jeudi 28 juin 2012

I'm a proud Janeite

Pouvoir écrire sur ce que l'on adore est un délice dont on ne cesse jamais de s'émerveiller...

mardi 5 juin 2012

Remiss : toiles de printemps

Comme je ne tiens plus de liste des films que je dévore depuis le début de l'année, je crains fort que cette liste soit incomplète mais face au vide, c'est un moindre mal.
En vrac depuis les deux mois écoulés :

Avengers 4/5 : le grand spectacle dans le sens le plus noble du terme. Chaque héros/acteur a le droit à son heure de gloire, l'humour n'est jamais très loin grâce aux poings et claques duHulk. Scarlett Johannson est belle à se damner et fatale comme il faut. Robert Downey Jr vole le spectacle à grand coup de morgue et d'assurance jubilatoire, Iron Man et Sherlock Holmes, même combat ! Capitaine America est gentillement patriote et démodément gentleman comme il se doit et Jeremy Renner montre bien sa musculature tandis que Thor est toujours aussi creux. Heureusement que le Loki de Tom Hiddleston est toujours aussi venimeux et théâtral face au côté bourrin de Chris Hemsworth. Joss Whedon abuse des scènes de bataille mais il commet l'exploit de rendre son melting-pot compréhensible même si on ignore tout des aventures individuelles de chacun, chapeau. Avengers est le X Men - Le commencement de 2012 en plus léger :-)

Dark Shadows 3/5 : Prévenue très en amont des réactions et critiques mitigées qu'il engendrait, je me suis préparée à un Tim Burton mineur - un peu comme Alice sorry- et du coup j'étais parfaitement dans le vrai. Décors et costumes sublimes, un Johnny Depp inexpressif et raide qui ne se fatigue plus beaucoup malheureusement depuis Pirate des Caraïbes ce qui est dommage face à une Michelle Pfeiffer et Eva Green redoutables. Le film est à l'image de cette inégale distribution. Certaines scènes sont fabuleux comme la réunion de groupe chez les hippies qui se termine en bain de sang, ou McDonald transformé en suppôt de Satan ou les ébats très violents de Depp et Green. D'autres moments sont précipités et bâclés comme la confrontation et destruction finale, ou la lycanthropie de Chloe Moretz, de même que la connexion Josette (quel nom ridicule) - Victoria ou le faux trépas de la psychiatre avide d'immortalité. Et ce mélange à vrai dire ne coagule pas très bien si je peux me permettre le mauvais jeu de mot. Dommage, espérons que les retrouvailles Depp-Burton seront plus fécondes une prochaine fois et Johnny se remettra vraiment à jouer sinon cet Oscar il ne l'aura jamais !

7 jours à la Havane 2,5/5 : Sept courts-métrages sur la capitale cubaine à l'image de ce qui avait été fait pour Paris et New York, mais malheureusement en moins inspiré. Je suis allée voir le film en grande partie pour me replonger dans les rues arpentées cet été mais cela ne suffit pas à faire un bon scénario. Sur les sept histoires, trois sont vraiment touchantes, d'ailleurs elles sont liées entre elles (la tentation de Cécilia, les gâteaux et le muret à la Vierge), mais pour la production Suleiman et Noë c'est glauque et incompréhensible. Ce qui est très dommage car en évoquant la  santeria (les pratiques issues de la sorcellerie des esclaves noirs déportés à Cuba), Noë tenait vraiment un sujet ! Ceci dit, j'ai beaucoup ri à chaque antique voiture qui refusait de démarrer, so true !

Prometheus 4/5 : Je n'ai jamais pu regarder un seul film de la série Aliens. Les extraterrestres au cinéma me donnent des cauchemars pour des nuits entières alors un aussi gélatineux, gluant et féroce qu'Alien, même avec le plus grand masochisme, je ne peux pas. Jusqu'à l'arrivée de Michael Fassbender. Et là j'ai renié mes principes de précautions les plus élémentaires... et même si j'ai beaucoup gémi sur mon siège, j'ai survécu ! Ridley Scott a un rythme efficace à défaut de réinventer sa recette. As usual, tout repose sur un huis-clos oppressant et prévisible. C'est comme les films d'horreur : être seul dans une maison louche ou se promener dans des cavernes suspectes est toujours une mauvaise idée (retenez!) surtout quand une huile noire visqueuse suinte de partout et que des cadavres décapités jonchent les galeries, que des hologrammes partent en panique et qu'un androïde trop curieux (le film aurait pu s'appeler boîte de Pandore, cela aurait été tout aussi mythologiquement astucieux !) pressent tous les boutons qui se trouvent devant lui et vous offre du champagne.



L'infection par bestiole répulsive ne tarde pas et le carnage peut commencer : parasitage, possession, césarienne en urgence, échappée belle en milieu hostile, course poursuite entre monstre et dieu qui dans les deux cas veulent vous annihiler. Il a été critiqué pour sa simplicité mais j'ai aimé le postulat du scénario : une expédition qui part à la recherche des êtres surhumains qui nous ont créé et façonné à leur image avant de nous abandonner (et de nous renier). L'idée de ces ingénieurs pleins d'hybris dont les créations sont non seulement destructrices pour l'humanité mais se rebellent contre ces ingénieurs amenant cet Holocauste en premier ce qui ne rend la scène d'ouverture de sacrifice et de don de la vie encore plus mystérieux. De même que l'accouchement du dernier plan, étrange qu'une créature aussi l'aide naisse de Dieu et avant qu'elle pousse son petit cri, j'ai même failli la trouver mignonne !
David le robot trop curieux

Le petit souci du film plus que son scénario sont ses personnages dont beaucoup ont l'épaisseur de papier à rouler les cigarettes. La blonde froideur de Charlize Theron et son désir paricidaire de survie à tout prix même au prix de son espèce ne suffit pas à lui donner dans la dernière demi-heure l'ampleur qui ne la rendrait plus tapisserie. Heureusement, l'ennui des membres du Prometheus est racheté par David, le robot joué par Michael Fassbender (franchement who else ?). Il rend David ambitieux, arrogant, inquiétant ("great things have small beginnings" ne peut avoir que des connotations alarmistes!)  et égocentrique malgré son manque d'âme. Certes David a une mission secrète mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il est ravi de réveiller toutes ces calamités quand il ouvre des cryptes à longueur de journée et ramène des paquets clandestins et dangereux à bord. on le voit tout à fait capable de renier père (et mère) pour suivre aveuglement les ingénieurs et sur la fin c'est seulement son échec qui le fait rallier et aider la pauvre Elizabeth Shaw (excellente Noomi Rapace). Shame a inauguré un nombre incalculable de blagues graveleuses sur l'anatomie intime du pauvre Michael mais Prometheus donne envie de faire la même chose avec sa tête.

Le film laisse la porte ouverte sur une suite et je serais curieuse de voir ce que donnera la quête désespérée de ce duo.

Sur la route 3/5 : J'aurais aimé adorer le film tiré d'un livre qui m'a énormément marquée et qui pour moi symbolise le but de tout voyage aux Etats-Unis mais je ne peux pas. Sorry. Sûrement car j'ai eu une lecture biaisée du roman biographique de Kerouac. J'ai refoulé dans mon souvenir la plupart des scènes de drogue, de cuite, de copulation et d'orgies pour n'en retenir que la fuite en avant sur la route, l'épopée piteuse du Mexique ou la moiteur du séjour chez Old bull lee qui est la séquence la plus belle du film je trouve. Stewart, Riley et Heddlund sans compter Dunst très touchante sont justes mais dans leur cavalcade je me sens un peu comme la mère de Sal, soulagée d'être arrivée à bon port et déçue de ne pas avoir vu plus de route. Pourtant l'effort d'adaptation de Sales est plus que louable, pour moi le roman reste inadaptable tellement il est sensoriel.

Nouveau départ - we bought a zoo 3/5 : Comédie gentillette dégoulinant de bons sentiments mais qui fait revenir en vous de l'espoir en l'humanité. Comment ne pas aimer Scarlett Johansson et des animaux de zoo à la recherche de leur sauveur quand il s'appelle Matt Damon et joue un veuf esseulé ?

Blanche-Neige 2/5 : Le nanard sucré et meringué de l'année. Diantre qu'est allée faire Julia Roberts dans cette galère hormis encaisser un chèque pour le Fisc ou les frais de scolarités de ses jumeaux quand ils iront à l'université ? La seule chose fabuleuse du film sont ses costumes. Pour le reste on ne sait jamais si la parodie et le second degré du film sont intentionnels ou pas. La neige fait artificielle, le prince semble être de carton-pâte et on a envie de dire à Lily Collins qu'elle ferait bien mieux de rester vivre avec les nains. J'espère que Blanche-Neige et le chasseur sera moins gauche.

My week with Marilyn 3/5 : C'est toujours délicat je trouve de faire revivre sur grand écran des stars du 7e art sous les traits d'une autre actrice. Michelle Williams est fabuleuse en Monroe mais malgré tout cela sonne toujours un peu faux. Cela n'arrange rien qu'Eddie Redmayne ne soit absolument pas séduisant ce qui est génant quand on est supposé attirer la plus grande star de tous les temps.

Two days in New York 3.5/5 : la bonne surprise du printemps. J'avais trouvé intéressant mais parfois lancinant et poussif son premier volet Deux jours à Paris qui racontait le choc culturel d'un Américain qui rend visite aux parents de sa fiancée française. Là la fiancée a bien grandi. Mère célibataire, vivant avec un animateur de radio noir qui idolâtre Obama au point d'avoir une effigie en carton taille réelle du président dans son bureau et lui parler, elle doit résister à la tornade qu'est l'arrivée de sa soeur nymphomane et de son père à New York tout en organisant son vernissage. Une recette vers la catastrophe dans la bonne humeur. Certes les clichés sur les Américains et les Français et leurs préjugés apparaissent parfois mais j'ai beaucoup aimé cette réflexion sur la famille de Julie Delpy qui retrouve la forme de Before Sunrise/Before Sunset.

lundi 4 juin 2012

Message d'utilité publique : regardez Arte jeudi

Peu importe ce que vous avez prévu jeudi soir, oubliez tout et branchez-vous sur Arte ! Idem pour les deux semaines à venir. Pour célébrer le jubilé de diamant d'Elizabeth II, la chaine franco-allemande propose un mois spécial Royaume-Uni et commence son cycle avec la meilleure émission que la BBC ait jamais produite (in my humble and very biased opinion), l'adaptation télévisée en six épisodes de 50 minutes d'Orgueil et Préjugés de Jane Austen avec le sublime Colin Firth encore jeune et élancé mais qui révélait déjà le talent qui allait lui valoir deux nominations et un Oscar : jouer des personnages guindés, torturés mais qui crèvent l'écran.  Grâce à son interprétation pour des millions de fans de Jane Austen, il n'y a et n'aura qu'un seul M. Darcy dans la création, le sien !

Et à mon avis, Jennifer Ehle, qui a fait une belle carrière au théâtre sans jamais vraiment revenir au grand écran (what a shame), campe une Elizabeth Bennet qui n'a rien à lui envier en séduction, ironie et entêtement.

Pride and Prejudice made in 1995 c'est la quintessence du costume drama dans toute splendeur. Un guide imparable pour réussir votre adaptation d'un classique de la littérature. Car cet Orgueil et Préjugés c'est le standard avec lequel apprécier et comparer les pépites britanniques successives : Jane Eyre, Sense and Sensibility d'Andrew Davies le cerveau justement derrière P&P, Bleak House toujours de Davies, Nord et Sud et pour finir Downtown Abbey.


Pour les néophytes, Orgueil et Préjugés raconte le combat de Mme Bennet pour marier ses cinq filles. la propriété familiale reviendra en effet à un lointain cousin de son mari à la mort de ce dernier. Lorsque Mme Bennet apprend qu'un riche célibataire s'apprête à s'établir dans la région, elle a trouvé sa vocation. Peu importe que ses filles soient consentantes. Face à cette hystérie maritale, Elizabeth la cadette déploie tout son esprit et ironie pour survivre aux conspirations maternelles tout en croisant le fer verbal avec le très hautain M. Darcy riche en secrets.

En soit, cela peut paraître fleur bleue mais Jane Austen n'avait pas son pareil pour croquer le ridicule et les défauts de la bourgeoisie et de la petite aristocratie du XIXe siècle et c'est sous l’œil d'une caméra avertie c'est savoureux et jubilatoire. A tel point que j'en suis tombée amoureuse de la langue anglaise et ait voué depuis un culte infaillible à Colin Firth dont je suis contente que tout le monde puisse admirer son travail précédant Le Discours d'un roi, Bridget Jones ou A single man.

PS : Grâce à ce gif, je remarque enfin que Georgianna avait de jolis accessoires de coiffure !