Hector et HélèneQuelle audace de Giraudoux d'oser défier Homère et les légendes de l'histoire par cette simple négation, comme si quelque part il était possible dans un monde parallèle d'éffacer les pages les plus sanglantes de l'humanité...
Cassandre et Hécube
Cependant malgré mon admiration pour ce texte, cette critique sera raccourcie par la force des choses. A l'heure où j'écris ces mots, cela fait plus de trois mois que mes pieds m'ont portée sur les siège du théâtre Silvia Montfort dans le XIVème. Tant d'événements se sont produits accaparant ma mémoire d'autres souvenirs et ce drame, hélas, a été une présenté pour la dernière fois le 14 janvier.
Un retard de ma part, d'autant plus regrettable que cela fait un peu près vingt ans que cette oeuvre n'a pas été montée à Paris. une longue absence qui valait le coup. La guerre de Troie n'aura pas lieu est un de mes meilleurs moments scéniques de l'année
Le mérite en revient à une distribution large mais excellente de bout en bout. Brillent avec éclat l'inquiet et désabusé Hector, Cassandre ignorée de tout le monde et Hélène, qui suscite tant de passion sans que pour autant son coeur à elle soit mû par de telles émotions. Non, Hélène est une victime comme les autres, une ancêtre des Desesperate Housewives, qui languit d'un romantisme insatisfait, "Comme vous auriez préféré que cette guerre se fasse par amour!" s'exclame-t-elle.
Hélène : Je ne les déteste pas. C'est agréable de les frotter contre soi comme de grands savons. On en est toute pure...
La mise en scène est le joyaux de ces deux heures trentes de théâtre. La gigantesque scène de Silvia Montfort est mise à profit ainsi que les gradins d'où débarquent marins tonitruant des chants d'amour à la belle Grecque et soldats de retour. Sur fond d'ombres de temples grecs se dressent un salon et son gramophone. A gauche, les portes de Troie, fermées par temps de paix et ouvertes à tout vent lors d'époques plus bélliqueuses sont symbolisées par une maquette.
Et lorsque l'orateur Demokos, le chef de fil des guerriers, est poignardé par Hector alors l'Histoire poursuit son chemin inexorable "Place au poète grec" s'écrit ce dernier avant de conclure "la guerre de Troie aura bien lieu", sombre écho d'Andromaque qui lors du lever de rideau proclamait avec assurance "La guerre de Troie n'aura pas lieu". Et c'est sur cette symétrie parfaite que l'on pardonne à Giraudoux son verbiage parfois excessif !
