dimanche 18 février 2007

Intermède : a tale of two cities, Phnom Pehn et ses environs

Maisons sur pilotis et son tapis de jacinthes d'eau, moyen primaire d'un premier filtrage de l'eau surplombant le pont qui donne accès à la route en "dur". Un des plus jolis paysages ruraux apperçus en Asie avec Sapa au Vietnam.
Le lent trajet du retour fut le bienvenu, une transition en douceur vers l'agitation et le mouvement de la civilisation citadine, pour mettre à part ce que nous avions vu. Bien que l'on soit seulement à une quinzaine de kilomètres de la capitale, la campagne n'avait pas dit son dernier.




Sur la route de sable (presque encore une piste), qui soulevait des nuages de poussière nécéssitant des fenêtres bien fermées, les 'piétons' qui donnaient le plus de fil à retordre étaient les'buffles' aux os saillants. A côté, les écoliers, bien sages dans leurs uniformes à la chemise blanche et pantalon/jupe bleu marine parfois sur leurs bicyclettes, demeuraient fort prudent. Nous avons passé quelques établissements scolaires aux grilles jaune et verte à la peinture écaillée. Pour supporter au mieux la chaleur, l'école commence à l'aube 7h/7h30 pour que la pause midi corresponde aux heures chaudes 11h/14h. Quelques téméraires jouaient dans la cours, la plupart rentraient chez eux tandis que tous les volets des salles de classe étaient clôs. Autre signe familier sur notre parcours mais difficile à capturer furent les enseignes des partis politiques. Bleu à peinture blanche clamant en khmer et anglais "Cambodian People's Party/Parti du peuple cambodgien et plus rarement les formations politiques de l'opposition comme le Partide Sam Rainsy. Un panneau tous les vingts mètres, un rhytme impréssionant quand la vue d'une permanence à Paris n'est pas chose donnée à tous les coins de rue et que les mats républicains ont disparu mais ici une occurence normale. Prouver son militantisme est plus que bien vu, c'est même grandement encouragé.

On se rend très vite compte lorsqu'on se rapproche de Phnom Penh, l'odeur change... La pesanteur et l'iratibilité de la terre sèche laisse place aux effluves d'égoût et de carburants puis les premières barraques en bois ou en béton grossier font leur apparition, les uns agglutinés contre les autres et dépassant peu un premier étage. Légumes, taule jonchent le sol en attendant des acheteurs. Ce qui reste de vert ne sont plus des rizières mais des champs de liseron que les eaux chaudes et pollués de la capitale, ont fait proliférer et qui servira à l'élevage et est vendu à la botte.

Phnom Pehn est une petite capitale à l'aune des échelles de grandeur asiatique, juste deux petits millions d'habitants, mais cela contribue grandement à son charme et constitue une bonne initiation aux règles de vie urbaine du continent.

Arrivées le jour du Nouvel An chinois (fête du Têt au Vietnam), nous avons croisé quelques chars semblables à celui-ci. Ces véhicules et leurs occupants, qui bravent la circulation infernale et revêtent les couleurs et peaux du cracheur de feu, honorent la coutûme chinoise, réservée aux plus aisés, qui fait danser le dragon, afin d'apporter prospérité à la maisonnée.
L'importante communauté chinoise du Cambodge, près de 440 000 individus pour 13 millions d'habitants, assure 90% du commerce du pays et bénéficie de conditions de vie souvent moins rudes .

Vous pensiez que la circulation parisienne était infernale entre couloirs de bus et sens interdits mouvants et bien reconsidérez!
A Phnom Pehn, l'embouteillage est la norme de 9h30 à 22h. Les rues portent un flux inintérrompu de vélos, motos couvertes de passagers (les conducteurs les plus audacieux casent sans souci quatre acolytes !), touk-touk , étrange attelage où moto tire une cariole- camion aux galeries surmontées de squatteur mais encore peu de voitures -biens de luxe-.
L'équivalent de notre Arc de Triomphe avec la Tombe du Soldat inconnu (?)
Un joyeux bazar qui se déplace dans une innocence encore non pervertie des complications du Code Rousseau. Très peu de feux tricolores et de panneaux de circulation, et encore moins de passage piétons ou de motards avec casques -même chez les expats! . Pour traverser, peu d'options: l'attroupement ou les jambes à son cou, faudrait quand même pas penser que face aux motorisés, vous bénéficiez de quelques droits que ce soit!
La nuit, la tâche se complique avec la parcimonie de l'éclairage publique -Jack l'Eventreur aurait apprécié l'ambiance obscure de certaines rues- et de trotoirs sauvages et défoncés. Avec le déambulateur, c'était tous les jours rally! 'Fin moralité, c'est peut-être là-bas que je devrais passer mon permis !
A gauche les berges du Tonlé Sap, "rivière d'eau douce", un affluent du Mékong, et lieu de rendez-vous des amoureux. Admirez également l'armée des deux roues!
Outre la violence de la circulation, ce qui frappe c'est la pollution. Une chappe moîte enveloppe la celle, qui fut dénommée autrefois la perle de l'Asie. Le soir, les trotoirs sont recouverts des détritus, papiers gras, pailles, fruits écrasés des térasses des restos. D'ailleurs, l'eau des robinets n'est pas potable. Une contrainte à laquelle le touriste peut remédier mais l'habitant a-t-il les moyens d'enrichir le chiffre d'affaires de multinationales comme Nestlé ou Pepsi, qui écoulent des milliers de petites bouteilles de La vie ou Aquafina ?
Les fiancés les plus romantiques de Phnom Pehn, l'éléphant et son cornac. Ce sont des célébrités des bords du Tonlé Sap, ils s'y promènent tous les jours et c'est étonnant de voir comment la circulation éffrénée laisse de marbre le pachyderme! Chapeau! (et moi je n'aurai jamais vu un ami de Jumbo de si près ^___^)
Architecture coloniale probablement la poste (à vérifier quand même car j'écoutais d'une oreille distraite!).
Autre élément dépaysant, la numérotation des rues. Point de noms éxotiques à vous faire tourner la tête, juste une logique mathématique, rue 3, rue 45 etc...une logique mathématique atténuée par l'humilité de la ville, encore épargnées par les buildings ou les tours. Juste des immeubles d'une poignée d'étages. Les souvenirs de la colonisation sont encore là. Les vieilles villas à la française sont devenues un refuge de la spéculation immobilière, une coquêterie distinguée sans compter que ces mignonnes se trouvent dans le quartier des diplômates et des ONG !
Notre découverte de la capitale s'est achevé sur une ronde autour du stupa de la fondatrice de Phnom Pehn, Daun Pehn (grand-mère Pehn), une riche veuve, qui contrinua peut-être à l'édification, au quatorzième siècle, du temple de la colline (Wat Phnom), qui abrite cinq statues de Boudha Pour accéder au mausolée, il faut escalader une volée de marches à flanc de colline mais nos petits peids n'en avaient plus la force alors nous avons choisi la facilité : le tour de voiture. A noter, la première apparition du Nâga, ce serpent mythologique à sept têtes !



Un aperçu de notre étape suivante, le musée national de Phnom Pehn et son magnifique jardin...Cela arrivera un peu de chance avant le mois prochain (déjà que j'imaginais cette deuxième entrée relativement concise!). J'en profite d'ailleurs remercier tous mes gentils lecteurs. Merci de votre patience et enthousiasme !



Phnom Pehn 1/2 : Tuol Sleng (S21) et Choeung Ek, sur les traces du génocide des Khmers Rouges.

Les premiers pas, les premières lignes d'une dissertation sont les plus difficiles. Sans doute, est-ce pour cela que c'est aussi tardivement que je me lance dans cette entreprise hasardeuse qu'est ce carnet de voyage asiatique, qui risque de m'occuper plusieurs semaines, à supposer qu'il échappe à l'abandon comme jadis ma collection de timbres ou de fèves... ou que vous me suppliez de changer de registre après une dizaine de posts sur le même sujet. Cette première entrée est d'autant plus lourde à rédiger -et j'ai beaucoup hésité à l'écrire, comment n'être pas complaisant à l'égard de la violence et comment trouver les Mots?- que notre visite introductrice fut le Musée du génocide Tuol Sleng, l'ancienne prison, lieu de détention, d'interrogation, de torture et d'exécution, des Khmers rouges, S21 (Sécurité 21).
Ma mère et moi tenions à accomplir cette étape. Le voyage entrepris en Pologne avait soulevé beaucoup de questions relatives à la transmission de la mémoire de la Shoah et des autres génocides qui ont entaché le XXème siècle alors que les témoins de ces événements disparaissent. Comment transmettre leur mémoire aux générations suivantes pour qu'ils ne soient pas oubliés ? Pour que les engrenages ayant mené à ces bains de sang et de cruauté soient disséqués et jugés ? Tuol Sleng fut également le point de départ de cette marche à travers le Cambodge et le Vietnam. Ma mère a, en effet, fait partie du groupe de travail, qui a aidé Rithy Panh à créer son Centre Bophana de Ressources Audiovisuelles du Cambodge, inauguré le 4 décembre dernier (date originelle de notre voyage) et qui permet aux Cambodgiens de consulter les archives collectées sur leur pays sous forme vidéo, audio ou photographique.

Cette matinée passée à déambuler dans les bâtiments de cet ancien lycée fut particulièrement éprouvante, outre la dureté des lieux, chaque pièce évoquait/invitait les souvenirs de Pologne.
L'entrée de Tuol Sleng, vue de l'intérieur.
Même la nature n'a pas, semble-t-il, voulu alléger l'atmosphère sinistre qui pèse sur cette ancienne prison. Tuol Sleng a une double signification menaçante : la Colline empoisonnée (des plantes vénéneuses entrant dans la composition des poisons y poussaient, je crois) et la Colline de ceux qui connaissent leur culpabilité. Tuol Sleng a fonctionné dès l'entrée des Khmers Rouges dans Phnom Penh et l'évacuation générale et forcée de ses habitants qui s'en est suivie le 17 avril 1975. Il fut interdit aux non -abilités de pénétrer dans le quartier et les blocs de maison voisins du lycée, qui deviennent une enceinte extérieure de la prison, comme elle recouverts de barbelés.
Contrairement aux Nazis, les Khmers Rouges n'ont pas eu le souci de la mascarade de leurs actions, ni la logique implacable et les pseudos justifications scientifiques aux fondements racistes. Dans les camps en Pologne, ce qui prenait à la gorge, c'était cette obsession de l'ordre, l'industrialisation de la mort et la volonté de dépersonnaliser et déculpabiliser les officiers, qui ne tuaient plus directement en appuyant sur la gachette une fois la Solution finale mise en marche à Wannsee en 42. Ici, c'est une violence anarchique qui paralyse. Deux stratégies différentes mais aussi cruelles et sanglantes. De nombreux prisonniers ont été conduits à Tuol Sleng parce qu'un membre de leur famille y était déjà retenu ce qui imposait une éradication systématique de la famille. Le port de lunettes étaient souvent synonymes de condamnation à mort car considéré même chez les enfants comme la marque des intellectuels. Arrestation automatique dès que l'on passait pour un mauvais élément, un soupçon d'individualisme suffisait.

Ainsi parmi les 17.000 victimes de Tuol Sleng et les 1,2 à 1,7 millions de Cambodgiens tués (un habitant sur cinq), figurent souvent des soldats déserteurs ou d’anciens membres et cadres des Khmers Rouges considérés comme ‘déviants’, une charge à la définition extrêmement large, et plusieurs gardiens de la prison. Des adolescents de 10 à 15 ans, sans famille, endoctrinés par leurs aînés et supérieurs, qu'ils dépassaient souvent en violence et imagination des moyens de tortures. Parce qu'ils avaient, par exemple, faim et dérobaient des rations, ils ont connu le même sort que leurs captifs. A Tuol Sleng, donc, pas de destruction des bâtiments et des preuves, pas de fausses apparences (comme les douches), pas d'organisation méticuleuse et mathématico scientifiques (à l'image de la symétrie terrifiante de Birkenau), la violence directement.
Bâtiments des cellules. Au rez de chaussée, les cellules d'isolement en mur de briques.
Dans les salles de classe du rez-de-chaussée, les pièces de la torture, les lits et les chaînes rouillées ainsi que les jerricanes pour faire les besoins sont restés. Le carrelage est toujours maculé de tâches sombres et par moment on a même l'impression qu'une odeur particulière plane encore. Quand on pénètre dans les grandes salles, on débouche sur des galeries de photographies des prisonniers prises à leur admission et à leur mort (rien n'est dissimulé des mutilations). Rien que ce portrait constituait un acte de torture initiale. Le détenu étant maintenu droit par une espèce de corset électrifié. Aux murs des peintures de Vann Nath, peintre prisonnier et un des sept survivants de S21 ayant travaillé de manière forcée pour les dirigeants Khmers rouges, qui retranscrit les scènes de torture dont il fut le témoin. Dans la cour, même ton cru, potence et vases étouffants n'ont pas bougé.

En face, on débouche dans les cellules. Au rez-de-chaussée les cloisons ont été abattues pour que les surveillants traversent sans encombre les pièces divisées en une myriade de petits rectangles de brique de 1,5 m3 où 'vivaient' les prisonniers dépouillés de tous leurs effets personnels hormis leurs sous-vêtements de peur qu'ils se suicident. Les occupants des cellules de brique étaient enchaînés au mur mais les détenus des étages supérieurs avaient leurs chevilles attachées à une longue barre de fer en rang d’ognons, ce qui rendait tout repos difficile.

Nos pas, avec l'aide d'une voiture, nous ont ensuite portées à Choeung Ek (les Killing fields) à quinze kilomètres de la capitale où avaient lieu les exécutions des prisonniers, rarement tués par armes à feu, les balles étant trop précieuses. Tout est livré dans sa brutalité: le rôle assassin que chaque arbre, chaque branche de bambou ont joué, l'emplacement de chaque entrepôts où étaient bâillonnés et maintenus dans le noir, les condamnés.

Stupa (mausolée) de Choeung Ek construit en 1988. Des moines prient et viennent régulièrement maintenir les urnes d'encens afin d'apaiser l'âme en colère des disparus.
Pèsent également, les non-dits. Le deuil est délicat. Non seulement les traumatismes remontent à une trentaine d’année à peine mais de fortes chances existent que les Cambodgiens n'aient pas leur Nuremberg, la majorité des dirigeants Khmers et camarades de Pol Pot sont morts de vieillesse à l'image de leur chef, peu inquiétés. Tout n'est que pointillé, nos guides n'ont jamais fait directement allusion à l'impact des années khmers dans leur jeunesse et enfance, mais les souffrances de cette époque sont là : l'un orphelin vivant parmis les moines bouddhistes, l'autre qui n'a jamais revu son père après le 17 avril et qui passa de dures années dans les rizières.

Centre Bophana de Ressources audiovisuelles
Tuol Sleng, photographies des prisonniers
Les Cambodgiens auront-il leur Nuremberg ? (Article de Marianne)
Coté littérature, le Portail de François Bizot (Article de Lire)

samedi 17 février 2007

Deux petites bandes-annonces pour la route...

...en espérant que Morphée et courage rédactionnel viennent me trouver par la suite, voici la moisson des distractions de mes recherches.

Pour célébrer le programme du CAPES d'anglais qui met à l'honneur cette année ce chef d'oeuvre qu'est Orgueil et Préjugés (hélas dans sa version cinématographique Joe Wrightienne, personne n'est parfait), voici M. Darcy et Elizabeth Bennet, revisités à la sauce excellente d'Harry Potter.



Choix des images et montage impecables, on y croirait presque à cette rencontre des personnages de Jane Austen et JK Rowlings! Je salue dans les choix de la distribution Dumbledore en M. Bennet et McGonagall en hystérique Mama Bennet.
Et pour Lisso, sache que cette personne a eu la bonne idée de récidiver avec la BA de Stranger than Fiction/Harold Crick ! pas mal du tout quad tu vois qui remplace Emma Thompson :)

Last but no least, un petit retour sur la carrière de Cate Blanchett née pour jouer les reines et souveraines intraitables dans un de ses rôles clés, Elizabeth. Le film est rempli d'anachronismes et d'inexactitudes historiques mais avec une telle voie suave, Cate n'a pas de mal à convaincre qu'elle incarne une monarque impitoyable.

L'Avare (et Ionesco au theâtre de la Huchette)

FROSINE: Elle ne peut souffrir du tout la vue d'un jeune homme; mais elle n'est point plus ravie, dit-elle, que lorsqu'elle peut voir un beau vieillard avec une barbe majestueuse. Les plus vieux sont pour elle les plus charmants, et je vous avertis de n'aller pas vous faire plus jeune que vous êtes. Elle veut tout au moins qu'on soit sexagénaire; et surtout, elle est pour les nez qui portent des lunettes.(...)
HARPAGON : Ne vous offensez pas, ma belle, si je viens à vous avec des lunettes. Je sais que vos appas frappent assez les yeux, sont assez visibles d'eux-mêmes, et qu'il n'est pas besoin de lunettes pour les apercevoir; mais enfin c'est avec des lunettes qu'on observe les astres
Longuement désiré (combinaison magique de pièce étudiée en classe+grand comédien Michel Bouquet) et tardivement chroniqué en point d'en être réduit à des souveirs disparates et triviaux, c'est le triste sort réservé à l'Avare. Une négligence injuste de ma part car cette adaptation a brillé de tout feux et mérite la palme d'or de la meilleure pièce vue en 2007.
En effet, pour des raisons de flemmitude aïgue, on ne mentionnera ici ni Eva avec Niels Arestrup, très moyen, ni la mémorable 15000 ème représentation de la Cantatrice Chauve et de la Leçon de Ionesco au théâtre de la Huchette (très bien et au cadre eceptionnel, quoique 1 ).
En deux mots de cette pièce, il faut s'exclamer : Ave, Amen, Vive Michel Bouquet!
Il EST Harpagon. Bluffée j'ai été. Vouté, les mains tremblantes, la voix enrouée et prise, le souffle au bord de l'apoplexie dés que son esprit paranoïaque enregistre un intérêt trop vif à sa cassette, le petit regard en coin suspicieux, les rondes de guêt... Un délice qui se fait attendre comme le dessert. Sa seigneurie Harpagon n'apparaît qu'au bout de la seconde demi-heure mais qu'importe, on le connait déjâ par les portraits peu flatteurs qu'en dresse sa maisonnée.
Une demi-heure nécéssaire pour permettre aux autres comédiens de briller (seule deception, Mariane assez inssipide). Les amants éplorés Elise et Valère déboulant par les escaliers de cette scène circulaire impréssionnent. Le numéro d'intendant modèle et faillot de Valère pour entrer dans les bonnes grâces dde son futur beau-père en convaincrait plus d'un. Autre moment d'anthologie sa déclaration d'amour pour Elise confondue par Harpagon avec des aveux de vol de la sacro-sainte cassette, caréssé et bichonnée avec sensualité par le vieillard. Je n'avais pas le souvenir que ce qui-pro-quo était si long et à chaque nouvelle courbe, la surprise et la drôlerie étaient intact comme à la première lecture.
HARPAGON: Mais, dis-moi, qui t'a porté à cette action?
VALÈRE: Un dieu qui porte les excuses de tout ce qu'il fait faire: l'Amour.
HARPAGON: L'amour?
VALÈRE: Oui.
HARPAGON: Bel amour, bel amour, ma foi! L'amour de mes louis d'or.
VALÈRE: C'est un trésor, il est vrai, et le plus précieux que vous ayez sans doute; mais ce ne sera pas le perdre que de me le laisser. Je vous le demande à genoux, ce trésor plein de charmes; et pour bien faire, il faut que vous me l'accordiez. Nous nous sommes promis une foi mutuelle, et avons fait serment de ne nous point abandonner.
HARPAGON: Le serment est admirable, et la promesse plaisante!
VALÈRE: Oui, nous nous sommes engagés d'être l'un à l'autre à jamais.
HARPAGON: Je vous en empêcherai bien, je vous assure.
VALÈRE: Rien que la mort ne nous peut séparer.
HARPAGON: C'est être bien endiablé après mon argent.
VALÈRE: Je vous ai déjà dit, Monsieur, que ce n'était point l'intérêt qui m'avait poussé à faire ce que j'ai fait. Mon cœur n'a point agi par les ressorts que vous pensez, et un motif plus noble m'a inspiré cette résolution.
HARPAGON: Vous verrez que c'est par charité chrétienne qu'il veut avoir mon bien; mais j'y donnerai bon ordre; et la justice, pendard effronté, me va faire raison de tout.
VALÈRE: Vous en userez comme vous voudrez, et me voilà prêt à souffrir toutes les violences qu'il vous plaira; mais je vous prie de croire, au moins, que, s'il y a du mal, ce n'est que moi qu'il en faut accuser, et que votre fille en tout ceci n'est aucunement coupable.
HARPAGON: Je le crois bien, vraiment; il serait fort étrange que ma fille eût trempé dans ce crime. Mais je veux ravoir mon affaire, et que tu me confesses en quel endroit tu me l'as enlevée.
VALÈRE: Moi? je ne l'ai point enlevée, et elle est encore chez vous.
HARPAGON: Ô ma chère cassette! Elle n'est point sortie de ma maison?
VALÈRE: Non, Monsieur.
HARPAGON: Hé! dis-moi donc un peu: tu n'y as point touché?
VALÈRE: Moi, y toucher? Ah! vous lui faites tort, aussi bien qu'à moi; et c'est d'une ardeur toute pure et respectueuse que j'ai brûlé pour elle.
HARPAGON: Brûlé pour ma cassette!
VALÈRE: J'aimerais mieux mourir que de lui avoir fait paraître aucune pensée offensante: elle est trop sage et trop honnête pour cela.
HARPAGON: Ma cassette trop honnête!
VALÈRE: Tous mes désirs se sont bornés à jouir de sa vue; et rien de criminel n'a profané la passion que ses beaux yeux m'ont inspirée.
HARPAGON: Les beaux yeux de ma cassette!
Admirable également mais aux antipodes de Valère, le fils de la maison, Cléante. Dandy et dépensier autant que son père est pingre. Judicieusement de cuir vétu, le parfait métrosexuel dirait-on aujourd'hui: cheveux longs et taille de mannequin avce nombre de franfreluches en bagues et chaînettes. Pas question pour lui de se montrer aussi conciliant lorsqu'il s'agit d'obtenir la main de sa dulcinée Mariane que convoîte Harpagon. Un fils sans scrupule à piéger son père et ourdire le vol de la cassette. Un vol rendu délicieux par la malice du valet de la Comedia Dell'Arte, La Flèche, et un décor où se cachent habilement double porte, double volées de marche, une fenêtre et son gravier pour espionner et dissimuler. Comment rester sobre mais utile dans l'utilisation de la scène.
Ce qui nous amène au Monologue (peut-être pas le plus célèbre de la littérature française mais presque) ! Michel Bouquet est attendu au tournant et il assume. Voix brisée, gémissements et convulsion à terre, on a envie d'appeller le SAMU tant on craint pour le myocarde du pater familias. Un "Oh Voleur" plus que physique et passionnel que je n'avais pas du tout envisager comme cela. Cette déclaration d'amour emporté et constat de vol est déchirante, et se rapproche très près des "Precious" compulsifs de Gollum dans le Seigneur des Anneaux, on en redemande !
Enfin cette entrée ne pourrait se conclure sans l'hommage dû aux deux meilleurs rôles après celui d'Hapagon: les chevaux! et leurs têtes henissantes... Ces deux bestioles bipèdes pour l'occasion ont achevé de me faire rire pendant tout le dernier acte et sont parvenus à faire oublier les fins toujours roccambolesques, rapidement expédiée et baclée des comédies de Molière. Et puis comme dans le théâtre du siècle de Louis XIV, le rideau tombe sur le retour Deus Ex Machina, de la cassette tombant du ciel pour se nicher dans l'étreinte anxieuse de l'Avare. Allelujah !, Allelujah!...

L'Avare de Molière, au théâtre de la Porte St-Martin à Paris. Mise en scène : Georges Werler. Avec Michel Bouquet, Sophie Botte, Juliette Carré, Benjamin Egner, Sylvain Machac, Jacques Echantillon, Marion Amiaud, Fabienne Vette, Bruno DeDebrandt et Jacques Bleu.
1 : Quelques lignes quand même sur Ionesco et la Huchette. Cinquante ans que la Cantatrice Chauve et la Leçon sont jouées sans interruption. Et le 16 février, journée anniversaire par excellence, se donnait la 15 762e avec toute la distribution d'origine restante. Si jamais vous passé par le 5ème, n'hésitez pas à y aller, le quartier est fascinant (ah le caveau de la Huchette *___* ) et vous ne verrez plus jamais une cours particulier de la même manière... !
Et maintenant, en route vers l'Asie ! ...en attendant les prochaines échéances théâtrales que seront Cyrano de Bergerac et Sur la Route de Madison... ah Delon et Darc tout une époque pour ma maman !

Bons baisers d'Asie

Angkor Wat



Huit mois après mes tribulations au Maroc, il est temps pour moi de reprendre mon baton de pélerin et d'inaugurer un nouveau carnet de voyage mais cette fois, direction l'Est. Je pars pour trois semaines au Cambodge et au Vietnam.

Dire que je suis excitée serait un euphémisme même si cet enthousiasme se teinte d'un peu de crainte. De toute ma vie, je ne serai jamais partie aussi loin (les records précédents incluaient la Turquie d'un côté et le Mexique de l'autre)!

Pour les curieux, voici le programme et donc un petit apperçu de ce que vous pourrez attendre dés mon retour le 8 mars, en images comme en blabla.

18-20FEVRIER : PHNOM PENH
20-23 FEVRIER : SIEM REAP (Angkor)
23-25 FEVRIER : SAIGON
25 FEVRIER : SAIGON- CAI BE- BINH LONG- CANTHO
26 FEVRIER : CANTHO- SAIGON- DANANG- HOIAN
27 FEVRIER : HOIAN
28 FEVRIER : HOIAN- DANANG-HUE
01 MARS : HUE- HANOI
02 MARS : HANOI- HALONG
03 MARS : HALONG- HANOI- LAO CAI
04 MARS 2007 : LAO CAI- BAC HA- SAPA
05 MARS 2007 : SAPA- LAOCAI- HANOI
06-07 MARS 2007: HANOI

Baie d'Halong à l'aube
Si vous pouvez avoir une pensée pour moi le 20, 23, 26 février et le 1er mars, je vous en serai rconnaissante. Ce sont toutes les fois où nous prenons l'avion sur des lignes intérieures et je suis une grande avionphobe^^;;;.

See you soon et prenez soin de vous :)

jeudi 15 février 2007

Early birthday gift :)


C'est un sympathique cadeau que de recevoir pour son anniversaire ou presque (J-1!) le titre de directeur de la rédaction :)

Apparément c'est la sympathique surprise que l'on vient d'offrir à mon vénérable père. J'suppose que ce sera donc doublement la fête ce soir, indirectement comme je suis très contente pour lui, c'est une agréable nouvelle le jour de mon propre jour J ^__^

Merci Sarah (informée par Noémie) et Noémie de la fuite, cela l'a un peu étonné que les nouvelles voyagent si vites !




DJ nommé directeurde la rédaction de France
Soir
NOUVELOBS.COM 15.02.2007 15:45

Conseiller éditorial depuis janvier, DJ remplace François Mattei à la tête du quotidien. Le conseiller éditorial de France Soir DJ a été nommé directeur de la rédaction du quotidien, a indiqué le journal jeudi 15 février dans un communiqué. DJ a déjà travaillé à France Soir de 1961 à 1963 en tant que secrétaire de rédaction.