Une pièce dont à ma grande honte mais au soulagement des courageux visiteurs qui lisent mes longs compte-rendus, je ne pourrais pas dire grand chose vu que je me suis assoupie à deux reprises^^;;; Pour ma défense, mon pooopa a rencontré et cédé à la même tentation de Morphée!
Pourtant l'idée de voir monologuer Nathalie Baye sur scène me tenait fort éveillée lorsque le rideau se leva. Surtout, je venais d'apercevoir Mimi Mathy et son mari venir soutenir leur toooppinnne, or pour une fois que je reconnais un "people", la bonne humeur ne pouvait qu'être de mise.
Sur le papier, une idée saugrenue, le mélange de l'huile et du vinaigre. Dans "Zouc par Zouc", la blonde, filiforme et posée Nathalie Baye incarne Zouc, Isabelle von Allmen cette comique suisse rondelette, toujours flanquée d’une robe noire, aux longs cheveux raides, aux grands yeux noirs, aux intonations distinguables entre mille mais que je ne connais que pour sa caméo dans le clip de Mylène Farmer, Sans Contrefaçon (on a les références qu'on peut^^) où elle interprétait la gitane inquiétante mais tendre qui donne vie au pantin.
La transfiguration du N en Z, d'autant plus brillante et mémorable que Nathalie n'avait pas posé un pied sur les blanches depuis plus de dix ans et que Zouc a disparu de notre paysage depuis presque de deux décennies, rongée par la maladie et a mené une vie souvent éprouvante avec un courage remarquable. ET ce sont ces luttes qui forment le coeur de la pièces, ses confidences qui s'animent sous la plume du journaliste Hervé Guibert, emporté par le sida en 1991.
En 1974, elle lui confie à 24 ans- lui 19- à la terrasse d’un bistrot, huit après-midi durant, son enfance sur le fil du rasoir où elle se croit être la tare de sa famille. Môme, elle admire les morts dans leur chambre, se galvanise des horribles drames de son entourage et rêve de « marier un paysan ». Ce qui lui faudrait dix-huit mois d'internement sous l'autorité de ses propres parents. Là dans ce mouroir des esprits égarés, elle apprend à faire comme les autres, à être comme eux, se cultivant des rituels, des monomanies... puis son arrivée à Paris et les rencontres providentielles qui l’ont conduite à se dépasser sur scène.
Mais alors que toutes les conditions sont réunies pour nous retourner les tripes, l'encéphalogramme de l'émotion a le tracé désespérément plat. La faute n'en revient pas au peu de ressemblance physiques entre ces deux grandes dames mais à une mise en scène minimaliste qui voit Baye timidement sauter de chaise en chaise et triturer un petit kleenex, la voix et la présence monocorde devant un écran lumineux qui tourne de temps en temps au rouge avec toutes les demi-heures un riff de guitare sans compter la figuration muette incompréhensible de Philippe Hérisson sensé probablement symboliser Hervé Guibert mais qui ne pipe pas mots et qui est totalement inutile...
Le rare mérite de ce spectacle décevant est d'avoir fait sortir de l’oubli une grande artiste au destin cabossé. Ça n’est déjà pas si mal... sans oublier le clou de cette heure au moment des rappels . Un étudiant en théâtre trop chou (vague tige blanche à gauche sur la photo) et balbutiant d'admiration pour la talentueuse Nathalie (point noir en contre-jour sur l'écran, si, si! Vous remarquez que mon appareil photo téléphonique est toujours aussi serviable et performant!), s'est avancé timidement sur scène et lui a galamment remis un bouquet de fleurs. Elle était tout rougissante.... Cro, cro mignon !
Zouc par Zouc mis en scène par Gilles Cohen avec Nathalie Baye. Au théâtre du Rond-Point à Paris, jusqu’au 30 décembre 2006