jeudi 2 septembre 2010

La Solitude des nombres premiers

Deux variations sur le même thème. One Day, cité à l'envie ces temps-ci, et La Solitude des nombres premiers se posent la même question. Une amitié nouée dans l'adolescence peut-elle survivre à l'ambiguïté des sentiments, au temps, à la distance, aux errances, aux malentendus, à ces autres qui arrivent dans notre vie ?
L'un y répond avec la légèreté et la confiance anglaise. Emma et Dexter trébuchent, se perdent, se retrouvent tout en traversant l'Angleterre de Thatcher et en découvrant les débuts du blairisme. Et au delà de l'immaturité des héros, c'est le parfum d'une époque qu'on redécouvre. Ils font les erreurs d'une certaine jeunesse dorée et en tirent les leçons. Le désenchantement ne se pare pas forcément de tristesse.
Mais dans La Solitude des nombres premiers du physicien Paolo Giordano, ce n'est pas forcément le cheminement d'Alice et de Mattia qui comptent que leurs blessures secrètes qui les a dès l'enfance exclus. Leur amitié n'est pas lumineuse mais issue de deux solitudes qui se trouvent et se croisent parfois pour s'enfuir à nouveau. Ames soeurs et seules qui cherchent à trouver une raison à leurs traumatismes et à comprendre les autres. Des âmes en écho, douloureuses et incertaines où les mots se brisent sur des hésitations, des silences, des souffrances passées. Pourtant malgré ces personnages marqués (et comment pourrait-il en être autrement pour ces nombres premiers qui ne sont divisibles que par eux mêmes ?), Giordano crée des moments de grâce en silence, d'une touche, d'un geste.
A la lecture du roman et vu son succès en Italie, j'étais surprise de voir qu'un film ne s'était pas emparé de l'adaptation... En fait, la tâche est déjà accomplie. La solitudine dei numeri primi fait partie de la sélection à Venise.
Impossible de trouver des sous-titres en anglais mais je vous laisse quand même la bande-annonce et vous conseille, si votre chemin vous mène en librairie, de tenter cette aventure mathématico-émotionnelle.
A charge au réalisateur d'avoir su se dépêtrer des scènes de scarification parfois crues du livre.

1 commentaire:

Stolvezen a dit…

Tes mots et la bande annonce de l'adaptation cinématographique donne vraiment envie de découvrir cette œuvre :)