Peu de lieux m'ont autant troublée que le désert chilien et cette parenthèse à Dubaï. Là où l'Atacama offrait à la sérénité de l'âme ses étendues de sable, de sel, de lacs translucides, de vapeurs des geysers, Dubaï déroule un labyrinthe de verre et de béton à ses visiteurs. La grandeur de la nature devient humaine, tout en démesure. L'esprit fait des prodiges d'architecture, les tours sortent de terre comme par magie en une nuit tandis que l'obscurité transforme cet îlot de métal en l'héritier de la skyline de New York, des lumières de las Vegas et du port altier du Bund de Shanghai. Mais rien ne sonne organique dans cette débauche de moyens sous un soleil de plomb et ce vent chaud. Un palmier est semé pour égayer cet univers minéral. On ne sait s'il faut être enchanté de telles prouesses et de promesses ou s'il faut reculer, face à cet assaut des sens.
Surplombé de ces gratte-ciels, on se sent comme sous un dôme. Admiratif et oppressé. A l'aube d'un futur qui pourrait s'avérer grandiose et sans issue.
Je crois qu'une partie de moi-même n'a toujours pas quitté ce labyrinthe, où chaque recoin brandit un miroir trop perspicace sur nos failles et nos compromissions.
Dubaï est majestueux, grandiloquent, une énigme en devenir qui susurre aux voyageurs des mots aussi inconsistants que l'air.
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