jeudi 21 septembre 2006

Si tu mourais... (ou l'éloge du mensonge).

...de déception.


Dans un monde parfait, cette entrée, représentative du mois de septembre placé sous le signe de la rentrée théâtrale, aurait dû voir le jour bien plus tôt. Outre les aleas de la vie quotidienne (existe-t-il une loi pour me dire que mes rentrées seront toujours chaotiques avant que le délicat souffle de décembre, janvier me remette sur pied ?^^), j'ai longtemps repoussé une série de posts qui ne m'enthousiasmaient guère tant ma déception fut proportionellement inverse à mes attentes.
Depuis que j'avais entreapperçu cette affiche bleue au coin d'une rue, dotée de ce titre si énigmatique avec une sympathique distribution -Catherine Frot m'a toujours bluffée sur grand écran depuis un Air de Famille- et le distingué auteur de la pièce : l'iconique Florian Zeller. Un p'tit gars d'à peine la vingtaine, les cheveux blonds en pointe de gel, déjà prof de littérature à Sciences-Po (R.D aura toujours un talent fou pour dénicher les coups médiatiques qu font apparaître le 27, rue St Guillaume dans les colonnes de la presse).
Cepremiers romans et pièces de théâtre lui ont valu quatité d'éloges et prix tels que l'Interallié en 2004 pour la Fascination du Pire. De lui j'avais adopté sa deuxième comédie, le Manège, en 2004 et dont malheureusement ne me restent que des souvenirs fuyant et l'impression d'avoir beaucoup ri (et vu VGE à moins de 20 mètres...) ou comment deux couples changeaient perpetuellement de rôle dés lors qu'un homme s'invitait dans l'appartement de la femme qu'il a aimée. Bref je tannais mon père pour qu'il m'y embarque.
(c) Cliché myope de mon téléphone portable :, heureusement que C. Frot est en robe pour que l'on puisse la localiser :p
D'autant plus que "Si tu mourais" promettait beaucoup : une fable inédite et flamboyante sur le couple en suivant l'air connu de l'épouse devenue veuve qui découvre tout d'un coup que son mari n'était peut-être pas l'homme qu'elle croyait. Pourquoi ce brillant romancier écrivait-il sur un homme meant une double vie, pourquoi trouve-t-elle le nom d'une jeune commédienne au doux nom de Julie Dame (Chloé Lambert est la merveille de ce spectacle^__^, tant de passion et d'angles) dans ses papiers? Dés lors, elle cherche alors à connaître la vérité, mais celle-ci la fuit à mesure qu'elle avance dans son enquête et le spectateur d'être promené du passé au présent. De ses réminescences des dernières soirées passées en compagnie de son mari, qui révèlent toute leur part d'ambiguité surtout quand les questions de Catherine Frot restent sans réponses face à un esprit fantôme souriant incarné par Robin Renucci, aux confessions peu éclairantes du meilleur ami secrètement amoureux en passant par les révélations à tirroir de la maîtresse, qui avoue, se rétracte, se livre tant et si bien que le rideau tombant le doute nous saisit face à l'évidence... et c'est bien le hic car seules les ultimes minutes de cette banale histoire d'adultère bourgeois nous palpitent le coeur.
Le reste du texte est terne, relévé de temps en temps par des petites piques qui nous décochent un frissonement des lèvres avant que l'on retombe dans le lieu commun. Un livret que les acteurs peinent à ranimer... où est la légèreté de Manège ? Je serai bien incapable de citer un passage mémorable. Seule la confrontation de l'épouse trahie et la maîtresse sur ses gardes crie la vie comme le chantent Mimi et Moby. Face à Renucci et Putzulu transparents, les étincelles frémissent lorsque Catherine Frot donne l'impression de vouloir séduire sa rivale ou lorsque celle-ci avoue un verre, un dîner puis un retour en taxi, puis un dernier verre...
Au final ma soirée a suivi le même chemin, le dîner post-théâtre dans la brasserie de Fauteuils d'Orchestre avec sa délicieuse sole meunière fut bien plus mémorable.
Et Catherine Frot dans tout ça ? Sublîme dans sa robe de grand couturier (comme insistait lourdemment le programme, c'est bon comme ça, je peux voir mon bon point ?) , un jeu parfait devant une salle conquise en mode standing ovation qui n'est venue presque que pour vous, autrement dit le syndrôme "Adjani" -cf. post suivant s'il vient un jour-! Mais son interprétation n'émeut pas, on demeure dans le superficiel, (trop) aérien et somnanbuliste. Elle reste cette femme est en étât de choc après tout et ne laisse jamais éclaté sa douleur ou sa colère, comme le titre de la pièce tout au conditionnel :-/
Si tu mourais, de Florian Zeller; me.s. de Michel Fagadau ; Comédie des Champs-Elyséesà partir du 15 septembre avec Catherine Frot, Robin Renucci, Bruno Putzulu, Chloé Lambert.

Aucun commentaire: