lundi 20 décembre 2004

Madame le Ministre

Au milieu de tout désert, il y a quelque part une oasis même au creux d'une école de journalisme. Entre autre la joie suprême de se faire injurier au téléphone par les personnages héros de votre papier (les multiples lapins qu'ils vous posent ne sont qu'une mise en bouche).
Cette semaine fut apparément un cru formidable entre deux ruades de ces fameux coopérateurs du Poitou, vas-y que je te raccroche au nez ou que je t'explique que tu ne cherches à faire que tu faits divers quand tu fais une enquête sur la sociologie de l'entreprise et que tu es le futur deshonneur de ta profession tout en usurpant ta place à Sciences-Po.
C'est probablement le plus beau compliment que l'on puisse déposer à vos pieds à 11h du matin mais après enduré les gémonies de Michel Tauriac le 3 novembre sur mon absence de déontologie, I really don't care anymore. Peu de gens ayant la chance d'avoir une semaine et 40 euros à claquer dans les 1000 pages des mémoires de l'Amiral de Gaulle sur son auguste père, le Général...
Anyway, le vendredi réservé au journalisme politique a livré une de ses perles vendredi dernier.
L-E. V. s'était proposé de prendre les reines d'un article sur Mme Roselyne Bachelot. Scandal dans le landerneau politique: voici qu'une fidèle de Chirac ulcérée par on éviction du gouvernement et son départ conséquent du ministère de l'environnement et rendue amère par son absence de placard doré (tout le monde ne peut avoir la chance de Luc Ferry au Conseil Economique et Social!) apportait avec enthousiasme son soutien à ce traitre de Sarkozy !
L'incongruité de tels propos ne s'arrêtent pas là. Comment se faisait-il que R.B ne recoive pas juste récompense de son retournement d'alliance et que le p'tit Nicolas comme le grand Jacques lui laissent les mains vides ?
Muni d'un précieux sésame alias le numéro de portable que notre très bonne fée Mme le professeur (v., v. good and clever) nous distribue, L-E. V. part vaillament à la pèche.
Il appelle, Roselyne Bachelot explique qu'elle est en réunion et qu'elle le rappellera aussitôt que possible. Quelques minutes plus tard, c'est chose faîte. Les choses se gâtent lorsqu'elle apprend qu'il est étudiant en journalisme.
"-Comment avez vous eu mon numéro ?"
L-E. V. refuse de révéler la source pour ne pas embarasser notre professeur.
"-Mais jeune homme vous êtes d'une impolitesse et insolence extrème, pour qui vous prenez vous? franchement les journalistes et les medias sont insupportables et incompétents, ils ne comprennent rien à la politique"
L-E. V. s'accroche et propose de la rencontrer pour ne pas lui faire perdre son temps, à l'assemblée ou dans un café
"-Et pourquoi pas chez moi ou dans mon lit pendant que vous y êtes? Comment pouvez traiter aussi une politique de mon acabit (sic) ?, demain je change de numéro de portable, vous n'avez pas honte de me déranger!"
No comment... (et on s'étonne du soupçon d'égoïsme et d'égocentrisme qui pèse sur un bon nombre des membres de la classe politique française...).
Oh si l'angle du sujet a été revu et corrigé: l'attitude des politiques face au journalisme :-) et le professeur avait du mal à cacher la lueur dansante de ses yeux. Pour la petite histoire, Mme R.B lui envoie souvent des textos, et la prochaine fois qu'elle la verra elle ne manquera pas de lui dire "Alors, comme ça on rudoit un de mes élèves?"

Aucun commentaire: