samedi 23 septembre 2006

La dernière nuit pour Marie Stuart

Si la vanité et la luxure sont un péché, alors j'ai fauté! Pendant des mois, l'affiche placée sur le kiosque au croisement de l'institut du Monde Arabe et de Jussieu n'a céssé de me faire des propositions indécentes. Un serpent tentateur qui tient en neuf mots La dernière nuit pour Marie Stuart avec Isabelle Adjani. Le chien pavlovien qui sommeille en moi s'est aussitôt mis à saliver...

Quoi la sublîme interprète de la Reine Margot (pour tous ceux qui en doutent ou qui ne tombent pas sous le charme de -l'anatomie, ahem- de Vincent Perez, le visionnage de la scène du mariage est impératif ou comment le oui est arraché des lèvres de Marguerite de Valois par le poing décidé de Charles IX. Pour mémoire, j'avais même désobéi à la loi, âgée de 11 ans, j'avais déclaré la main sur le coeur en avoir 12, c'était l'époque où on me donnait encore le bon dieu sans confession!) allait préter son visage à la mythique reine d'Ecosse (et de France et d'Angleterre ce qui causa sa perte), épouse éphémère du non moins bref roi de France, François II (et donc belle-soeur de Margot vous suivez ?^^), meurtrière de son deuxième mari, amazone inconsciente et pourtant mère du future roi d'Angleterre, mais qui à force de complôts maladroits et caballes fut décapitée sur ordre de sa cousine Elizabeth I et où le bourreau maladroit s'y repris à trois fois (eeerk) ? Autrememnt deux de mes passions là encore en un même lieu !

Toute l'année j'ai résisté vaillement, pretextant le prix des places ou la qualité incertaine de la pièce composée par un auteur méconnu alors que sur le même sujet Schiller, lui-même, avait écrit! Et puis lorsque vinrent les feux de la rentrée théâtrale, une succession de couvertures glamour par les démoniaques Figaro Magazine et Paris Match eut raison de ma lucidité et je craquai. Pourtant l'absence de générales pour les critiques et le titre laconique d'une dépèche AFP, inhabituellement cassante ("Adjani triomphe dans Marie Stuart malgré un texte faible") auraient dû m'alerter mais qu'importe quand on adore, on devient fou!

Arrivée au Marigny, nous sommes accueillies comme des princesses avec programme soigné et rempli de publicités qui nous laisse entreapercevoir des costumes enchanteurs tandis qu'en face de nous se dresse la scène, un imposant mur-prison-citadelle tout en rouge sang.

L'instant où Isabelle apparaît le public laisse passer un souffle puis l'applaudit avant de retomber dans la surprise de son apparence. Campant une reine emprisonnée au crépuscule de sa vie, elle est méconaissable : petite vieille vétue d'une chemise d'aliénée, la figure arrondie, le cheveu sale...

Comme je le craignais, la prose de l'Allemand Wolgang Hildesheimer est insignifiante et soporifique, trop dans l'introspection. Où est le drame, la tension, le dilemne, la tragédie ? sûrement pas dans les personnages secondaires complètement bâclés à l'exception du préparateur et de l'assistant du bourreau (un ex du Stade Français) qui étant muet n'a aucune ligne inutile à délivrer ce dont le spectateur lui est reconnnaissant.

Heureusement il y a la reine Isabelle qui choisit avec brio le registre de la suppliciée ayant rendu son âme à la flamme de la folie : de la rédaction d'un testament sans cesse interrompu à la procession mortuaire de ces chiens empaillés dans leurs cercueils au fond bien plus fidèles et aimant que ses serviteurs... Souvent poignante qu'on passe outre les faiblesses du reste. Comment ne pas voir Isabelle plutôt que Marie lorsqu'Adjani lance à la foule/public venu admirer son exécution : "tout le monde a ici une idée préconçue de moi, ils croient savoir qui je suis et ils se trompent", "Ne me regardez pas. Mon corps, mon visage. Je ne me reconnais plus." ou "les rumeurs m'ont tuée."... dans ce moment les cordes de notre émotion frémissent. A d'autres moments sa voix de braise sans larme frappe par sa monotonie et on aurait apprécié moins de retenue, d'appels à Dieu et à la raison.

La garde est baissée seulement dans les dernières répliques lors de la préparation mortuaire, qui voit le lynchage du pharmacien pour cause de confession non catholique, les adieux de Marie, qui au moment de poser sa tête sur le billot dans sa robe blanche d'où on enlève la fraise fait le saut de l'ange avant que le rideau-hâche ne tombe sous un tonnerre d'applaudissements.






Oui je vous assure, c'est bien Isabelle Adjani la dame blanche et floue au centre de mon objectif hiératique!
Car au fond, nous ne sommes venues que pour elle, et c'est tout à son honneur d'insuffler passion et talent dans un texte invisible et d'arriver à nous faire trembler. Très vite les camarades d'Adjani lui abandonnent la scène pour un long salut-communion avec les spectateurs.

Et même si je suis un peu déçue, je ne regrette point mon moment d'égarement: Isabelle, si tu joues Phèdre, Andromaque ou Médée je serai là ^________^

jeudi 21 septembre 2006

Si tu mourais... (ou l'éloge du mensonge).

...de déception.


Dans un monde parfait, cette entrée, représentative du mois de septembre placé sous le signe de la rentrée théâtrale, aurait dû voir le jour bien plus tôt. Outre les aleas de la vie quotidienne (existe-t-il une loi pour me dire que mes rentrées seront toujours chaotiques avant que le délicat souffle de décembre, janvier me remette sur pied ?^^), j'ai longtemps repoussé une série de posts qui ne m'enthousiasmaient guère tant ma déception fut proportionellement inverse à mes attentes.
Depuis que j'avais entreapperçu cette affiche bleue au coin d'une rue, dotée de ce titre si énigmatique avec une sympathique distribution -Catherine Frot m'a toujours bluffée sur grand écran depuis un Air de Famille- et le distingué auteur de la pièce : l'iconique Florian Zeller. Un p'tit gars d'à peine la vingtaine, les cheveux blonds en pointe de gel, déjà prof de littérature à Sciences-Po (R.D aura toujours un talent fou pour dénicher les coups médiatiques qu font apparaître le 27, rue St Guillaume dans les colonnes de la presse).
Cepremiers romans et pièces de théâtre lui ont valu quatité d'éloges et prix tels que l'Interallié en 2004 pour la Fascination du Pire. De lui j'avais adopté sa deuxième comédie, le Manège, en 2004 et dont malheureusement ne me restent que des souvenirs fuyant et l'impression d'avoir beaucoup ri (et vu VGE à moins de 20 mètres...) ou comment deux couples changeaient perpetuellement de rôle dés lors qu'un homme s'invitait dans l'appartement de la femme qu'il a aimée. Bref je tannais mon père pour qu'il m'y embarque.
(c) Cliché myope de mon téléphone portable :, heureusement que C. Frot est en robe pour que l'on puisse la localiser :p
D'autant plus que "Si tu mourais" promettait beaucoup : une fable inédite et flamboyante sur le couple en suivant l'air connu de l'épouse devenue veuve qui découvre tout d'un coup que son mari n'était peut-être pas l'homme qu'elle croyait. Pourquoi ce brillant romancier écrivait-il sur un homme meant une double vie, pourquoi trouve-t-elle le nom d'une jeune commédienne au doux nom de Julie Dame (Chloé Lambert est la merveille de ce spectacle^__^, tant de passion et d'angles) dans ses papiers? Dés lors, elle cherche alors à connaître la vérité, mais celle-ci la fuit à mesure qu'elle avance dans son enquête et le spectateur d'être promené du passé au présent. De ses réminescences des dernières soirées passées en compagnie de son mari, qui révèlent toute leur part d'ambiguité surtout quand les questions de Catherine Frot restent sans réponses face à un esprit fantôme souriant incarné par Robin Renucci, aux confessions peu éclairantes du meilleur ami secrètement amoureux en passant par les révélations à tirroir de la maîtresse, qui avoue, se rétracte, se livre tant et si bien que le rideau tombant le doute nous saisit face à l'évidence... et c'est bien le hic car seules les ultimes minutes de cette banale histoire d'adultère bourgeois nous palpitent le coeur.
Le reste du texte est terne, relévé de temps en temps par des petites piques qui nous décochent un frissonement des lèvres avant que l'on retombe dans le lieu commun. Un livret que les acteurs peinent à ranimer... où est la légèreté de Manège ? Je serai bien incapable de citer un passage mémorable. Seule la confrontation de l'épouse trahie et la maîtresse sur ses gardes crie la vie comme le chantent Mimi et Moby. Face à Renucci et Putzulu transparents, les étincelles frémissent lorsque Catherine Frot donne l'impression de vouloir séduire sa rivale ou lorsque celle-ci avoue un verre, un dîner puis un retour en taxi, puis un dernier verre...
Au final ma soirée a suivi le même chemin, le dîner post-théâtre dans la brasserie de Fauteuils d'Orchestre avec sa délicieuse sole meunière fut bien plus mémorable.
Et Catherine Frot dans tout ça ? Sublîme dans sa robe de grand couturier (comme insistait lourdemment le programme, c'est bon comme ça, je peux voir mon bon point ?) , un jeu parfait devant une salle conquise en mode standing ovation qui n'est venue presque que pour vous, autrement dit le syndrôme "Adjani" -cf. post suivant s'il vient un jour-! Mais son interprétation n'émeut pas, on demeure dans le superficiel, (trop) aérien et somnanbuliste. Elle reste cette femme est en étât de choc après tout et ne laisse jamais éclaté sa douleur ou sa colère, comme le titre de la pièce tout au conditionnel :-/
Si tu mourais, de Florian Zeller; me.s. de Michel Fagadau ; Comédie des Champs-Elyséesà partir du 15 septembre avec Catherine Frot, Robin Renucci, Bruno Putzulu, Chloé Lambert.

mardi 19 septembre 2006

Bond, son nom est Edward Bond... : Chaise

Pour ma seconde virée au théâtre au coté de mon père, on ne pouvait imaginer deux mondes plus différents que celui de Woody Allen et d'Edward Bond.

J'avais été prévenue, l'univers du londonien, considéré avec Harold Pinter comme un des plus grands dramaturges du XXème siècle est sombre. Délicat euphémisme! Chaise, qu'Edward Bond a composé en 2000 et a été montée à Avignon cet été avant d'être reprise au théâtre national de la Colline est l'enfant étrange du 1984 d'Orwell et de l'absurde de Kafka, symbolisé brillament par la scène clé et époustoufflante de l'interrogatoire (extrait vidéo) de l'héroïne par une assistante sociale. Si vous aviez aimé Big Brother et bien soyez comblé 2077 vous propose beaucoup mieux, ah vous en aurez pour votre argent!
L'être humain devient un numéro de dossier, la mansuétude un acte déviant qui vous vaut une vie sous surveillance... Dans Chaise, on ne sait plus embrasser sans mordre, parler sans trembler de peur. Aucune émotion chez la fonctionnaire, qui arrête son enregistrement au mot opportun ou joue sur la moindre hésitation d'Alice.
Difficile de ne pas voir dans le Bureau des Enquêtes Sociales, qui a droit de vie ou de mort sur les citoyens de ce pays, un ersatz du système concentrationnaire nazi dominé par un Big Brother, qui distribue les logements au prorata de la taille de la famille, au nom de l'éfficacité et de la rationalisation de l'espace, qui interdit le dialogue entre militaires/civils/condamnés, qui arrête au moindre mot et comportement déviant. A la prisonnière torturée et rasée comme aux contestataires ne s'offre que la mort à Cité Prison mais par "humanité" laisse aux detenus le choix de la pillule ou de l'exécution.
Et c'est ans un appartement spartiate ornée d'une simple table et trois chaises -seule fantaisie, une mosaïque de dessins d'enfant (?) aux murs- qu'Alice regarde par la fenêtre. Elle observe un soldat qui, depuis des heures, attend un bus avec une femme en piteux état qu'il doit emmener dans un lieu de détention. Mue par une irrésistible pulsion, elle descend une chaise. Geste dément. Car quiconque regarde un condamné signe son arrêt de mort dans notre/une société, qui en 2077 est gouvernée par un régime totalitaire.

Une décision que ne comprend pas Billy, son fils de 26 ans mais toujours enfant dans sa tête, scnariste de voyage au delà du monde . Lui n'a même pas le droit de regarder à travers ou de s'adosser à la fenêtre. Il n'est jamais déscendu dans la rue. Billy a grandi sauvage en observant le monde à travers les rideaux, sans jamais se montrer. Dans cette prison qui ne dit son nom, la vie n’est pas toujours facile. Alice dit tout ce qu’il faut faire et ne pas faire, Billy invente des histoires et dessine le monde avec des crayons. Mais la décision d'Alice fait tout basculer. Billy doit quitter la maison et partir dans le monde, un voyage d'apprentissage dans le tumulte et la cruauté des hommes, un univers où l'aggression est permanente.
Sous nos yeux se noue la trégédie. Aucun sacrifice ne pourra racheter ni la faute passé de l'héroïne, dévoilée tout en retenue par Valérie Dréville, ni son délit présent. L'engrenage commence, et la machine est parfaitement huilée. On resort de la salle ébranlé, l'estomac noué. Des sensations identiques à celles que j'avais éprouvé en regardant le Pianiste de Polanski, et quand on sait que Bond a notamment écrit sur la Shoah, on ne peut s'empécher d'y voir une référence.
Et alors que j'écris ces mots très fades, j'enrage de ne pas pouvoir rendre justice à la plus forte pièce que j'ai vue jusqu'à présent. Heureusement DJ le fait beaucoup mieux que moi :p
Chaise. Théâtre national de la Colline du 14 septembre au 18 octobre 2006. Réalisateur/Metteur en Scène : Alain Françon avec Valérie Dréville, Pierre-Félix Gravière, Abbès Zahmani...

lundi 18 septembre 2006

Où l'on reparle d'Anne et Mary Boleyn

A EP et VG, j'espère que cette entrée les fera sourire!

En attendant que mes impressions adjanistes-stuartiennes s'inscrivent en ces lieux car mes entrées théâtre ont pris du retard...

Non la curiosité ne me démange pas également pas.
Non je n'irai pas asseoir mon séant sur les siège Nina Ricci du MK2 bibliothèque et ce dés le mercredi soir et ce quelques soient les critiques.
En toute honnêteté...
Ce n'est pas que ça me ronge, ça me consume. (c) ^^ Mais ici point de démons suskindiens, mon âme est toute acquise aux affres tudoriens!

Car bien plus vite que je ne l'espérais parviennent à nos oreilles des nouvelles de The other Boleyn Girl en tournage à Londres ces jours-ci. Grâce aux paparazzi, des premières images ont filtrées.
Finalement, Natalie Portman a été préférée à Keira Knightley et je n'en suis pas mécontente. Si Nat' joue aussi bien que dans Closer, on est en droit d'attendre une bonne surprise. Mais quand même déjà une petite deception, Henry VIII n'était-il pas un peu rouquin sur les bords alors que M. Bana est on ne peut plus brun ? En tout cas, les deux filles ont plutôt l'air de bien s'entendre!
Courage, plus que 18 mois à attendre! J'espère que The Golden Age elizabethéen avec Cate Blanchett débarquera plus vite sur nos écrans pour m'aider à patienter!

samedi 16 septembre 2006

"I know your face" Theoden to Eowyn...

...les agrégés en Seigneur des anneaux et farouches partisans du Rohan apprécieront (ou pas^^) la référence.
C'est que samedi dernier j'ai eu devant mon kiosque à journaux le même type de révélation. Alors que j'examine les tites de la presse quotidienne pour trouver un Figaro sans suppléments pour ma grand-mère, je me dit que la photo du type de France-Soir me paraît étrangement familière. Et du coin de l'oeil, que vois-je ? DJ...attendez là cela me dit vraiment quelque chose et dans un grand moment de candeur, je m'exclame "Ohhhh mon papa est à la une de France-Soir". Le kiosqué a dû se dire "encore une qui se prend pour la Reine d'Angleterre" ^^;
En effet, depuis lundi dernier, DJ est éditorialiste à France-Soir et pour promouvoir et fêter cette tribune quotidienne, le week-end précédent le journal lui a fait un sympathique petit encart avec portrait à la clé. C'était très amusant pour moi en tout cas de "croiser" mon père au coin d'une rue même si je ne suis pas sûre d'adhérer à ce fond bleu et au detourage made in FS !

jeudi 14 septembre 2006

Adultères


Chaque drogué de Woody Allen attend l'automne avec impatience, régulier tel un métronome le réalisateur new-yorkais ne manque jamais de livrer sa production annuelle. Et cette année le successeur de Match Point est arrivé plus tôt que prévu. Si Scoop (toujours avec ses nouvelles égérie Scarlett Johannson et Londres, prévu dans deux mois) n'est pas encore sur nos écrans, son théâtre débarque sur nos planches avec trois oeuvres pour le prix d'une ! Une overdose bonne pour la santé en perspective!

Le théâtre de l'Atelier héberge juqu'au mois d'octobre Adultères, trois pièces désopilantes réunies en un acte, qui comme le titre et l'auteur l'indiquent, parle de liaisons extra-conjugales et des couples de la grosse pomme. Un vrai délice dans le texte comme dans les comédiens enthousiastes toujours aussi frais et dispos alors qu'ils interprètent leur dernière pièce et incarnent pas moins de leur troisième personnage! Et une fois dans la salle, il ne faut pas quitter des yeux le surprenant Xavier Gallais tantôt clochard, tantôt écrivain raté et maniaco-dépréssif pour finir en beauf naïf. Sur ses épaules et celle de la blonde Pascale Arbillot reposent la passion de ses trois comédies.
Au départ, j'étais étonnée par l'horaire : 1ère partie à 19h-20h10, entracte pour ne reprendre qu'à 21h jusqu'à 23h30 mais après avoir vu l'ensemble des comédies, je trouve le choix plus que judicieux. Un intermède parfait pour avaler le couscous de le brasserie d'à coté ! Avis aux amateurs (ou -rices!).
Le rideau se lève sur Riverside Drive, la plus sombre et fantastique du trio. Sur les bords de l'Hudson, sur fond de brouillard, un père de famille respectable et réalisateur renommé attend avec inquiétude sa maîtresse pour lui annoncer leur rupture. Or, le rendez-vous galant ne se déroule pas du tout comme prévu. La maîtresse menace de révéler leur liaison à sa femme s'il ne lui donne pas de l'argent, tandis qu'un SDF cinglé l'accuse de lui avoir volé l'idée de son dernier scénario et prétend recevoir des visions des étoiles et de la planète Xénon lorsque ce n'est pas des machines Xerox. Bien que ce soit la pièce la plus ancienne de la triolgie, ayant été écrite en 1996, de par son ton c'est celle qui se rapproche la plus de Match Point, même noirceur et même enjeu final. Mais la patte Woody est bien là. Ainsi le héros déboussolé de confesser :"Je suis allé voir un psy pour tenter d'y voir plus clair. Il m'a conseillé de quitter ma maîtresse et de dire la vérité à ma femme alors j'ai viré le psy!".
Après la pause vient Central Park West, un petit bijou, du Woody grand cru, qui nous dévoile toutes ses obsessions... Franchement rien que pour cette pièce, il faut aller voir Adultères! Que de rebondissements chez les Riggs où le cabinet prestigieux de Madame, psychanalyste de renom est sans dessous dessus: dans la bagarre, une statue égyptienne a même perdu son pénis et la tête! Arrivent leurs meilleurs amis. Autant de couples qui découvrent qu'ils se sont tous trompés les uns les autres. Phillis annonce à sa meilleure amie, Carol, que son mari la quitte pour une autre ; Carol, qui entretient une liaison avec ce dernier depuis trois ans, est persuadée que c'est avec elle qu'il projette de partir pour Londres...
La conclusion vient en douceur avec Old Saybrook. Dans cette charmante villa coloniale du Connecticut, Sheila et Norman ont invité à un barbecue David et Jenny, la soeur de Sheila. La découverte d'un journal intime et l'arrivée des anciens proprios vont libérer les fantasmes. Les réparties sont endiablées et le numéro du fan de Tiger Woods laisse pantois. Son QI proche de 0 laisse à bout de souffle tellement on rit. Cependant, j'étais contente qu'elle ne fasse que 40 minutes car je n'ai pas été convaincue par la mise en abyme de l'écrivain en panne d'inspiration et de ses personnages en révolte... Mention spéciale à XG pour avoir incorporé dans le texte l'orage qui s'abbatait sur Paris qui a failli faire pouffer de rire sa partenaire pendant que sous le tonnerre innatendu, nous applaudissions l'impro!


Adultères, de Woody Allen. Traduction : Jean-Pierre Richard. Mise en scène : Benoît Lavigne. Avec Pierre Cassignard, Xavier Gallais, Valérie Karsenti... Théâtre de l'Atelier (01.46.06.49.24). Adultères est publié aux Editions 10-18.
Pour lire l'interview de Woody Allen toujours aussi facétieux, c'est dans le Figaro Magazine.