mercredi 24 août 2011

Voyage dans le passé

Where has the summer gone ? Août nous quitte et laisse de son passage la marque de ses délicats escarpins dans la poussière qui recouvre, à l'image de mon écran, ce blog. Juillet commençant, je me voyais plein de projets pour ce petit bonhomme et puis le parfum des soirées et promenades d'été, une lettre fleuve, un certain d'esprit isolationniste, le 7e art, les permanences et la nécessité de commencer à s'atteler au grand projet de cet automne m'ont happée.

Le 14 juillet a été placé sous le signe d'un grand ménage dans les papiers de famille d'un cousin éloigné. Ces valises de carton regorgeait de moutons et de trésors. Tickets de métro d'il y a 50 ans, GIC en métal, vieilles coupures de presse, photos de famille de ces grands-parents jeunes et éclatants de beauté, spontanés et un peu frivoles, des mots d'enfant émouvants remplacés par la colère d'un adulte, un arbre généalogique complètement oublié et pourtant fiévreusement documenté par des albums chroniquant les années 1870-1930, une correspondance à une dizaine de plumes couvrant plus de 150 ans. Un ensemble d'objets qui permettent de retracer une histoire qui devrait nous être familière mais que nous ne connaissons pas car les familles taisent leurs déchirures. La transmission se fait avant tout par oral et quand tous les acteurs d'une époque s'éteignent, leurs mérites et exploits retombent dans l'oubli.



L'émotion est puissante quand au détour d'une chemise, on tombe sur des faire-parts immaculés vieux de 80 ans, dont a l'impression qu'ils n'ont jamais été effleurés depuis des décennies. Leur pureté et leur nouveauté renvoient aux aspirations, aux espoirs de leurs auteurs. En deux piles de papier ce sont des pans entier d'une vie qui défile. Et même insignifiante, à travers les lignes on devine l'Histoire qui s'écrit sous leurs mots. Quand les destins particuliers se tissent avec la fatalité des nations. La passion pour le pacifisme de l'entre deux guerre, la colonisation, la guerre, la déroute, l'occupation, l'épuration... On découvre aussi un nouveau visage à ses aïeux : celui de l'enfance, des aspirations, l'élan de la jeunesse et de l'innocence. Relire des lettres de ma grand-mère à l'aube de ses 16 ans me fait réaliser à quel point je ne la connaissais pas et combien anecdotes familiales, elle a emporté avec elle. Un passé perdu à reconstituer, et pourtant si proche.

Tous ses objets, devenus délicieusement obsolètes, soulignent aussi en 150 ans les révolutions connues par le monde. Des télégrammes de la Grande guerre, les voyages aux Etats-Unis par paquebot, une correspondance à la plume acérée et minuscule, des laissez-passer diplomatiques, des lettres faisant office, une fois pliées, d'enveloppe. Tenir une lettre intacte de 1895 m'a beaucoup remuée : les mots sont là se détachant toujours aussi bien, une voix d'un monde disparu. Si ces épistoliers nous regardaient aujourd'hui, ils découvriraient l'automobile, les avions, internet, les réseaux sociaux, l'Union européenne, l'aristocratie des grandes écoles, les mini-jupes, les smartphones, les totalitarismes.

3 commentaires:

Cécile a dit…

Quelle chance de pouvoir se plonger dans tous ces documents ! J'ai ressenti la même émotion en découvrant la carte militaire de feu la Républiques espagnole de mon grand-père paternel après la mort de ma grand-mère !
Qu'avez-vous fait de ces trésors ? Ca peut intéresser les Archives non ?

Jean a dit…

Quelle chance, en effet. L’émotion doit être puissante… Je t’envie !

Ry a dit…

(Et toi, quel style ! Très belle entrée... )