mardi 26 janvier 2010

Bright Star, would I were steadfast as thou art


Des papillons qui volettent dans une chambre se posant sur une jeune fille allongée, déclaration passionnel dans une forêt balayée par la pluie (qui n'est pas sans rappeler une certaine scène de "la Leçon de piano". Seul le talent de Jane Campion pouvait transformer ces clichés kitsch du romantisme en moments de poésie à l'écran.


Il m'a fallu du recul pour apprécier "Bright Star" le dernier film de la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion dédié à la romance maudite entre le poète John Keats et sa voisine Fanny Brawne. Non "Bright Star" n'aura jamais la même passion, noirceur, trouble et tourment que "la Leçon de Piano" parce qu'elle décrit contrairement au piano un premier amour fragile, éphémère ... mais elle n'a rien à lui envier en matière d'onirisme et d'esthétisme... Les personnages sont à l'aube de la vie mais n'ont pas encore été abîmée par elle comme Ada. Dès lors "Bright Star" est une promenade dans un rêve, dans un monde au bord du ravin des promesses.




Jane Campion filme avec tranquillité et douceur les émotions de ses personnages, dont les sentiments éclosent comme les fleurs au détour d'une danse, d'une ballade, d'un frémissement, d'une lecture partagée, en effleurant les murs, des papillons, le vent qui fait souffler un rideau, une dernière étreinte. Les couleurs brillent accrochant les fleurs et les tenues excentriques de Fanny -couturière-. Ses chaussures m'ont d'ailleurs fascinées mais passons !



Les images épurées sont ponctués des poèmes de Keats... Même si on sait dès le départ que son idylle avec Fanny se heurtera à sa mort prématurée et tuberculeuse sans oublier les conventions sociales -un poète maudit ne saurait être un bon parti- , sa passion jalouse parfois torturée touche, de même que le côté de temps en temps pimbèche de la demoiselle.

La caméra de Jane Campion suit pas à pas ces premiers émois et leurs derniers instants mais immortalise aussi la paisibilité de la vie quotidienne des Brawne, incarnée dans ce chat des plus naturels dans le bruit de ces petits petons et crédité au générique et la plus jeune soeur de Fanny. Portrait inversé de la perverse et espiègle Flora dans la "Leçon de Piano". Même quand Fanny et Keats réalisent que la maladie l'emportera, ils ne renoncent pas à leur insouciance et laisse libre court une ultime fois à leurs rêves dans cette clairière lieu d'une dernière danse et célébration de fiançailles tardives.



"Bright Star" n'a pas vraiment intrigue, ce n'est pas l'histoire d'une séduction, c'est une suite de petites touches, de fleurs qui bruissent dans le vent, de broderie...et c'est parfois déroutant et désuet. Je regrette aussi de ne pas être une anglophone de naissance, les poèmes de Keats, qui ponctuent le film, auraient sûrement moins agi comme une barrière. Le dialogue se fait rare, parfois trop au point de ne pas saisir les motivations des personnages... pourquoi Keats ignore-t-il subitement Fanny ? Pourquoi Charles Armitage Brown est-il aussi insupportable avec Fanny ? est-il amoureux d'elle ou de Keats ? D'ailleurs à quoi sert-il dans cette histoire ?






Même si Bright Star manque d'intensité, de la musique de Nyman, et étouffe ses comédiens parfois, restant dans les murmures et les souffles, il offre un merveilleux livre d'images, ode à la nature, qui mérite le détour...


En revanche, si je peux me permettre, j'ai été assez déçue par "In the Air" avec George Clooney, qui nous fait un long numéro de Nescafé tout au long d'une oeuvre qu'on vent faussement comme une satire du système. Espérons qu'une Education, dont j'attends beaucoup, soit à la hauteur.



Ps : contrairement à ce qu'affirme l'épilogue, Fanny s'est finalement mariée après la mort de Keats et a obéi à sa dernière volonté de détruire ses lettres.

1 commentaire:

Virginie a dit…

personnellement j'ai trouvé ce film magnifique malgré quelques longueurs. C'était un hymne à l'amour fou et impossible, vibrant de poésie et d'émotion. La scène qui m'a le plus frappée est celle qui suit le premier baiser, où les deux héros se figent à chaque fois que la petite fille les regarde