lundi 16 octobre 2006

Je nous aime beaucoup

Ah les week-end à la campagne, c'est le pied surtout lorsqu'on est coincé par temps d'orage à cause d'une noce à laquelle on ne peut échapper. C'est cette expérience appétissante que vivent malgré eux cinq invités dans une demeure du Gers, et l'ambiance est d'autant plus favorable au kaaaaarnaaage que ces 5 visiteurs ne sont guère ravis de se retrouver. D'abord deux générations aux valeurs différentes : Virginie et Laurent, jeunes amants, sportifs, travailleurs et enthousiastes. Et du coté des vieux quinquas et socialistes déçus , une combinaison explosive avec sous le même toit la femme le mari et l'ex-amant soit Nicole, Jean et Maxime.
Tous les ingrédients sont donc réunis pour une guerre des nerfs magistrales pour la plus grande jubilation du public devant une heure et demi de ping-pong verbal entre le camp des idéalistes qui ont toujours raison car ils ont la jeunesse pour eux et celui des anciens, qui ont déjà vécu. Ces désabusés et désenchantés de la société, de mai 68 (aah Nicolas S. aurait apprécié!) et des sentiments.

Quand on n'a pour passer le temps que le papier tue-mouche comme contemplation, écouter les galipettes sonores et sadomasochistes des petite jeunes ou se rendre au marché dévaliser les étals de champignon, les minutes s'écoulent lentement et on ouvre bien vite la boîte de Pandore et devenir fou. a ce petit jeu là, ce Jules et Jim du passé y excelle en revenant sur l'incartade de l'épouse puis son penaud retour, l'occasion d'y apprendre quelques secrets doux-amers d'une frayeur de l'orage à un bébé et l'occasion d'asséner les idéaux oubliés de ses Bobos. "Moi mes élèves, je leur enseigne pour qu'ils votent socialiste mais au final ils finiront comme nous par voter Chirac." s'exclame -t-elle dans une de ses belles répliques.
Des clins d'oeil à l'actualité, la pièce en foisonne pour le plus grand délice du spectateur comme pas mal d'obsessions contemporaines du bio, aux oligos éléments, aux régimes infaillibles incarnés par Virginie pigiste de son étât dans une presse féminine de plus en plus dictatoriale sur l'existence idéal. Bien sûr avec Laurent c'est "the true love" et le jeune homme n'est pas moins le parfait (quoique...) reflet du gendre exemplaire, métrosexuel attentif et dynamique.
Chapeau bas à Aurore Auteuil, la fille de Daniel. Son enthousiasme et sa candeur sont attachants, dés qu'elle entre en scène, les paroles prennent un petit piquant supplémentaire peut-être grâce à la fabuleuse scène de ménage qui clôt la pièce^^;;.
Autre mention spéciale au décorateur. La qualité des décors de ce théâtre m'avait déjà frappé avec "Le meilleur professeur", une satire de l'Education Nationale dans son incurie et folie. On se sent tout à fait dans cette petite cuisine ou verres de vin et tasses de thé s'échangent avec rapidité. Dehors l'eau qui tape sur les carreaux et la lumière changeante du jour et de l'ampoule dans la petite cours plongent réellement le visiteur dans la campagne. Pas besoin d'imaginer, on y est!
Ils s'aiment sûrement beaucoup mais nous nous les adorons pour ces 80 minutes de réflexion grinçante sur notre société post-mitterandienne et les relations orageuses entre Mars et Vénus d'hier et d'aujourd'hui! On en redemanderait même. Plus léger que du Woody mais tout aussi savoureux :) Dans mon top 3 sans hésiter!
Je nous aime beaucoup: Petit Théâtre de Paris, 15, rue Blanche, 75009 Paris

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