Si vous êtes à l'affût d'un film de science fiction visionnaire (dans ces cas là à en croire la rumeur il faut plutôt vous réserver pour "Batman : the Dark Knight")
...passez votre chemin.
Si vous étiez attaché à Mulder et Scully et que l'épilogue de la série vous laissa dans l'expectative et l'effroi le plus total quant au futur des agents du FBI les plus célèbres du petit écran, alors vous passerez un moment plutôt sympathique devant "X-Files 2 : régénération".
Mise en condition par "Sex and the City" qui était un bon épisode de deux heures avec les moyens du grand écran, je ne m'attendais pas à un autre qu'un téléfilm très soigné qui me permettrait de retrouver les héros de mon enfance. Chris Carter avait prévenu, contrairement à "Combattre le Futur", il n'y aurait pas cette fois de Petits gris affamés, d'abeilles tueuses de romantisme ou d'huile noire contagieuse. Zéro mythologie alors que l'ultime épisode de la saga laissait la question grande ouverte. Résignée à ce que Chris Carter soit aux manettes puisqu'il a fait autant de bien que de mal à sa série (de Duane Barry (10/10) à William et toute la saison 9(-10/10), j'anticipais plutôt une déception qu'un bon moment de cinéma.
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Partie avec toutes espérances inquiètes, j'ai à mon grand soulagement passé malgré tout de bonne retrouvailles avec Mulder et Scully. Chris Carter et son acolyte Franck Sponitz ont, dieu les bénissent, accompli pour une fois un effort sur la continuité et la cohérence des personnages.
Mulder est toujours un fugitif mollement recherché (après tout sans les X Files il n'est plus rien) et un brin amer de vivre comme un lion en cage mais crachant toujours aussi bien les crayons de papier au plafond. William est mentionné même si je l'aurais préféré "retrouvé". Scully porte la marque de ces épreuves. La saison 9 était sombre et oppressante et a meurtri ses héros, une emprise indissociable qui se traduit dans le film par une atmosphère toute aussi pesante anxiogène au milieu de la neige et dans un deuil perpétuel. D'ailleurs le fait que Scully travail dans un hopîtal baptisé "Our lady of sorrows" est révélateur. La lumière est pâle, diaphiane, les paysages oscillent entre blanc de neige et noir de nuit, sans couleur, glauques et sans vie, comme pour mieux marquer les chagrins.
Après avoir entretenu pendant des mois le suspens sur la nature de la relation entre Mulder et Scully et avoir fait croire pendant les dix premières minutes du film qu'ils ne se parlent plus et qu'ils se sont sans doute séparés sur une dispute douloureuse, Carter a la gentillesse de les laisser pour une fois heureux ensemble (ou du moins autant épanoui qu'on peut l'être avec leur passé). Voir les deux agents en couple est certes moins fringuant que de les voir se chamailler à longueur de journée et se lancer des allusions douteuses mais eu égard à leur relation fusionnelle et au nom de tous les sacrifices accomplis, je trouve généreux et logique de les avoir mis et fait rester ensemble. Mulder n'ayant de toute manière pas perdu son humour douteux, le public a toujours droit à quelques plaisanteries "mulderesques". Retour aux sources bienvenu, la petite apparition de ce cher Skinner, que je n'espérais même plus vivant au vue de sa dernière scène dans la série et le voir essayer de rassurer Scully et bercer Mulder vaut son pesant d'or.
Le gros problème du film reste quand même son absence de paranormal, Father Joe a certes une connexion mystérieuse avec l'assassin mais le cadre du thriller reste la science et l'explication finale résonne de manière trop rationnelle. Du coup la crise de foi que traverse Scully semble disproportionnée et ne trouve pas d'échos. La rhétorique religieuse de la série, à travers Scully et ses doutes, est ancienne mais là elle tournait un peu à vide et déséquilibrait "X-Files 2". On a l'impression d'assister à un mauvais remake du magnifique "Beyond the Sea". C'est dommage.
Autre absence qui pèse le FBI (même si le gag sur Bush et Hoover dans le couloir est le coup de génie du film!), sans leurs badges, leurs courses poursuite et leurs pistolet, Mulder et Scully ne sont plus vraiment eux-même, simples être fragiles et ordinaires. Il manque cette complicité intellectuelle et contradictoire des héros qui enquêtent et se disputent sur le dossier non classé de la semaine. Certaines choses au contraire ne changent jamais comme la propensiuon de Mulder à jouer les héros sasn appeler les renforts et a abîmé un nombre incalculable de voitures.
Cependant le film peut compter sur les bonnes performances de Duchovny et surtout Anderson. Ils reglissent sans peine dans la peau de leurs personnages. Duchovny est moins éblouissant que sa partenaire, peut-être parce qu'il a toujours choisi de sous-jouer le personnage et de lui donner un petit côté dandy et blasé. Anderson dans sa confrontation avec le père Joe comme sa "rupture" avec Mulder ou son allusion à Samantha joue une Scully révoltée et bouleversée avec l'énergie du désespoir.
Enfin, l'ultime scène du film qui se dissimule dans le générique de fin est un cadeau sympathique de Carter à son public afin de ne pas rester sur l'ultime discussion ambiguë des héros et l'ambiance triste du film. Soudainement le soleil entre dans la pellicule et un brin d'auto-dérision (voire un clin d'oeil à "Lost") qui répond enfin à la question : est-ce que Mulder et Scully savent prendre des vacances ? On se souvient que les dernières vacances de Mulder remontait à Menphis ce qui avait poussé Scully Scully dans les bras d'Ed Jerse et de son tatouage...
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Au final, un moment agréable de télévision qui aurait pu accoucher d'un résultat plus mémorable. Rétrospectivement, "Combattre le Futur" avec ses défauts fut une expérience bien plus haletante et je trouve regrettable que ce film qui n'a rien d'exceptionnel nous prive selon toute vraisemblance d'une troisième long-métrage, beaucoup plus nécessaire qui aurait pu conclure la mythologie de la série et ressoudre la question "William" car pour moi l'avertissement du père Joe "N'abandonnez jamais" valait tout aussi pour le bout de chou et la date fatidique de 2012. Même l'espoir d'un téléfilm de conclusion me paraît très irréaliste mais who knows, je croiserai quand même les doigts.
Ps : Je compte aussi sur le DVD pour améliorer la sauce. La version de Cris Carter ferait 40 minutes de plus avant un ultime montage. Si je ne crois pas que l'on retrouvera l'intégralité de cette version longue, je serai curieuse de la voir car je me demande à quel moment sont intervenues ces coupes et quelles sont leur impact sur le film.