Il était une fois Sciences-Po et sa course folle aux stages: février, Pâques, les huit semaines d'été et le semestre hors les murs, autrement un premier semestre passé partout ailleurs que rue Saint-Guillaume. Cinq mois de liberté avant la dernière ligne droite : l'obtention du diplôme au terme du grand oral, un ultime semestre qui voient les étudiants se transformer en grattes-papier et rats de bibliothèques insomniaques. Bref, une petite compensation pour nous faire suer le reste du temps que l'on peut passer soit en Erasmus soit en stage.
Mais voilà après avoir gouté aux joies de l'échange universitaire à Dublin, je ne voulais pas ternir cette merveilleuse expérience par un bis repetita qui n'aurait pu que me décévoir (comment rentrouver cette potion magique qu'était l'Irlande, quatre colocs qui se connaissent depuis le début de leurs études, Anne, Noémie ?).
La solution qui s'imposa fut donc le stage et à l'étranger par dessus le marché dés que les toopiines affichèrent leurs intentions de partir dans des contrées lointaines (Californie -plan Cécilien on hold pour le moment-, Jérusalem et service de presse de l'ONU pour Noémie, France-Amérique pour Sarah, CNN à Marie et Vancouver pour Fabienne... et le désir surtout de s'échapper de la routine parisienne quelques temps, ne pas abandonner une opportunité de larguer les amarres et de se casser les dents sur un défit d'indépendance supplémentaire.
Seulement les pistes anglaises et irlandaises se sont évérées inexistantes et pas activement poursuivies non plus. J'étais complètement débordée par le rhytme de l'école de journalisme et je n'ai pas eu le loisir de définir des objectifs précis dans les temps.
Pataugeant dans un néant un peu vague, c'est ma maman qui comme d'habitude m'a repéchée... Fascinée par un article lu chez le coiffeur détaillant la vie trépidante des stagiaires européennes (société cosmopolite vivant selon des moeurs estudiantides et en autarcie) et ayant récemment visité Bruxelles pour affaires avec ses collègues des archives télévisuelles de la Commission Européen, la solution s'imposait d'elle même : le service de presse de la Commission.
Service de presse divisé en deux branches : le service audiovisuelle (TV et un brin de radio) et le service du porte-parole qui se cantonne à l'écrit.
Ma méfiance vis à vis de la TV et mes scrupules (je ne voulais pa candidater dans un registre où je n'avais aucune qualification ayant échappé à tous les ateliers TV du 117 et maitrisant très moyennement la radio et l'art de la diction) donnèrent naissance à une lettre de candidature mi-figue, mi-raisin en février qui fut promtement refusée... Mais en bonne personnne contradictoire que je suis, ça m'a quand même rendue triste.
Un refus qui combiné au silence du service de presse me fit abandonner la piste belge... et la lettre de motivation spécifique au service de presse complètement oubliée et d'autant plus que l'idée de faire un stage dans la communication institutionnel, némésis du journalisme, puisque la communication est de la production d'infos purement intéréssée qui utilise les journalistes comme mégaphone, ne m'enthousiasmait guère. Trop éloigné de la presse écrite tout cela.
Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir fin mai un e-mail de Javier-Francisco.Lombide-Reparaz (quel patronyme!) me demandant si j'étais toujours intéréssé par ce stage... Ayant bien du mal à boucler mes obligations estivales et ayant été tancée par mon père face à mon snobisme (je le suspecte de continuer à fantasmer d'avoir une fille qui fasse carière comme mon frère dans la haute fonction publique bien plus claaassse que journalisme), je réponds oui sans hésiter.
Une, deux, trois semaines se passent sans nouvelles. Prenant mon courage à deux mains, j'appelle Javier qui me rassure : "on vous rappellera".
Silence radio quand tout un coup sur les routes de Tchéquie , mon portable sonne, la Commission européenne au bout du fil... me proposant un rendez-vous à Bruxelles dans les 48h, un peu difficile donc je décline mais explique que dés que je suis à Paris, je suis disponible.
Mais c'était sans compter les vacances de la Commission qui se vide de juillet à septembre. Impossible de joindre quiconque, patrons comme secrétaires sont aux abonnés absents. La tension monte à Paris, mes stages d'été se finisse et je n'ai rien de prévu,pas un plan B, pas une roue de secours... Je commence à me résigner de reprendre les cours en octobre.
Défiant toutes mes prédictions, la Commission rappelle le mercredi 14 septembre, rendez-vous est pris pour le vendredi en huit. Mais un rendez-vous en quoi, pourquoi, entretien d'embauche comme au Nouvel Obs dont je n'aurais pas de nouvelles pendant X temps ou simple formalité avec signature de convention ? Impossible de trouver la moindre réponse à mes questions.
Au fur et à mesure que la voiture dévore les 300 km qui sépare Paris de Bruxelles, l'angoisse gagne du terrain, d'autant plus facilement que nous nous perdons pendant une heure sur le périphérique démoniaque de Bruxelles, le Ring, qui nous détourne en Flandres où les panneaux en néerlandais ne nous aident pas à retrouver le nord (et ma mère me reprochant de ne pas arriver à les traduire, oubliant le fait que mon allemand est non seulement ma LV2, en mauvai étât et pas l'outil le plus adapté pourcomprendre la langue de Vermeer)...
Finalement nous sortons du labyrinthe et raillions nous sans mal le quartier général de la Commission,le Berlaymont. Immeuble aussi imposant que la BNF et dédaleux que les nouveaux locaux du Figaro, en verre et béton mais faisant une bonne centaine de mètres de long.
En descendant une passerelle, on arrive au lobby où les visiteurs sont filtrés. Nous recevons un joli badge et on nous dit d'attendr Anne Chéry, l'assistante de Pia Ahrent-Hilde en charge du service du porte-parole (dénomination excate du service de presse).
Elle arrive, direction le 8è étage et premier apperçu de l'intérieur de la Commission. Des vastes surfaces parquettés pour les parties communes ou employés et presse se cotoient et au delé des portes protégées, des longs couloirs moquettés comme je les aime où au gré des humeurs les cannes peuvent devenir inutiles.
Elle m'installe dans le bureau de Pia qui est retenue par une réunion. Rapide coup d'oeuil au bureau pour tromper l'inquiétude et la solitude, ma mère tapant la discute avec Anne Chéry: portrait de deux bambins très mignons et très blonds, une table recouverte de journaux anglais, français et danois... Je commence à lire the Economist en le remettant sur la pile à chaque fois qu'un bruit se précise derière moi.
20 minutes plus tard, Pia apparaît... Fatiguée mais jolie, la trentaine, les cheveux blonds m'accueillant en français. Et comme à chaque entretien une question simple et unique "pourquoi êtes-vous ici?" Je récite mon petit discours mis au point au cours du trajet : je veux voir l'autre coté du miroir,passer du coté des communiquants, je veux découvrir de façon concrète la Commission après avoir passé quatre ans à l'étudier sur des livres, je veux varier un peu de mes stages en presse écrite, je veux travailler dans d'autres langues que le français.
J'essaie de meubler pour ne pas laisser un blanc trop long... Finalement, elle me pose la question tant redoutée, "savez-vous ce que vous voullez faire?". Question piège alors que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ILS font. Je marmonne "Tout ce que l'on voudra bien me laisser faire"... Elle comprends que je ne sais rien.
Au menu de ce stage alors : production -rédaction? et traduction des communiqué entre français et anglais- des communiqués, préparation des conférences quotidiennes de la Commission sans compter celles exceptionelles de Barosso, relever dans la presse les questions qui pourraient saillir de la bouche des journalistes (my bet and Cécile's :la grippe aviaire), et surtout analyser comment les très (trop) nombreux communiqués de la Commission sont reçus par la presse européenne.
Adieu articles, vive le retour de la (note de) synthèse!
Conclusion chaque matin: poussée d'adrenaline de 8h30 à 12h30 heure de la conférence puis dans l'après-midi revue de presse jusqu'à 18h3à/19h... Possibilité en cas d'urgence (comme le tsunami) d'être réquisitionnée à Noel et les week-end.
Pia doit retourner à sa réunion mais me laisse avec Javier qui peaufine avec moi les aspects pratiques du stage. J'ai le stage ! I was utterly flabbergasted...
Les dates : 24 oct-17 fév... (chic c'est le retour de la tradition de l'anniv' dans des lieux impromptus -Antalya, Dublin, DCU-^__^)...
Pour les aspects liés au handicap, no such luck. Contrairement à DCU, on devra mettre au point seules le modus vivendi de la vie quotidienne (transport, logement, aide à domicile) et non pas en six mois mais trois semaines! Baume au coeur, le batiment est complètement fonctionnel malgré les escaliers, profusion d'ascenseurs et rampes et présence d'une cafeteria et cantine ce qui me liberera de la corvée du lunch packet. Décision est prise de se mouvoir au Berlaymont en fauteuil roulant au vu de son étendue.
Dernière étape de la visite, mon bureau au bout du couloir que je partagerai avec deux autres stagiares. qui eux étant diplômés et relevant donc du livre bleu sont payés et commencent au terme d'une semaine d'intégration le 1er octobre. Seul détail, l'un d'eux s'appelerait Tristan, serait anglais et aurait aussi fait des études de journalisme.
Cependant, cette nouvelle me rend plutôt morose: je vais arriver alors que tout le monde dans le département se connaîtra déjà, comment se creuser une place au soleil ?
Autre bons moments de ces 48h belges, la découverte de ma cousine Camille et de ses trois garçons, un bon dîner sur piérade, le nouvel album des Corrs, le dejeuner aux moules (mais pas sur la grande place consacrée à la promotion du dernier album d'Asterix et transformé en village gaulois avec paille et huttes!).
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