie Dréville, Pierre-Félix Gravière, Abbès Zahmani...

lundi 18 septembre 2006

Où l'on reparle d'Anne et Mary Boleyn

A EP et VG, j'espère que cette entrée les fera sourire!

En attendant que mes impressions adjanistes-stuartiennes s'inscrivent en ces lieux car mes entrées théâtre ont pris du retard...

Non la curiosité ne me démange pas également pas.
Non je n'irai pas asseoir mon séant sur les siège Nina Ricci du MK2 bibliothèque et ce dés le mercredi soir et ce quelques soient les critiques.
En toute honnêteté...
Ce n'est pas que ça me ronge, ça me consume. (c) ^^ Mais ici point de démons suskindiens, mon âme est toute acquise aux affres tudoriens!

Car bien plus vite que je ne l'espérais parviennent à nos oreilles des nouvelles de The other Boleyn Girl en tournage à Londres ces jours-ci. Grâce aux paparazzi, des premières images ont filtrées.
Finalement, Natalie Portman a été préférée à Keira Knightley et je n'en suis pas mécontente. Si Nat' joue aussi bien que dans Closer, on est en droit d'attendre une bonne surprise. Mais quand même déjà une petite deception, Henry VIII n'était-il pas un peu rouquin sur les bords alors que M. Bana est on ne peut plus brun ? En tout cas, les deux filles ont plutôt l'air de bien s'entendre!
Courage, plus que 18 mois à attendre! J'espère que The Golden Age elizabethéen avec Cate Blanchett débarquera plus vite sur nos écrans pour m'aider à patienter!

samedi 16 septembre 2006

"I know your face" Theoden to Eowyn...

...les agrégés en Seigneur des anneaux et farouches partisans du Rohan apprécieront (ou pas^^) la référence.
C'est que samedi dernier j'ai eu devant mon kiosque à journaux le même type de révélation. Alors que j'examine les tites de la presse quotidienne pour trouver un Figaro sans suppléments pour ma grand-mère, je me dit que la photo du type de France-Soir me paraît étrangement familière. Et du coin de l'oeil, que vois-je ? DJ...attendez là cela me dit vraiment quelque chose et dans un grand moment de candeur, je m'exclame "Ohhhh mon papa est à la une de France-Soir". Le kiosqué a dû se dire "encore une qui se prend pour la Reine d'Angleterre" ^^;
En effet, depuis lundi dernier, DJ est éditorialiste à France-Soir et pour promouvoir et fêter cette tribune quotidienne, le week-end précédent le journal lui a fait un sympathique petit encart avec portrait à la clé. C'était très amusant pour moi en tout cas de "croiser" mon père au coin d'une rue même si je ne suis pas sûre d'adhérer à ce fond bleu et au detourage made in FS !

jeudi 14 septembre 2006

Adultères


Chaque drogué de Woody Allen attend l'automne avec impatience, régulier tel un métronome le réalisateur new-yorkais ne manque jamais de livrer sa production annuelle. Et cette année le successeur de Match Point est arrivé plus tôt que prévu. Si Scoop (toujours avec ses nouvelles égérie Scarlett Johannson et Londres, prévu dans deux mois) n'est pas encore sur nos écrans, son théâtre débarque sur nos planches avec trois oeuvres pour le prix d'une ! Une overdose bonne pour la santé en perspective!

Le théâtre de l'Atelier héberge juqu'au mois d'octobre Adultères, trois pièces désopilantes réunies en un acte, qui comme le titre et l'auteur l'indiquent, parle de liaisons extra-conjugales et des couples de la grosse pomme. Un vrai délice dans le texte comme dans les comédiens enthousiastes toujours aussi frais et dispos alors qu'ils interprètent leur dernière pièce et incarnent pas moins de leur troisième personnage! Et une fois dans la salle, il ne faut pas quitter des yeux le surprenant Xavier Gallais tantôt clochard, tantôt écrivain raté et maniaco-dépréssif pour finir en beauf naïf. Sur ses épaules et celle de la blonde Pascale Arbillot reposent la passion de ses trois comédies.
Au départ, j'étais étonnée par l'horaire : 1ère partie à 19h-20h10, entracte pour ne reprendre qu'à 21h jusqu'à 23h30 mais après avoir vu l'ensemble des comédies, je trouve le choix plus que judicieux. Un intermède parfait pour avaler le couscous de le brasserie d'à coté ! Avis aux amateurs (ou -rices!).
Le rideau se lève sur Riverside Drive, la plus sombre et fantastique du trio. Sur les bords de l'Hudson, sur fond de brouillard, un père de famille respectable et réalisateur renommé attend avec inquiétude sa maîtresse pour lui annoncer leur rupture. Or, le rendez-vous galant ne se déroule pas du tout comme prévu. La maîtresse menace de révéler leur liaison à sa femme s'il ne lui donne pas de l'argent, tandis qu'un SDF cinglé l'accuse de lui avoir volé l'idée de son dernier scénario et prétend recevoir des visions des étoiles et de la planète Xénon lorsque ce n'est pas des machines Xerox. Bien que ce soit la pièce la plus ancienne de la triolgie, ayant été écrite en 1996, de par son ton c'est celle qui se rapproche la plus de Match Point, même noirceur et même enjeu final. Mais la patte Woody est bien là. Ainsi le héros déboussolé de confesser :"Je suis allé voir un psy pour tenter d'y voir plus clair. Il m'a conseillé de quitter ma maîtresse et de dire la vérité à ma femme alors j'ai viré le psy!".
Après la pause vient Central Park West, un petit bijou, du Woody grand cru, qui nous dévoile toutes ses obsessions... Franchement rien que pour cette pièce, il faut aller voir Adultères! Que de rebondissements chez les Riggs où le cabinet prestigieux de Madame, psychanalyste de renom est sans dessous dessus: dans la bagarre, une statue égyptienne a même perdu son pénis et la tête! Arrivent leurs meilleurs amis. Autant de couples qui découvrent qu'ils se sont tous trompés les uns les autres. Phillis annonce à sa meilleure amie, Carol, que son mari la quitte pour une autre ; Carol, qui entretient une liaison avec ce dernier depuis trois ans, est persuadée que c'est avec elle qu'il projette de partir pour Londres...
La conclusion vient en douceur avec Old Saybrook. Dans cette charmante villa coloniale du Connecticut, Sheila et Norman ont invité à un barbecue David et Jenny, la soeur de Sheila. La découverte d'un journal intime et l'arrivée des anciens proprios vont libérer les fantasmes. Les réparties sont endiablées et le numéro du fan de Tiger Woods laisse pantois. Son QI proche de 0 laisse à bout de souffle tellement on rit. Cependant, j'étais contente qu'elle ne fasse que 40 minutes car je n'ai pas été convaincue par la mise en abyme de l'écrivain en panne d'inspiration et de ses personnages en révolte... Mention spéciale à XG pour avoir incorporé dans le texte l'orage qui s'abbatait sur Paris qui a failli faire pouffer de rire sa partenaire pendant que sous le tonnerre innatendu, nous applaudissions l'impro!


Adultères, de Woody Allen. Traduction : Jean-Pierre Richard. Mise en scène : Benoît Lavigne. Avec Pierre Cassignard, Xavier Gallais, Valérie Karsenti... Théâtre de l'Atelier (01.46.06.49.24). Adultères est publié aux Editions 10-18.
Pour lire l'interview de Woody Allen toujours aussi facétieux, c'est dans le Figaro Magazine.

mardi 22 août 2006

Des palmiers sur l'asphalte

Cet été, je n'ai jamais caché mon agacement face à Paris Plages qui cette année honorait la (re)naissance de le Rive gauche version ZAC et campait bien trop près de chez moi à mon goût en ces semaines de canicule et de fenêtres ouvertes qui laissent se propager les sons si facilement.

Nous avons eu, en effet le privilège (douteux) de bénéficier d'une ouverture 24h/24 avec ambiance musicale offerte : des rhytmes techno endiablés à l'intégrales de Claude François sans oublier les fétards qui piaillaient à 5h du mat' en attendant le premier métro. Ils avaient inventé un système de communication des plus efficaces accoustiquement parlant en se postant le long de la rue en vis à vis sur les trotoires! Cela marchait tellement bien qu'à 5h30 nous pouvions bénéficier de toutes leurs scènes de ménage ponctuées par les aboiements du chien du vigil et les jetage d'homme dans la seine suivi par les sirène des pompiers.

Cependant, lorsque des camions sont venus nous enlever fin août les beaux palmiers prétés pour l'occasion, mon coeur n'a pu s'empecher de se serrer en voyant ces grammes de poésie repartir... Pas tous les jours qu'on apperçoit des palmiers sur le bitûme parisien!

Notre quartier a donc repris son rhytme tranquille de quartier désertique la nuit sauf pour les fans des péniches dansantes à la Nix Nox. Un calme que seuls les bateaux mouches osent déranger en illuminant nos appartements. Un effet magnifique quand tous les feux sont étteints :)

La Seine, by night, toute noire et visqueuse pour accompagner pensées et songes nocturnes du haut de l'écran de mon ordinateur.


Et lorsque vient l'hiver, le blanc refait alors son apparition (Hiver 2004) avec nos invités quotidiens la ligne 6 du métro aérien et les péniches de minerais où se perchent les mouettes.

dimanche 13 août 2006

Lorient (2) : ar sul

Encore une fois Morphée nous a accueillies dans son royaume pour une généreuse douzaine d'heures. Mais résultats nous étions immédiatement d'attaque pour nous aventurer dans notre deuxième cimetière de bateaux, cette fois-ci sur la commune de Riantec.

Ici, les navires ont droit pour leur retraite à un véritable havre de paix, reculé et à l'abris des pelleteuses dans une crique qu'habittent les mouettes. Seuls un rassemblement de potiers leur tenait compagnie ce dimanche. Ce cimetière jouxte un petit amphithéâtre en pierre utilisé pour des festivals. Je me demande s'il s'y joue des pièces qui tirent profit du merveilleux décor naturel. Une Tempête de Shaekspeare ou la Nuit des Rois ne sonnent pas mal!

De par la seclusion du lieu et le nombre de bâtiments "ancrés", l'impression de débarquer sur une île de pirates est difficilement dépassée. On verrait très bien le rusé Geoffrey Rush sortir de l'eau vaseuse! Bref un moment de calme, (luxe) et volupté qui donne envie de déclamer des vers baudelairiens (enfin encore faudrait-il les connaître par coeur...)


Ensuite direction l'île Kerner (à gauche, cliché du parc à huîtres) pour se rendre dans la petit Maison de la mer de Gâvres ( une petite langue aujourd'hui, une grande mer il y a 40.000, tout le contraire de la Manche!). Cet éco-musée est consacré à l'écosystème unique de ce petit bout de terre entouré de deux bras salés. La présentation sollicitait tous les sens de l'auditeur : la vue et l'ouie pour essayer de distinguer les différentes espèces d'oiseau qui vivent ou migrent sur Kerner. Des grues ou des mouettes des plus gracieuces mais aussi malheureusement en voie de disparition (d'ailleurs j'en profite pour refaire un petit coup de pub à H2omonamour dont Cécile et moi avons rejoint la rédaction). Le toucher et l'odorat lorsque nous avons pénétré dans le café des pécheurs reconstitués. L'ouie à nouveau pour écouter les témoignages d'habitants.

Puis nous nous sommes reposées un léger quart d'heure sur la plage assaillie pour cause de grandes marées par des avides cueilleurs de coquillages. Comme il nous restait encotre deux heures et demi avant le départ du train, nous avons tenté le saut à Port-Louis, car nous voulions trouver Ouest-France pour y lire les commentaires de spécialistes après la rencontre de la veille.

Port-Louis vaut le détour pour ses étonnants remparts (désolée mon appareil photo avait déclaré qu'il était temps de mettre sa batterie en RTT -____-!) retouchés par Vauban lui-même. On peut les arpenter comme les gardes le faisaient leur de leur tour mais gare aux visiteurs sujets aux vertiges qui se promènent sur ce mur de pierre: si à gauche il y a les crénaux, à droite c'est le vide! Avec Cécile nous l'avons admiré du bas, sagement...

L'histoire de la ville doit beaucoup à sa situation géographique exceptionnelle. La presqu'île de Port-Louis est constituée par un éperon granitique dominant une côte sableuse du côté de la mer, vaseuse du côté de la rade. Le piton est difficilement accessible par la mer, rendue périlleuse à marée haute par les rochers à fleur d'eau et à marée basse par les bancs de vase. Les fondateurs de la citadelle sont les Espagnols appelés en renforts par le gouverneur de Bretagne, peu enthousiaste à l'idée de voir le protestant Henri de Navarre monter sur le trône.

En 1590, trois mille Espagnols débarquent à Port-Louis, sous le commandement de Don Juan del Aguila. La construction de ce qui deviendra la citadelle débute en 1591, supervisée par Cristobal de Rojas, ingénieur des fortifications de Cadix. En 1616, Louis XIII, conscient de l’importante position stratégique de cet ouvrage à l’entrée de la rade, confie à l’architecte Corbineau la reprise des travaux et ordonne de le nommer Fort-Louis. La réalisation de la demi-lune et l’établissement d’un plan capable de soutenir un siège furent discutés à maintes reprises et ce n’est qu’en 1641 que la cardinal de Richelieu confia à Nicolas Gilles l’achèvement des travaux de fortification. En 1683, Vauban formule quelques critiques, en particulier à l’égard des bastions trop aigus et trop nombreux, mais conclut : « la situation de la citadelle est si avantageuse que rien n’empêche qu’on puisse considérer le Port-Louis comme une bonne place ».


Port-Louis abrite aussi une base de sous-marins dont la construction remonte à l'occupation allemande et que l'on peut appercevoir à travers une "fenêtre" dans le mur des remparts. Nos observations n'ont pu cependant aller plus loin... car seulement une demi-heure nous séparait du départ du Lorient-Paris mais malgré ce petit stress, nous;: sommes arrivés pile à l'heure. Sur ce je vous quitte avec une vue de la plage de l'île de Kerner, longée par les herbes sauvages et un grand merci à Cécile ^__^.