jeudi 30 novembre 2006

La guerre de Troie n'aura pas lieu

Hector et Hélène


La guerre de Troie n'aura pas lieu est la pièce du répertoire français, dont le titre sur le banc du lycée m'a fait le plus fantasmer.

Quelle audace de Giraudoux d'oser défier Homère et les légendes de l'histoire par cette simple négation, comme si quelque part il était possible dans un monde parallèle d'éffacer les pages les plus sanglantes de l'humanité...


Cassandre et Hécube

Cependant malgré mon admiration pour ce texte, cette critique sera raccourcie par la force des choses. A l'heure où j'écris ces mots, cela fait plus de trois mois que mes pieds m'ont portée sur les siège du théâtre Silvia Montfort dans le XIVème. Tant d'événements se sont produits accaparant ma mémoire d'autres souvenirs et ce drame, hélas, a été une présenté pour la dernière fois le 14 janvier.
Un retard de ma part, d'autant plus regrettable que cela fait un peu près vingt ans que cette oeuvre n'a pas été montée à Paris. une longue absence qui valait le coup. La guerre de Troie n'aura pas lieu est un de mes meilleurs moments scéniques de l'année
Le mérite en revient à une distribution large mais excellente de bout en bout. Brillent avec éclat l'inquiet et désabusé Hector, Cassandre ignorée de tout le monde et Hélène, qui suscite tant de passion sans que pour autant son coeur à elle soit mû par de telles émotions. Non, Hélène est une victime comme les autres, une ancêtre des Desesperate Housewives, qui languit d'un romantisme insatisfait, "Comme vous auriez préféré que cette guerre se fasse par amour!" s'exclame-t-elle.

Hector: Vous n'aimez pas Pâris, Hélène. Vous aimez les hommes !
Hélène : Je ne les déteste pas. C'est agréable de les frotter contre soi comme de grands savons. On en est toute pure...
Au fond qu'importe Paris pourvu qu'il soit pretexte à sa fuite.

La mise en scène est le joyaux de ces deux heures trentes de théâtre. La gigantesque scène de Silvia Montfort est mise à profit ainsi que les gradins d'où débarquent marins tonitruant des chants d'amour à la belle Grecque et soldats de retour. Sur fond d'ombres de temples grecs se dressent un salon et son gramophone. A gauche, les portes de Troie, fermées par temps de paix et ouvertes à tout vent lors d'époques plus bélliqueuses sont symbolisées par une maquette.
Hector et la malheureuse Andromaque Surtout Nicolas Briançon apris le partie d'appliquer à la lettre le livret du maître. Giraudoux avait écrit ce face à face entre partisans de la guerre et pacifistes , à l'ombre de la montée du nazisme en 1935. Et bien Briançon revêt Ulysse d'un uniforme ressemblant étrangement à celui du IIIème Reich, képi, galons et cape. Les femmes se promènent dans des robes années 30 tandis que les couples dansent au son déraillé du gramophone et de son mélancolique jazz.
Hector goûte au repos du guerrier dans les bras d'Andromaque.
Que de frissons nous parcourrent quand le poête troyen monte sur l'estrade et éructe au micro comme un certain Adolph H. A sa suite s'enchaîne une des meilleures scènes de ce drame : Eris expliquant à un Hector et Ulysse qui se cherchent toutes les excuses du monde pour ne pas entrer en conflit que Vénus interdit de rendre Hélène sinon ce sera la guerre, qu'Athéna ordonne la restitution sinon c'est la guerre, que Zeus accepte aussi bien la remise que le refus mais que la guerre peut arriver ou pas, le tout avec le ton de l'hôtesse de l'air. Ces hommes ne sont que des pions devant la marche du destin armé.
Et lorsque l'orateur Demokos, le chef de fil des guerriers, est poignardé par Hector alors l'Histoire poursuit son chemin inexorable "Place au poète grec" s'écrit ce dernier avant de conclure "la guerre de Troie aura bien lieu", sombre écho d'Andromaque qui lors du lever de rideau proclamait avec assurance "La guerre de Troie n'aura pas lieu". Et c'est sur cette symétrie parfaite que l'on pardonne à Giraudoux son verbiage parfois excessif !





Pièce de Jean Giraudoux.Mise en scène de Nicolas Briançon. Avec Philippe Beautier, Nicolas Biaud-Maudiut, Nicolas Briançon, Olivier Claverie, Emma Colberti, Jean-François Guillet, Lucienne Hamon, Thibaut Lacour, Pierre-Alain Leleu, Pierre Maguelon, Bernard Malaka, Claire Mirande, Elsa Mollien, Thomas Suire, Valentine Varela

mercredi 29 novembre 2006

Surfacing (un long dimanche de ...)


Lagan's River - Belfast
Quelques uns d'entre vous se demanderont peut-être ce que je fais derrière mon clavier qu'ils présumeront asiatique mais en fait ce dernier est toujours parisien. L'organisation de ce mois de décembre et de cette période post-stage a changé.
Le voyage au Cambodge et et au Vietnam que je devais entreprendre avec ma mère et sa collègue de la FIAT a été reporté pour que nous puissions accompagner dans les jours qui nous restent ma grand-mère dans son combat contre le cancer. Malheureusement, il s'est métastasé et progresse très vite. Si pensée il y a, pensez bien à elle.
J'aurais aimé que les circonstances soient différentes mais le "plan" (c) Sarah "kiné+permis" redevient d'actualité. J'ai fini vendredi mon stage à Marianne après une petite prolongation de neuf semaines histoire de collaborer à leur double-numéro de Noël et de recevoir ma première fiche de paye en tant que pigiste (si tout se déroule bien).
Ces quatre mois à République ont été très intenses de par la liberté dont les stagiares jouissaient (choix des sujets, accès aux piges, des qualités que je ne remercierai jamais assez) et par l'ambiance attentive qui y régnait et la gentillesse de beaucoup. Et dans les moments difficiles de cet automne, cela a quand même aidé à ne pas baisser les bras. J'aimerais dire que j'ai appris et progréssé, en tout cas, je l'espère.
Ce départ n'est pas sans mélancolie et sans crainte devant des lendemains qui ne sont plus tracés dans la sécurité de l'école et di stage mais il est temps de couper le cordon, de tourner pour l'instant la page des années étudiantes, de faire le ménage de l'ère Sciences-Po. Maintenant objectif entrée dans la vie active et dégotage d'un appart (c'est la mode en ce moment!), j'ai déposé une demande de logement social à Paris pour rester à proximité du giron parental en cas de besoin (si l'envie me prenait à nouveau de me vautrer sur une table à bout pointue par exemple), je doute qu'il aboutisse très vite car mon dossier est maigre mais le processus est enclenché et je croise les doigts pour suivre le même parcours chanceux de Clu ou de Noémie et Marie...
Quant au blog, je vais essayer de lui redonner un peu de souffle. Il va d'abord se peupler des pièces de théâtre restantes, ce n'est pas ce qu'il y a de plus passionant mais je voudrais pour une fois être méthodique. Contrairement à mes habitudes, je n'antidaterai pas (time is precious), donc si MAJ, il y a, elles se trouveront ci-dessous.
Vale