J'avais pourtant juré qu'après la vaste plaisanterie ou très longue fanfiction qu'était Twilight, on ne m'y prendrait plus. La littérature Young adult, c'est bon j'avais fait le tour sauf pour aller disserter dans Eidos sur le phénomène. Il ne fait pas jouer les hypocrites, j'ai avalé Twilight d'une traite (au point de traverser une phase intense d’asociabilité en Tunisie pour feuilleter Breaking dawn) mais très vite il m'est apparu que je me fichais assez des personnages principaux, du triangle amoureux, des états d'âme d'Edward. Au fond seule une chose était claire, Bella ne méritait ni Jacob, ni Edward à force de les faire tourner en bourrique. Heureusement que la galerie de personnages secondaires (j'aime bien Carlisle même s'il est énervant à être encore plus efficace que le Dr Quinn) parfois vaguement historiques et la géopolitique du dernier livre contrebalançaient le tout même si Breaking Dawn ressemble sur la fin à un remake de X Men sans le charme de James McAvoy ou de Michael Fassbender.
Bref, bref je m'égare... Au fil de mes recherches sur la succession potterienne et twilightienne, je suis tombée sur toute une série de sagas versant dans l’apocalyptique, la lycanthropie ou le dictatorial façon 1984.
Très cliché tout ça mais dans le lot un titre se détachait par la quantité de papiers et de mise en avant : Hunger Games. Trilogie terminée de Suzanne Collins qui a quatre ans d'âge qui a inauguré le genre dystopique -le gouvernement nous ment, nous manipule et nous tue-. Le titre était intriguant de même que tout le tapage fait sur l'adaptation du film dont le casting était suivi par les revues spécialisés et ce quatre mois avant le tournage. De même que la compétence et le budget mis sur la table, presque six fois celui de Twilight et la présence au générique du scénariste de Pleasantville et de Jennifer Lawrence, tous deux cités aux Oscars et vu que je trouve la demoiselle charmante que ce soit dans les extraits de Winter Bones ou dans First Class.
Ayant décidé que tout ce raffut valait le coup de se renseigner et d'obtenir l'autorisation de scribouiller dans Eidos, je me suis dit que pour bien maîtriser mon sujet, il fallait que je sois renseignée de première main et que donc je me plonge au moins dans le premier tome.
Le titre, les jeux de la faim, promettent et le livre est en effet un croisement entre Quo Vadis pour l'ambiance jeux du cirque, président illuminé et Battle royale pour l'effet un seul compétiteur s'en sortira et pour cela devra éviscérer ses compagnons d'infortune. En deux mots, dans une Amérique dévastée par un cataclysme -nucléaire, naturel ?- renommée Panem, le pouvoir central, le Capitole règne sur 12 districts que l'on peut supposer être entre la côte est et au moins les Appalaches. Ayant annihilé il y a presque un siècle le rebelle district 13, l’opulent Capitole pour s'assurer l'allégeance de ses territoires appauvris qu'il exploite sans vergogne leur impose tous les ans qu'ils envoient dans l'arène un garçon et une jeune fille. De ces 24 tributs confrontés à un environnement hostile et largement génétiquement modifié, soumis aux caprices des maîtres du jeu en quête du maximum d'audience télévisée pour leurs Hunger games, le vainqueur sera le dernier survivant. Tous les coups bas et la faim sont permis.
Hunger games s'ouvre sur le jour de la sélection des tributs dans le district 12, un des plus pauvres à l'ambiance germinal car spécialisé dans le charbon et tout le monde sait depuis Etienne Lantier que c'est le meilleur moyen de mourir de faim ou de devenir orphelin. L’héroïne Katniss se porte volontaire pour remplacer sa jeune sœur de 12 ans dont le nom a été tiré. Son irruption dans l'arène va être le catalyseur de forces politiques qui auront de puissantes ramifications que la jeune fille ne comprend pas et que son courage va incarner malgré elle.
Pour brouiller les pistes, son coéquipier adversaire se retrouve être un jeune apprenti boulanger idéaliste, le coeur sur la main et amoureux transi mais également un fieffé orateur et agent provocateur, Peeta comme pain et aussi comme St Pierre, la dimension christique n'est pas forcément loin dans Hunger Games.
Suzanne Collins jure que lorsqu'elle a écrit son oeuvre, elle ne connaissait pas Battle Royale mais s'est inspiré des jeux du cirque originaux, made in Rome, et de la figure historique de Spartacus pour Katniss. D'ailleurs on retrouve de la traditionnelle formule Panem et Circenses, Panem, le nom de ces nouveaux et totalitaires Etats-Unis.
Hunger Games tient à la fois ses promesses de cruauté, de morts inutiles et de conspirations politique qui permettent au livre de sortir de l'ornière Young adult. Certes on n'échappe pas au triangle amoureux entre Gale, l'ami d'enfance, Peeta et Katniss mais ce qui change c'est que l'héroïne elle même le refuse et qu'il devient non pas une romance mais un instrument politique à faire pâlir de jalousie le plus amoral des spin doctors. Et au final il ne sera résolu que dans les dernières lignes de l'épilogue du 3e tome lorsque les héros auront été brisés par les germes de contestation qu'ils auront semés. Car pour survivre, Katniss, Peeta, Gale et leurs compagnons de route devront se tâcher les mains de sang et apprendre que le pouvoir a ses raisons que la morale et l'humanité ne connaissent pas. Pour gagner parfois, il faut faire table rase, mais à quel prix ? ce qu'il faut reconnaître à Hunger games c'est son goût pour l'amertume, son interprétation machiavélique du roman initiatique. Aucun héros ne ressortira indemne de cette épreuve et il n'y a ni méchants ni gentils, juste des nuances de gris. Une œuvre pour un jeune public mais qui n'enjolive pas la cruauté de l'existence.
Je pensais passer un moment détendant à la lecture mais pas forcément avaler les 1000 pages -les livres sont assez courts- en trois semaines. Comme quoi le côté pervers du cirque marche encore de nos jours même si on ne demeure qu'un lecteur. D'ailleurs même le chanteur de Snow patrol Gary Lightbody fan du Trône de Fer a adoré (si ce n'est pas un gage de qualité maintenant il faudrait qu'il signe une chanson sur la prochaine BO pour que le monde soit presque parfait) . Mes attentes pour le film ont donc quadruplé mais tous les extraits qui fuitent laissent penser que l'on s'approche d'une qualité Prisonnier d'Azkaban. Jennifer Lawrence démontre la même intensité que dans Winter Bones, les adultes de la distribution ambivalents à souhait, ma seule réserve porte sur Gale et Peeta qui affichent souvent un air et des yeux de bovins mais au moins quand les cheveux coupés Josh Hutcherson semble moins poupin et béat et plus le Peeta un peu retors que dévoilent les romans.
Le mot de la fin ? Je serai dans les starting blocks des salles obscures dès mercredi prochain!
PS : On remarquera que la pose dans le foin made in Star wars 2 fait toujours aussi fureur dans les campagnes promo.
PPS : Toutes les bandes-annonces disponibles en une seule vidéo
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