mardi 29 avril 2008

Relançons un vieux débat, la suite, mais toujours sous l'arbitrage de Melle Austen

Qui du long-métrage d'Ang Lee, magnifié par la plume d'Emma Thompson, ou de la récente (la troisième) série de la BBC (qui a tous les dix ans des cycles Austen) est la meilleure adaptation de "Raison et Sentiments" ?

Ayant prévu un week-end couch-potato pour me remettre de ma semaine d'insomnie alimentée par ma rotation de matinée ( à 25 ans c'est quand même regrettable quelque part de ne pas savoir se coucher tôt^^;;;), j'ai cédé aux appels de cette nouvelle adaptation austenienne écrite par M. Andrew Davies, responsable de "Orgueil et Préjugés version Colin Firth" et du dynamique "Bleak House" avec Scu...Gillian Anderson.

Lors de sa diffusion en janvier, les échos avaient salué le soin apporté aux décors et un souffle moderne... Bilan entre 9 et 11 millions de spectateurs au fil des trois épisodes mais rien à voir avec le tsunami Firthien d'il y a 18 ans. Bref...aucun indice sur les performances des acteurs qui avaient l'épineuse tache de remplacer le quatuor Emma Thompson, Hugh Grant, Alan Rickman, Kate Winslet. Cela méritait enquête!

Et mon à priori négatif fut agréablement balayé...! et je serai encline à ne pas être aussi sévère avec cette série qu'avec l'oeuvre de Joe Wright. Certes les acteurs malgré leurs talents sont moins mémorables que leur prédécesseurs sur grand écran car un certain charisme leur fait défaut sauf pour David Morrisey (déjà impressionnant dans "State of play" de David Yates, le réalisateur de Harry Potter 5), qui m'a fait entrevoir un autre colonel Brandon, plus fragile, plus présent, plus martial, moins distant et lunaire que celui de Rickman. Mais ces interprêtes ont davantage le physique et l'âge des personnages et donc davantage de crédibilité.

Toutefois, l'actrice qui joue Elinor en a vraiment la grâce et la sagesse et sa cours avec Edouard est plus crédible. On a plaisir à contempler le dynamisme de Margaret (la cadette qui infuse du comique (cf. ses prédictions météo) et d'insouciance dans l'histoire) et la perversité de Fanny Dashwood.

C'est moins réussi avec Marianne, trop moderne dans ses expressions, moins profonde que Winslet, avec Edouard encore plus engoncé que Hugh Grant et Willougby qui inspire un peu vite la méfiance.

Surtout en trois heures, il n'y avait pas besoin de recourir aux raccourcis scénaristiques du film... Au départ j'ai eu l'impression de lire une fanfic tellement je ne reconnaissais pas de nombreuses scènes et puis en rouvrant le roman (que j'ai moins relu que "O & P", mea culpa), je me suis rendue compte que tout n'était pas ajout.

On ne rate plus la confrontation/confession/excuse de Willougby à Elinor même si la série la maltraite en ne retranscrivant pas le bénéfice du doute que lui accorde Elinor.
Le dîner chez les Ferrars montre Marianne monter pour une fois avec justice sur ses grands chevaux pour défendre l'honneur de sa famille.
La présence étouffante de miss Steel qui torture Elinor de ses confidences à répétition
La rivalité entre Brandon, beaucoup moins spectateur et résigné, et Willougby qui s'exprime d'abord dans un échange tendu puis par un duel musclé sur la fin... J'avais oublié cet élément aussi.

Davies revient sur ce qui avait été coupé au montage par Ang Lee : les rumeurs liant Brandon et Elinor qui font souffrir Edouard.

Le seul doute qui subsiste c'est la courte visite d'Edouard à Barton Cottage et sa fuite. Je ne sais plus si cela existe dans le roman. Ceci dit comme avec Darcy, Davies n'a pas tort de le rendre plus présent.

Comme en 1995, Andrew Davies abat avec un malin plaisir la carte de la sensualité. La scène d'ouverture de la série (dont j'adore la musique tout en violon, mais je n'arrive pas à mettre la main dessus) toute à la consommation de la chair est un contresens total de la pensée austenienne mais éveille la curiosité chez le spectateur qui devra attendre le troisième épisode pour connaître l'identité des amants.
La visite du manoir d'Alenham est plus poussée qu'Austen ne le suggérait mais aussi peut-être plus réaliste.

La seule séquence que je déplore est la convalescence de Marianne. Invitée à Delaford, elle s'exerce sur le pianoforte du colonel puis apercevant un faucon dans le ciel descend rejoindre Brandon, qui nourrit le l'oiseau, et lui sourit. What's the point ? La symbolique m'a complètement échappé, s'il y a une bonne et intelligente âme parmi vous, je suis preneuse!

Pour conclure, une mini-série à voir pour ses décors à couper le souffle qui me rappellent le vert de l'Irlande et cette variation des personnages de Brandon et d'Elinor bien que ma préférence reste à Ang Lee.

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