mardi 3 mars 2009

Camera obscura 1/2

Le rideau est tombé sur les Oscars et les Césars -au palmarès mitigé pour ce dernier je trouve- et des lendemains de fête et de tapis rouge ne restent que les films distingués, retenus ou primés, qui sont tombés en avalanche dans les salles obscures depuis le début de l'année. Et ce cru printanier a été excellent.


Mention spéciale:
"Les Noces Rebelles" : les critiques anglo-saxonnes et la bande-annonce m'avaient initialement repoussée mais à la faveur d'une séance archi-complète de "Slumdog Millionnaire", j'ai viré de cap. Le drame intimiste de Sam Mendès m'a immédiatement rappelé la moiteur du huit-clos sous tension très théâtral de "La Chatte sur un Toit Brûlant" avec Taylor et Newman (et ses yeux bleus ^^;;;;;), adaptation un peu revue au bon goût du politiquement correct de la pièce de Tennessee William.




"Les Noces Rebelles" suit au microscope la désintégration d'un couple qui s'est fondé sur un immense malentendu et l'attitude bravache et un peu saoule de Léonardo DiCaprio qui ne rêve pas vraiment d'ailleurs. Ce film est plus une immense performance d'acteur, principalement de Kate Winslet qui aurait mérité une double sélection, qu'un long-métrage. Peu importe la mise en scène et les extérieurs, excepté l'ultime rayon de soleil de cette promenade dans les bois, à la "Gladiator", le drame se noue et dénoue dans cette maison banale, idéal décor de théâtre. Et les meilleures et plus intenses séquences sont sans nulle doute celle ou Kate et Léo sortent les griffes, un beau duo sur les planches, mais pas forcément cinématographique ce qui explique que Mendes ait été snobé par l'Académie du cinéma américain. Que l'on retrouve douze ans après le couple de "Titanic" et que les acteurs se soient plus à promouvoir leur collaboration en présentant les "Noces" comme la vie de couple de Jack et Rose s'ils avaient survécu au naufrage du siècle ne manque pas de sel!

"L'Etrange Histoire de Benjamin Button" : Jamais je n'ai pleuré autant au cinéma depuis "Eternal Sunshine of the Spotless Mind". C'est ma grande déception des Oscars, que ce film de David Fincher n'ait décroché que des prix mineurs. Il y a quelque chose dans la mise en scène de cette fresque à l'envers qui pétille, qui jaillit à la Jean-Pierre Jeunet dans Amélie Poulain. Des moments incongrus et hors sujet comme les cinq premières minutes consacrées à cette étrange horloge qui remonte le temps et le salut final rendu aux personnages, ou encore ce retraité qui a une affinité étrange avec la foudre ou le décompte précédant à l'accident de Daisy. Il y a la fantaisie du personnage aquatique et ennuyé de Tilda Swinton.








Il y a le bizarre et le dérangeant de cette vie d'homme qui commence à rebours, vieillard chétif et nourrisson qui écarquille une dernière fois ses yeux sur le monde pour ne plus jamais les ouvrir. L'intemporel et la fragilité de la passion (Stefan Zweig aurait apprécié), dans cette jeunesse et beauté antichambre à la mort. Même si Benjamin est persuadé que Daisy est son âme soeur, il la laisse partir et traverse ses propres aventures et elle fera de même car même si leur rencontre est écrite, il faut attendre que leurs chemins se recroisent à l'automne de leur vie pour les voir se réaliser et se comprendre. Pour que la naïveté de l'un et l'égocentrisme et la beauté fatale de l'autre ne soient plus à obstacle avant une ultime séparation pour des amères retrouvailles, lorsque que Benjamin enfant et sénile ne se souvient plus de Daisy.

Il ya du comique de situation dans ce veillard de dix ans qui passe pour un pédophile à échanger des secrets à une gamine de 10 ans et à cette homme de 40 ans qui vingt ans plus tôt avait refusé ses faveurs pour répondre à un "Veux-tu passer la nuit avec moi", un "Absolument" souriant et détendu.






A l'image de ses films de jeunesse, Brad Pitt montre qu'en plus d'être une belle gueule, il sait aussi à l'occasion bien jouer, poussant une fois n'est pas coutume le talent de Cate Blanchett en retrait.

A suivre... "Slumdog Millionnaire" et "He's just not that into you"




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