mardi 7 juin 2011

Les surprises d'un balade dans le XIIIe 2/2

Si tu viens pas à Cannes, laisse Cannes venir à tes pieds.
Habiter pendant plus d'une décennie dans ce quartier paye enfin, avec le printemps les VIP sortent de leur antre et viennent enfin investir ce far east !
Une dizaine de jours aura suffi pour croiser Vincent Elbaz au resto et Mélanie Laurent en promo, à l'avant-première de Beginners au MK2 bibliothèque.

Soyons honnête, Beginners n'est apparu que très tardivement sur mon radar cinéphile à la faveur d'une critique particulièrement élogieuse dans Studio...qui est partenaire du film de Mike Mills. Même si donc leur louanges sont à prendre avec précaution, le résumé m'a intriguée. Deux personnages un peu mal dans leur peau qui se rencontre par hasard et qui essaie de s'apprivoiser au milieu d'un chien qui parle et d'un paternel qui se déclare gay après 44 ans de mariage. De la mélancolie, du loufoque, du Ewan McGregor avec la présence imprévue de l'inévitable désormais Mélanie Laurent. Bref cela suffisait amplement un petit séjour dans une salle obscure si l'occasion s'y présentait. Ce qui a fait basculer la balance ? Une petite affichette collée sur le gros poster du film dans le MK2 "avant-première du film avec l'équipe mardi 7 juin". Et là je me suis dis, quitte à aller voir Mélanie Laurent en concert pourquoi ne pas la voir en chair et en os dans son métier original : le 7e art ? Pas besoin de faire la queue 107 ans devnt un lointain tapis rouge, je passerai une tête dans le MK2 et on verra bien ce qui se passera.

Vient mardi 7 et...surprise, il reste des billets pour assister à l'avant-première. J'en prends et là je réalise que j'ai pris des tickets pour la petite salle 5 mais que la B réservée à la presse et aux invités est déjà pleine. Là je retombe un peu de mon nuage et je me dis que je verrai certes le film en avance mais que l'équipe ne va pas s'amuser à saluer les simples quidams que nous sommes. Du coup vu que le tapis rouge est à deux pas de l'ascenseur et que seuls les photographes de l'AFP, AP et Abaca ont monté leurs escabeaux, je me décide de faire ma groupie de base et je me plante contre un plot du tapis rouge. Quelques minutes plus tard surgit une équipe de télé. L'attente se passe dans la détente, les journalistes télé plaisantent et résument le dilemme de toute interview, faut-il poser des questions bateau ou faut-il poser une question qui se démarquera au point de perdre le pauvre acteur en pleine promo dans des abîmes de perplexité ?

Je suis un peu surprise : très peu de personnes se sont agglomérées autour du cordon et avec à peine 10 minutes de retard, Mélanie Laurent appareil, en jupe crayon vieux rose et chemisier mousseline assorti à fleurs (elle a porté la même chose dans d'autres couleurs à la première américaine). Elle n'est pas entrée par la porte mais pas derrière, on la voit confié son sac doré et son manteau brillant à son assistante et soudain elle se plante à 50 cm de moi pour répondre aux questions des JRI ! Je suis complètement à contre jour mais je peux sentir son parfum -léger-. Elle se prête de bonne gràace au jeu des questions mais ne cache pas qu'elle est mal à l'aise et n'est pas vraiment sur la même longuer d'onde que sur le dossier de presse, répétant ne "pas savoir dire d'intelligent". Une sincérité qui souligne bien les limites et la vacuité de la promo et du tapis rouge, plutôt touchant.



Ayant pris quelques images, je quitte les lieux pour ne pas encombrer plus (et je ne me sens pas capable de réclamer un autographe), Mélanie et Mike Mills posent devant le mur des photographes qui leur hurlent "en haut", "Mélanie à gauche", "non plus à droite"... Ai-je mentionné à quel point les premières sont artificielles ?

Dans la salle 5, on est accueilli par le traducteur français du script. Je trouve que c'est un pauvre substitut pour l'équipe du film mais pourquoi pas Quand soudain, il annonce la venue de Mike Mills qui se confond en hommage à Mélanie qui apparaît qui remercie Mike pour ce beau rôle et nous souhaite un bon film. Une apparition éclair de 2 minutes où la belle de la soirée ne cache à nouveau pas le peu de plaisir qu'elle éprouve face à cet exercice imposé. Alors certes c'est cour mais très gentil de leur part je trouve de descendre saluer le petit peuple. Et au moment de dresser le bilan, je dois dire que cette expérience groupie de dernière minute était bien agréable !

Et Beginners dans tout ça ? Le film est touchant même si un peu maladroit par moment. Il y a deux très bonnes idées, le montage en image d'actu des différentes époques, un peu comme les collages maisons que l'ont fait sur Youtube et ce chien dont on peut lire les pensées sous-titrés et qui s'avère être un cabot fleur bleue. La rencontre entre Anna et Oliver lors d'une soirée costumée. Lui est apprêté en Sigmund Freud, barbe et pipe comprises, et psychanalyse tous les invités. Elle, déguisée en fugueuse est rendue muette par une laryngite ce qui pour entamer une thérapie n'est guère pratique. S'ensuit un charmant dialogue à base de bloc-note et touche téléphonique... Dans la même veine on aura une course en rollers dans un centre commercial et des tags à but éducatif..., les flashbacks d'une mère excentrique.

Et puis il y a cette mélancolie doucereuse qui vit dans les personnages inspirés de l'histoire vraie de Mike Mills. Olivier qui n'arrive pas à faire sens de l'homosexualité et du cancer de son père et Anna qui se distance du monde pour ne pas trop souffrir mais qui justement voudrait bien faire une exception pour Oliver. Et même si leur rencontre pourrait changer le cours de leur existence, rien n'est évident dans cette histoire. C'est le côté réalité de cette chronique. Les héros sont aussi peureux et indécis que nous pouvons l'être (ce qui fait que malgré les défaut de Beginners on s'émeut quand même). Dernier petit bonus, un Goran Visnjik (Urgences) toujours aussi charmeur entre jeune gay attiré par les hommes d'âge mûr.

Dans cette comédie douce mais grinçante, j'ai retrouvé la touche entre réalisme et émerveillement de Garden State, Last Night ou Jusqu'à toi (avec la même Mélanie Laurent pas forcément crédible en journaliste douloureusement timide) qui m'avaient tiré sourire et un peu d'humidité lacrymale.

En bref : ***

1 commentaire:

Stolvezen a dit…

Tes mots et tes images me donne l'envie soudaine d'aller m'enfermer dans une salle obscur pour déguster sans aucune modération tout plein de films de toutes sortes et de tous horizons.
Une chance que la fête du ciné arrive bientôt ^___^